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© - DR- UN TEMOIN DANS LA VILLE de E.Molinaro (1959) p8
04/01/2017 06:39
DVD Classik (part3)
Cette opportunité lui est donnée par Edouard Molinaro, qui voit lui aussi sa carrière décoller. Après s'être cantonné à tourner des courts métrages pendant plus d'une dizaine d'années, il vient de tourner coup sur coup deux films : Des femmes disparaissent, sorti quelques semaines avant Un témoin dans la ville, et son premier film, le Dos au mur, deux œuvres déjà à classer dans le registre du film policier. Ce genre est un point de passage presque obligé pour tout réalisateur français débutant à l'époque mais il est évident que Molinaro s'y sent particulièrement à l'aise. Dès son premier film, à la mécanique scénaristique extrêmement bien huilée, il impose une atmosphère prenante et une esthétique remarquable.
C'est sur l'expérience capitalisée dans ces deux films ainsi que lors du tournage de ses court métrages documentaires qu'il va construire Un témoin dans la ville. Tout d'abord en s'appropriant tout simplement les codes du polar français de l'époque : la musique jazzy, notamment utilisée par Louis Malle dans Ascenseur pour l'échafaud, et le cadre parisien, décor classique de l'intrigue policière. A ces repères classiques, il donne une touche documentaire en décrivant précisément la ville, ses rues, son métro, ses voitures, à l'image de ce que feront presque simultanément les figures les plus connues de la Nouvelle Vague.
Une volonté documentaire qui s'illustre aussi par sa description du quotidien des Radio-taxis, la façon dont s'organise leur vie, leur solidarité, un effort comparable, par exemple, au portrait des routiers que faisait Gilles Grangier dans l'excellent Gas-oil. Molinaro donne à son film un cadre finalement assez classique, proche du style des polars contemporains, mais va se démarquer nettement des autres productions par un ton et une esthétique atypiques dans le paysage cinématographique français.
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© - DR- UN TEMOIN DANS LA VILLE de E.Molinaro (1959) p9
04/01/2017 06:42
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© - DR- UN TEMOIN DANS LA VILLE de E.Molinaro (1959) p10
04/01/2017 15:40
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© - DR- UN TEMOIN DANS LA VILLE de E.Molinaro (1959) p11
04/01/2017 15:46
DVD Classik (suite)
Adaptation d'un roman de Boileau et Narcejac, duo qui était déjà une source d'inspiration pour les Diaboliques de Clouzot ou Sueurs froides de Hitchcock - de sacrées références -, Un témoin dans la ville se caractérise d'abord par le faible volume de ses dialogues, élément traditionnellement majeur dans le cinéma policier. Ici, le silence se fait souvent dominant, notamment lorsque le personnage d'Ancelin est à l'écran. Dès son apparition, alors qu'il s'infiltre dans la demeure de l'assassin de sa femme, Molinaro filme une longue séquence sans le moindre mot, ce qui deviendra l'une des caractéristique du personnage d'Ancelin, quasi muet.
Un élément qui plait d'ailleurs beaucoup à Lino Ventura, qui dans la suite de sa carrière interprétera de nombreux personnages peu diserts. Ancelin, qui a tout perdu dès l'ouverture du film et le meurtre de sa femme qui ne l'aimait déjà plus, n'a presque plus aucun contact avec l'humanité, comme s'il était un fantôme. A cette atmosphère silencieuse s'ajoute le poids de l'obscurité. La quasi- totalité du film se déroule dans la nuit, à quelques rares exceptions. Et encore, lorsqu'il fait jour, les personnages dorment après une nuit de travail, ou comme Ancelin, attendent. Le jour et la lumière ne sont pas l'univers des protagonistes.
Pour preuve, lorsque Ancelin suit Lambert à la sortie de son travail, ils remontent à contre-courant la foule sortant de la bouche du métro, illustration par l'image qu'ils n'appartiennent pas au monde de ceux qui vivent à la lumière du soleil. Ces éléments installent une atmosphère particulière, quasi surréaliste, qui donne au spectateur l'impression de voir se dérouler un rêve, ou plutôt un cauchemar, sous ses yeux. Il faut, à ce titre, souligner le formidable travail du chef opérateur Henri Decaë, un des plus grands représentant de sa profession qui au même moment travaille avec Chabrol, Truffaut, et accompagnera Melville tout au long de sa carrière photographiant quelques uns des ses films noirs principaux, notamment Le Samouraï et Le Cercle rouge.
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© - DR- UN TEMOIN DANS LA VILLE de E.Molinaro (1959) p12
04/01/2017 15:55
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