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 CINEMA :Les blessures narcissiques d'une vie par procuration
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CINEMA :Les blessures narcissiques d'une vie par procuration

VIP-Blog de tellurikwaves
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  • Créé le : 10/09/2011 19:04
    Modifié : 09/08/2023 17:55

    Garçon (73 ans)
    Origine : 75 Paris
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    ©-DR- EVA de Joseph Losey (1962) p9

    30/11/2016 05:38

     ©-DR- EVA de Joseph Losey (1962)  p9


    Analyse par Oscar Duboy (suite)

    Seuls les quelques objets qui l’entourent sont là pour nous donner des pistes de lecture avouées, tant Losey s’évertue à les souligner tantôt par un gros plan, tantôt par la lumière. Comme nous le lisons dans la monographie consacré au réalisateur par Michel Ciment [1], ce sont une collection d’œufs et une discothèque à base de Billie Holiday qui ont servi d’indications à l’actrice pour définir son personnage. Et il en est de même pour le spectateur qui tente tant bien que mal de coller les morceaux d’une mosaïque fort intrigante.

    La collection parle d’une femme qui empile les amants, de préférence luxueux comme le sont les pièces. Les pattes du homard filmé en gros plan lorsque Eva et Tyvian s’apprêtent à consommer font penser à celles d’une mante religieuse anéantissant ses amants, ce qui nous sera confirmé par la suite. Aucun attachement donc si ce n’est pour ce disque de Billie Holiday dont les notes de Willow Weep for Me la suivent à Venise ou ailleurs.

    Elles nous disent : « Willow weep for me / Bent your branches down along the ground and cover me / Listen to my plea » (trad. « Saule pleure pour moi / Penche tes branches à même le sol et couvre-moi / Écoute ma supplication ») comme les mots d’une femme telle que Billie Holiday, dont la vie malheureuse serait l’unique moyen d’exprimer la détresse d’Eva. Ce témoignage la définit là où le décor baroque de son appartement romain la délaisse, par exemple dans l’hostilité de la belle maison de Torcello à Venise.






    ©-DR- EVA de Joseph Losey (1962) p10

    30/11/2016 14:38

     ©-DR- EVA de Joseph Losey (1962)  p10


    Virna Lisi

     

    *

    Analyse par Oscar Duboy (suite)

    À vrai dire, il n’y a pas que la maison qui est froide à Venise, mais la ville entière, plongée dans une atmosphère étrange. Même lorsqu’elle est en fête ou dans les lieux de mondanité comme l’Harry’s Bar ou le Danieli, elle garde un aspect presque mortifère qui n’est pas sans rappeler la Rome de La Dolce Vita, tourné à la même époque. C’est la même décadence langoureuse qui émane de ces décors fastueux où évoluent des personnages presque hébétés par la luxure vénitienne. Car si l’âge d’or de la ville date de la République des Doges, les années 60 voient Venise au centre de l’effervescence culturelle entre mécènes et artistes en tout genre – Peggy Guggenheim n’apparaît pas là par hasard.

    En même temps, Losey – avec l’aide précieuse du très bon directeur de la photographie Gianni Di Venanzo – a l’intelligence de refuser la couleur clinquante, en lui opposant un magnifique noir et blanc dont les contrastes se noient dans une sorte de gris atmosphérique. Telle est la couleur de Venise, de l’enduit de chaux de ses façades blanches noircies par le temps, de la brume lagunaire qui enveloppe les canaux dans un univers à part. Rarement cette sensation de flottement si propre à Venise dans tous les sens du terme n’a été si bien rendue au cinéma, bien que d’innombrables films y aient été tournés.






    ©-DR- EVA de Joseph Losey (1962) p11

    30/11/2016 14:42

     ©-DR- EVA de Joseph Losey (1962)  p11


    Cette étrangeté sert de penchant spatio-temporel au néant qui entoure les personnages, loin des effets de carte postale qui ont fini aujourd’hui par représenter cette ville. On y verrait la Basilique de Saint Marc vue de face sous le soleil, ici le place est entraperçue dans le reflet oblique d’un miroir. On trouverait la sempiternelle perspective de l’église de la Salute sans en connaître chaque facette cachée de sa rondeur dévoilée ici par des plans subreptices aux angles improbables. On ne s’apercevrait même pas qu’il y a vraiment de l’eau sous les hordes de gondoles qui dominent les images reçues, si Losey ne nous montrait pas ces canaux solitaires, vides de toute circulation.






    ©-DR- EVA de Joseph Losey (1962) p12

    01/12/2016 05:34

     ©-DR- EVA de Joseph Losey (1962)  p12



    Analyse par Oscar Duboy (suite)

    Venise est peut-être une ville romantique, et pourtant on ne nous a jamais montré la vraie nature de son charme : il est voilé et non pas étalé, diabolique et non pas bénin. Il faut s’y noyer comme Tyvian se perd dans les méandres de sa passion dévoratrice pour une ville qui s’appelle Eva. Elle l’enivre, tout en restant distante telle la caméra de Joseph Losey qui nous engloutit dans un univers baroque où les ombres noires flânent derrière les arabesques sous les percussions endiablées.

    Nous sommes dans le domaine du perceptible, abandonnés aux sensations, traces irrationnelles, les seules capables de fournir les fils d’une liaison qui ne connaît pas la raison. Dans un premier temps, nous croyons enchaîner les étapes alors qu’il n’y en a pas. Aucun lien n’est construit ; comme Eva le répète à Tyvian : « Don’t fall in love with me » (trad. « Ne tombe pas amoureux de moi »).






    ©-DR- EVA de Joseph Losey (1962) p13

    01/12/2016 05:37

     ©-DR- EVA de Joseph Losey (1962)  p13


    Analyse par Oscar Duboy (Fin)

    Tout est à recommencer et chaque rencontre n’est en fait qu’un leurre, un pas de plus vers la ruine. C’est un jeu démoniaque de séduction où la Merteuil exécute les règles et où Valmont n’arrive pas à les comprendre. Dans un monde d’hommes où être femme est un dur métier, Eva travaille le cynisme auquel son rival n’est pas à la hauteur.Voilà ce que nous décelons des suggestions laissées par une mise en scène qui trouve ici la forme la plus apte à rendre l’esprit intrigant de Venise. Le spectateur se laisse guider par Losey dans cette ville où il sera peut-être voyageur un jour ; alors il le remerciera de lui avoir montré ce que la folie touristique lui empêchera désormais de voir.

    (ça mes pov'zenfants,c'est certain :JAMAIS plus,vous ne pourrez voir Venise comme dans ce film,ni Vérone,ni Florence,ni Sienne...c'est bel et bien foutu)






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