(suite & fin)
A ce sujet, et au sein d’un casting qui réunit des visages confirmés (Danielle Darrieux, Paul Frankeur, Lucien Raimbourg...) et d’autres en devenir (Roger Hanin, François Chaumette, et même brièvement Jean-Pierre Cassel dans les toutes premières images du film), ne nous privons pas d’évoquer celle qui, à sa manière, contribue à faire basculer ce qui ne pourrait être qu’un film criminel un peu anodin vers quelque chose du drame romantique et social, à savoir le personnage de Lucky, petit brin de fille ballotté par les bourrasques nocturnes, qui rêve de chant et d’amour, mais n’a pas assez de voix et bien trop de cœur.
Actrice autrichienne qui mènera ensuite une carrière en France et en Allemagne, Nadja Tiller n’avait, à l’époque du tournage, qu’une maîtrise approximative du français : elle passa ainsi des semaines à écouter ses dialogues au magnétophone afin de les apprendre par cœur, et cette maladresse de la langue contribue à rendre encore plus émouvante cette petite luciole à la lueur vacillante, dont la lumière, modeste et fragile, constitue le cœur du film. Une lumière qui palpite, tant bien que mal, malgré le désordre et malgré la nuit.