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© DR - L'AVVENTURA de Michelangelo Antonioni- (1960) p11
27/12/2012 09:08
L'Avventura : essai d'analyse (2)
L'Avventura est aussi une expérience cinématographique unique. « Moins strict dans son architecture narrative que Femmes entre elles (1955) ou que Le Cri (1957), le film représente toutefois un pas en avant du point de vue formel", écrit Aldo Tassone qui cite, d'autre part, Tullio Kezich affirmant qu'"Antonioni est allé dans ce film aux limites de l'inexprimé dans une ambiguïté assidûment recherchée, donnant naissance aux images les plus pures et les plus plastiques de son cinéma."Louis Seguin note également, chez Antonioni,"la volonté de pétrifier le paysage. Ni mère, ni marâtre, la nature n'est pas en harmonie avec le drame intérieur des personnages [...]"
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© DR - L'AVVENTURA de Michelangelo Antonioni- (1960) p12
27/12/2012 09:17
L'Avventura : essai d'analyse (3)
Il s'agit, tout à la fois, d'un tournant stylistique et thématique dans la carrière d'Antonioni, estime Seymour Chatman."Le format panoramique lui fournit un nouvel espace dans lequel composer ses plans. Il lui permet de montrer la vacuité des vies au milieu de l'abondance matérielle : yachts, élégantes demeures, voitures et hôtels de luxe"ajoute-t-il.Autre importante innovation : l'utilisation répétée du temps mort.
Roland Barthes remarque qu'Antonioni offre cette particularité de "regarder les choses radicalement, jusqu'à leur épuisement, en dépit de la "convention narrative" et ceci", dit-il, "est dangereux, car, regarder plus longtemps qu'il n'est demandé [...], dérange tous les ordres établis, quels qu'ils soient, dans la mesure où, normalement, le temps même du regard est contrôlé par la société."
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© DR - L'AVVENTURA de Michelangelo Antonioni- (1960) p13
27/12/2012 09:36
L'Avventura : essai d'analyse (4)
Freddy Buache soutient, pour sa part, qu'avec L'Avventura, Antonioni "écrit au moyen de la caméra un langage nouveau, à la fois complexe et limpide. [...] Il ne sacrifie à aucun des schèmes formels ou dramatiques traditionnels qui ont conditionné, au sens pavlovien du terme, les réactions des spectateurs et de la critique. [...] L'anecdote y est réduite à un fait divers présenté au début comme un choc bref dont l'auteur ne recueille ensuite que les résonances, semblable en cela à certains musiciens contemporains [...]
L'Avventura est un film d'ondes, le passage presque imperceptible de cercles qui s'agrandissent à la surface d'un univers romanesque volatil. [...] En définitive, la réalité profonde de l'œuvre est celle du silence qui semble à la fois disjoindre et réunir les paroles, cette zone d'attente décolorée que mettent en évidence des gestes, furtifs ou appuyés, toujours imprévisibles."
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© DR - L'AVVENTURA de Michelangelo Antonioni- (1960) p14
27/12/2012 09:43
De quel cinéma se revendique, effectivement, l'auteur de L'Avventura ? Voici ce qu'il déclare à un critique de son époque : "Je déteste les mécanismes artificiels des récits cinématographiques conventionnels. La vie a une toute autre cadence, tantôt précipitée, tantôt très lente. Dans une histoire toute de sentiments comme celle de L'Avventura, j'ai senti la nécessité de lier ces sentiments au temps. À un temps qui est le leur."
Quelques mois plus tard, au cours d'un débat organisé par le Centro Sperimentale di Cinematografia de Rome, Antonioni confirme ce point de vue : "La vérité de notre vie quotidienne n'est pas mécanique, conventionnelle ou artificielle. [...] Le rythme de vie ne peut être constant, il est tantôt précipité, tantôt ralenti, tantôt étale, tantôt tourbillonnant. Il y a des moments de stase, des moments très rapides, et on doit sentir tout cela dans la narration filmique pour demeurer fidèles à ce principe de vérité."
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© DR - L'AVVENTURA de Michelangelo Antonioni- (1960) p15
27/12/2012 09:51
L'Avventura : essai d'analyse (6)
À François Maurin, remarquant l'absence presque générale d'illustration musicale dans L'Avventura, Antonioni explique :
"L'accompagnement musical des films, comme on le fait en général, n'a plus aucune raison d'être. On met de la musique pour provoquer un état d'âme déterminé chez le spectateur. Je ne veux pas que ce soit la musique qui provoque cet état d'âme, mais que ce soit, au contraire l'histoire elle-même, grâce aux images qui l'expriment.
Il est certain qu'il existe des moments (disons, pour nous comprendre) musicaux, dans l'articulation d'une histoire. [...] Dans ces moments-là, la musique a sa fonction. Dans d'autres, on doit faire appel aux bruits, non employés avec esprit de réalisme, mais comme effets sonores, poétiquement s'entend. Dans L'Avventura il m'a paru plus juste d'insister sur les bruits que sur la musique."
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