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©-DR-QUAI DES ORFEVRES de H.G.Clouzot (1947) p10
07/03/2017 16:24
Simone Renant
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Analyse et critique DVD Classik(suite)
Clouzot, à peine sorti d'une période d'interdiction de filmer par le Comité de Moralisation du Cinéma français (il a été soutenu par Camus et Sartre alors qu'il demande en 1946 la révision de son procès), semble revenir à son rôle de « maître du policier » mais livre sous le manteau une œuvre complexe, brisant même à l'occasion le tabou de l'homosexualité féminine (l'inspecteur Antoine dit à Dora : « Vous êtes un type dans mon genre, avec les femmes vous n'aurez jamais de chance »).
A la vision de Quai des Orfèvres, il est évident que Clouzot ne peut être limité au seul cinéaste nihiliste que l'on a dépeint avec force caricature. Si sa vision de l'humanité est souvent dure et sans appel (L'Assassin habite au 21, Le Corbeau, Les Diaboliques), son cinéma est aussi emprunt d'humanisme. Refusant les frontières toutes tracées entre le bien et le mal (volonté très clairement explicitée dans une fameuse scène du Corbeau), il filme juste ses contemporains avec une lucidité qui est souvent passée pour un pessimisme forcené.
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©-DR-QUAI DES ORFEVRES de H.G.Clouzot (1947) p11
08/03/2017 04:06
Analyse et critique DVD Classik(suite)
S'appuyant sur les décors et le travail admirable du chef opérateur Armand Thirard, Clouzot nous emporte dans cette farandole noire et humaniste. Paris la nuit, glacée par l'hiver, le cabaret de Montparnasse, le commissariat... tout vit et respire sous sa caméra, le cinéaste se situant dans le réalisme poétique de l'époque mais transfigurant constamment ce courant par la précision maniaque de sa mise en scène et son œil aiguisé. Les dialogues, magnifiques, sont au service d'acteurs en état de grâce. Louis Jouvet s'est rarement laissé happer par un personnage de cinéma, imposant sa toujours sa présence avant le rôle.
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©-DR-QUAI DES ORFEVRES de H.G.Clouzot (1947) p12
08/03/2017 04:08
Or, on oublie ici l'admirable numéro d'acteur pour découvrir cet art du jeu que l'homme réservait habituellement au théâtre. Henri-Georges Clouzot est tout autant un immense cinéaste qui pense tout en terme de découpage, de cadrage et de montage, qu'un grand écrivain. Aussi, l'une des grandes forces de son cinéma est que jamais rien n'est lâché d'un côté comme de l'autre, Clouzot parvenant à trouver un équilibre quasi miraculeux entre ces deux approches du septième art qui trop souvent se heurtent au lieu de s'enrichir.Si, avançant dans sa carrière, le cinéaste privilégiera de plus en plus la mise en scène, pour l'heure Quai des Orfèvres est le plus bel exemple de cet équilibre.
Olivier Bitoun
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©-DR-QUAI DES ORFEVRES de H.G.Clouzot (1947) p13
08/03/2017 08:39
Analyse d'IKEN EIGA (1)
« Quai des orfèvres » est un film policier sombre dans la ligne directe de l'âme des films noirs. Cette spécialité française malheureusement tombée en désuétude offre un grand Louis Juvet, inspecteur généreux et tenace, aux répliques bien senties. Le suspens possède quelques baisses et c'est ce qui le distingue des deux premiers longs de Clouzot.
Plombant l'aptitude à l'abus de pouvoir que nous avons, le cinéaste fait son retour avec panache ... Il aura fallu attendre presque 4 ans pour revoir H-G Clouzot sur le devant de la scène. Blacklisté à la libération pour son génial « Le corbeau » (1943), considéré comme anti-français, il reste dans le style qui l'a vu naître, le policier à tendance sombre et caustique.
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©-DR-QUAI DES ORFEVRES de H.G.Clouzot (1947) p14
08/03/2017 15:49
Scénariste de formation, il délègue partiellement à Jean Ferry – qui bossera sur les 2 suivants – mais désire conserver son statut de dialoguiste, sa marque de fabrique. Adaptant Steeman – comme ce fut le cas de « L'assassin habite au 21 » (1942) -, Clouzot minimise les risques en connaissant très bien ce qu'il va mettre sur écran.Pour ce qui est du casting, il en va de même. Avec « Hôtel du Nord » (1938) et plus récemment « Les amoureux sont seuls au monde » (1947), le premier rôle paraît solide.
Dans les faits, il s'agit d'une prestation remarquable, très clouzoienne, où l'acteur retient pour mieux s'exprimer par le biais des dialogues. Suzy Delair - « L'assassin habite au 21 » (1942) – forme un couple avec Bernard Blier. Celui-ci avait croisé Jouvet sur «Hôtel du Nord » (1938) et fera le bonheur de Lautner par la suite.
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