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© DR - PERSONA d'Ingmar Bergman - 1966 p35
17/02/2013 18:33
Analyse du film (3)
L'infirmière et sa malade
La seconde strate, la plus attachante, est développée durant les trois quarts du film. Elle raconte l'histoire d'une infirmière et de sa malade. Devant sa patiente muette qui l'écoute l'infirmière vit une sorte de psychanalyse qui culmine avec la narration de l'orgie.Le rapprochement désiré par Alma, qui devient amoureuse d'Elisabeth, est néanmoins factice. Une lettre écrite par Elisabeth lui révélera leur complète opposition.Pourtant un coup de force du scénario, le mari d'Elisabeth prend Alma pour sa femme, incite à penser que les deux femmes pourraient ne faire qu'une.
C'est ce que met en scene la séquence dite de "la narration". Après qu'Alma aie raconté deux fois la même histoire du rejet de son enfant par Elisabeth, les visages des deux femmes se superposent après "effets spéciaux" (éclairage de la moitié des visages et superposition).
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© DR - PERSONA d'Ingmar Bergman - 1966 p36
17/02/2013 18:38
Analyse du film (4)
La guérison des deux femmes est simultanée. Alma, la trop volubile, peut quitter la clinique enrichie de cette expérience et Elisabeth retrouve le désir de paroles.un visage n'existe pas seul mais est lié au monde qui l'entoure.Les deux femmes étaient pourtant au départ très éloignées.Alma agit sans trop se préoccuper des compromissions,de la fadeur de sa vie,du respect conventionnel dû aux artistes.Elisabeth recherche le maximum de conscience ce qui implique un renoncement à l'action.Bergman dit d'elle lorsqu'elle entend la pièce radiophonique :"Elisabeth commence à rire, elle est tout exaltée. Elle se revoit exactement dans le rôle de Phèdre, elle croit s'entendre et se dit : quelle voix épouvantable ! Elle voit ses camarades, leurs visages maquillés - Bon sang, qu'est ce que nous sommes en train de faire ?"
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© DR - PERSONA d'Ingmar Bergman - 1966 p37
17/02/2013 18:43
Le réalisateur Ingmar Bergman
Analyse du film (5)
"[Elle réfléchit, les mots sont inutiles, il n'y a qu'à se taire. Vous vous souvenez du premier gros plan d'elle, quand elle se retourne. Elle est debout, regarde autour d'elle, et un sourire apparaît sur son visage... Il n'y a pas de névrose dans tout ça. C'est ce qui est important chez Elisabeth. Le silence qu'elle s'impose n'est absolument pas névrotique. C'est la façon de protester d'un être fort."
Sur le plan formel quelques pistes avaient été esquissées. La plus forte venant du poème du début où sur l'écran trop blanc, l'enfant essaie de toucher un visage flou.Il y a désir chez Elisabeth comme chez Bergman qui, on l'a vu, s'est fait petit garçon, d'atteindre à l'art total celui qui remonte à l'enfance au rapport à la mère qui permettait une fusion globale avec le monde. Cette même image clôt le film.Le visage est devenu plus flou et c'est l'art qui permet la relation de l'être (aimant ou artiste) au monde.
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© DR - PERSONA d'Ingmar Bergman - 1966 p38
17/02/2013 18:47
Analyse du film (6)
Le titre "Persona" et le prénom de la garde malade, Alma, sont une allusion au conflit entre le persona (le masque social), et l'alma (le subconscient) dont vient la souffrance humaine pour le psychanalyste Carl Jung.La troisième strate transforme ainsi l'histoire de l'affrontement de deux personnalités en une mise en scène de la nécessaire relation à l'autre qui est à la base de la nature humaine.Mais Bergman adapte cette théorie aux années 60 : le malheur des hommes viendrait en fait de l'absence de frontière entre le visible et l'invisible.Le monde réel ressemble désormais aux pires cauchemars. En 1968, le cinéaste pleure cette émotion dans une interview :
"Aujourd'hui, la réalité est absurde, aussi horrible, aussi impénétrable que nos rêves. Et face à elle, nous sommes sans défense, comme dans nos cauchemars...".
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© DR - PERSONA d'Ingmar Bergman - 1966 p39
17/02/2013 18:52
De gauche à droite :Liv Ullmann,Bibi Andersson et Ingmar Bergman
Analyse du film (7)
Mais le pire, pour lui, reste l'impossibilité de réagir face à ces atrocités, internes ou externes, véritables ou imaginaires. Ainsi écrit-il dans son journal en 1965 " Je suis incapable d'appréhender les grandes catastrophes. Elles ne touchent pas mon esprit.A la rigueur, je peux lire le récit de ces atrocités avec une espèce de convoitise, une pornographie de l'épouvante..." D'où cette séquence du début où l'actrice regarde, impuissante et horrifiée, un reportage télévisé sur l'immolation d'un moine bouddhiste...
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