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© DR -LE 7e SCEAU de Ingmar Bergman (1957) p19
21/02/2013 13:40
Analyse filmique par Sandra Walger (suite 7)
C’est enfin par ses choix plastiques que Bergman marque ce partage déséquilibré de l’espace. Il partage nettement son décor grâce aux inversions de valeurs. Dans la dernière partie de l’extrait, les valeurs sombres et les valeurs claires s’inversent soudainement par un fondu au blanc au plan 42.
Des ombres apparaissent derrière les rochers et le chevalier, accompagné de son écuyer, se retrouve alors encerclé par la dominance de noir au plan 43. Alors que la mort n’est plus visible, elle est symbolisée par ce côté obscur qui entoure le chevalier. Il est cerné de toutes parts jusqu’à la prochaine visite de la mort.
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© DR -LE 7e SCEAU de Ingmar Bergman (1957) p20
21/02/2013 15:57
Analyse filmique par Sandra Walger (suite 8)
Dans les trois derniers plans, on assiste à une progression de cette présence. Au plan 41, les deux personnages sont situés en plein centre de l’image ; comme si un équilibre était enfin établi.Au plan 42, l’inversion des valeurs a lieu ; les personnages sont au centre mais en position d’infériorité car encerclés par la présence obscure de la mer. Enfin, au plan 43, ils sont toujours au centre de l’image mais encerclés, d’un côté par la mer, de l’autre, par les rochers.
La mort suit le chevalier en l’entourant. Ces plans d’ensemble avec les deux hommes au centre de l’image, donnent l’impression qu’ils forment le centre d’une cible.C’est avec l’idée du jeu, que l’équilibre pourrait un instant exister. Pourtant, cet équilibre est illusoire La présence de l’échiquier dès le cinquième plan, puis au plan 14, annonce qu’il va jouer un rôle important dans la suite de l’extrait.
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© DR -LE 7e SCEAU de Ingmar Bergman (1957) p21
21/02/2013 16:03
Analyse filmique par Sandra Walger (suite 9)
Dans la première partie, nous voyons un homme allongé proche d’un échiquier, un homme anxieux et perturbé. Il prie (plan 13), il semble pieux mais le doute s’empare de lui. Le premier jeu de l’extrait est celui de la foi contre la mort qui va expliquer le comportement du chevalier face à la mort.Le doute est celui du chevalier qui rentre après 10 ans de croisade. Il est las, il a vu la mort tout autour de lui, il cherche des réponses. Il regarde le ciel en soupirant (plan 8), signe de désespoir. Puis sa prière est interrompue par une présence supérieure.
La mort gagne une première victoire : l’homme pieux attend une réponse de Dieu. Finalement, la présence de l’échiquier près du chevalier allongé, associé souvent à la mort dans les représentations picturales est un mauvais signe.La mort est déjà là comme futur adversaire ; elle a gagné la foi de l’homme. Le chevalier pense pouvoir gagner sa dernière bataille lorsqu’il rencontre la mort mais bien sûr sa naïveté de fait pas le poids.
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© DR -LE 7e SCEAU de Ingmar Bergman (1957) p22
21/02/2013 16:08
Analyse filmique par Sandra Walger (suite 10)
L’autre jeu est celui du champ-contrechamp comme prélude de la partie d’échecs. Un jeu qui semble traduire l’équité. Il ne peut y avoir qu’un seul gagnant et dans le jeu, l’homme a la même chance de gagner. Surtout lorsqu’au plan 27, l’homme a perdu la foi mais gagne de l’espoir en échappant une première foi à la mort.Il est confiant, il se dit meilleur joueur que la mort, et c’est lui qui instaure les règles du jeu. C’est à ce moment précis que le spectateur découvre quel sera l’enjeu du film : la partie d’échec déclarera la mort ou le chevalier vainqueur. Tout le déséquilibre de la première partie de l’extrait est remis en cause.
Le jeu permet un combat équitable où le chevalier pense pouvoir vaincre la mort. Hélas, dans le plan transversal qui oppose les deux personnages devant l’échiquier (plan 35), on remarque que le regard du chevalier est à la hauteur de la ligne d’horizon comme déterminé à vaincre.Mais la mort occupe automatiquement une place supérieure. Elle est au-dessus de la ligne d’horizon, elle domine immanquablement le jeu.
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© DR -LE 7e SCEAU de Ingmar Bergman (1957) p23
21/02/2013 16:13
Analyse filmique par Sandra Walger (suite 11)
En plus du déséquilibre du jeu, va naître un déséquilibre des quêtes des deux personnages. Deux quêtes opposées qui vont porter celle de Bergman pour son film : le constant déséquilibre entre la mort et le chevalier servira à faire avancer le film.Les deux personnages sont considérés comme deux marionnettes que le réalisateur agite grâce à leur volonté commune de gagner. Nous pouvons prévoir alors que le film va jouer sur cette opposition, sur cette éternelle illusion de l’homme qui croit pouvoir dévier la mort.
Le combat aura lieu à chacune de leur rencontre autour de l’échiquier. Et le suspense sera toujours plus grand jusqu’à la fin. Le troisième jeu qui intervient dans l’extrait est celui de l’ombre et de la poursuite du chevalier. La mort suit son adversaire de près et nous assistons à une vue subjective de la mort.
Dans les derniers plans, le chevalier est filmé du point de vue de la mort qui joue à un jeu de cache-cache. Elle espionne le chevalier derrière les rochers. Bergman décide de placer le spectateur à la place de l’observateur. Filmés en plan d’ensemble, ces quelques plans suggèrent au spectateur le danger qui règne autour du chevalier. La mort est omniprésente.
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