DVD Classik (part3)
Cette opportunité lui est donnée par Edouard Molinaro, qui voit lui aussi sa carrière décoller. Après s'être cantonné à tourner des courts métrages pendant plus d'une dizaine d'années, il vient de tourner coup sur coup deux films : Des femmes disparaissent, sorti quelques semaines avant Un témoin dans la ville, et son premier film, le Dos au mur, deux œuvres déjà à classer dans le registre du film policier. Ce genre est un point de passage presque obligé pour tout réalisateur français débutant à l'époque mais il est évident que Molinaro s'y sent particulièrement à l'aise. Dès son premier film, à la mécanique scénaristique extrêmement bien huilée, il impose une atmosphère prenante et une esthétique remarquable.
C'est sur l'expérience capitalisée dans ces deux films ainsi que lors du tournage de ses court métrages documentaires qu'il va construire Un témoin dans la ville. Tout d'abord en s'appropriant tout simplement les codes du polar français de l'époque : la musique jazzy, notamment utilisée par Louis Malle dans Ascenseur pour l'échafaud, et le cadre parisien, décor classique de l'intrigue policière. A ces repères classiques, il donne une touche documentaire en décrivant précisément la ville, ses rues, son métro, ses voitures, à l'image de ce que feront presque simultanément les figures les plus connues de la Nouvelle Vague.
Une volonté documentaire qui s'illustre aussi par sa description du quotidien des Radio-taxis, la façon dont s'organise leur vie, leur solidarité, un effort comparable, par exemple, au portrait des routiers que faisait Gilles Grangier dans l'excellent Gas-oil. Molinaro donne à son film un cadre finalement assez classique, proche du style des polars contemporains, mais va se démarquer nettement des autres productions par un ton et une esthétique atypiques dans le paysage cinématographique français.