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© -DR -LE DESORDRE ET LA NUIT de Gilles Grangier (1958) p16
14/11/2016 09:12
(suite)
Ainsi, lorsqu’il débarque enfin, ses épaules massives et sa répartie insolente ne dissimulent que très mal, on le sait déjà, un inhabituel chancèlement. Car existe-t-il meilleur terme que "désordre" pour décrire le comportement de cet inspecteur de police (que l’on estime a priori exemplaire) qui, en pleine enquête, passe la nuit dans un hôtel de passe avec une suspecte toxicomane... ou - pour inverser l’angle de vue - pour décrire celui d’une séduisante jeune fille de bonne famille qui s’entiche jusqu’à la déraison d’un massif grisonnant de trente ans son aîné ? Tout peut arriver dans les cœurs de ceux qui écument la nuit, et c’est bien ce qui rend celle-ci si dangereuse...
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© -DR -LE DESORDRE ET LA NUIT de Gilles Grangier (1958) p17
14/11/2016 09:14
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© -DR -LE DESORDRE ET LA NUIT de Gilles Grangier (1958) p18
14/11/2016 09:26
(suite) La nuit de la rue de Ponthieu, dans le bas des Champs-Elysées, Gilles Grangier la reconstitua scrupuleusement dans les Studios de Boulogne : d’une part parce que, comme le disait Julien Duvivier (rapporté par Bertrand Tavernier), « il était impossible de faire tourner Gabin dans la rue à cause de la foule qui s’amasserait », et d’autre part parce que cela contribuait, là encore, au parfum spectral d’artificialité d’un film qui invite à révéler ce qui se dissimule derrière les apparences, celles des lieux comme celles des êtres, de leur physique, de leur vertu ou de leur bienséance.
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© -DR -LE DESORDRE ET LA NUIT de Gilles Grangier (1958) p19
15/11/2016 04:42
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© -DR -LE DESORDRE ET LA NUIT de Gilles Grangier (1958) p20
15/11/2016 04:53
(suite & fin)
A ce sujet, et au sein d’un casting qui réunit des visages confirmés (Danielle Darrieux, Paul Frankeur, Lucien Raimbourg...) et d’autres en devenir (Roger Hanin, François Chaumette, et même brièvement Jean-Pierre Cassel dans les toutes premières images du film), ne nous privons pas d’évoquer celle qui, à sa manière, contribue à faire basculer ce qui ne pourrait être qu’un film criminel un peu anodin vers quelque chose du drame romantique et social, à savoir le personnage de Lucky, petit brin de fille ballotté par les bourrasques nocturnes, qui rêve de chant et d’amour, mais n’a pas assez de voix et bien trop de cœur.
Actrice autrichienne qui mènera ensuite une carrière en France et en Allemagne, Nadja Tiller n’avait, à l’époque du tournage, qu’une maîtrise approximative du français : elle passa ainsi des semaines à écouter ses dialogues au magnétophone afin de les apprendre par cœur, et cette maladresse de la langue contribue à rendre encore plus émouvante cette petite luciole à la lueur vacillante, dont la lumière, modeste et fragile, constitue le cœur du film. Une lumière qui palpite, tant bien que mal, malgré le désordre et malgré la nuit.
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