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©-DR-BIANCANIEVES de Pablo Berger (2012) p28
01/11/2015 07:22
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©-DR-BIANCANIEVES de Pablo Berger (2012) p29
01/11/2015 07:25
SENS CRITIQUE
Critique publiée par Ophélie Gentilhomme le 4 mars 2013 Pour son troisième film, Pablo Berger nous compose une nouvelle version de Blanche Neige. Depuis quelques années, ce conte des frères Grimm, fut repris maintes fois, par le cinéma hollywoodien, et pour la première fois par un espagnol. Après deux reprises sortie l'an dernier, Blanche Neige et le Chasseur et Blanche Neige, nous avons enfin le droit à une très bonne réadaptation.
Bien qu'elle soit remis au goût du jour, puisque l'histoire se passe en Espagne durant les années 20, Pablo Berger, ne se prive pas de remettre à sa sauce ce conte que tout le monde connait sur le bout des doigts. Ainsi, il réalise son film muet, en noir blanc, constituer d'une image superbe, d'une musique somptueuse se fondant parfaitement dans chaque scène, un enchaînement d'image toute plus travaillé les unes que les autres, avec à peine quelques interstices. Les décors nous font ressentir la chaleur de l'Espagne. Et ce peu d'interstices ne gâche en rien le film, car ces paroles se suffisent à eux même.
Poétique à souhait, ce film reprend les points forts du conte, certes de façon différentes, mais ce remaniement marche parfaitement. Ainsi il ne faudra pas s'étonner de découvrir non pas les 7 nains, mais seulement 6, de voir que ce n'est pas "Proff" qui est le nain principal mais plutôt "Grincheux", et que Blanche Neige n'est pas une fille qui se promène et chante avec les oiseaux, mais qui devient Toréador grâce à son père.Ce film nous montre quelques clichés de l'Espagne, comme leur fameuse danse festive, la chaleur, leur culte pour la toromania ...
Mais ne nous arrêtons pas sur ces clichés, et intéressons nous aux excellents acteurs de ce film. Nous retrouvons Maribel Verdú en méchante et odieuse belle mère, déjà bien remarquée dans le Labyrinthe de Pan, et nous découvrons une mignonne jeune fille Sofía Oria, jouant Blanche Neige enfant. Ce jeu d'acteur rajoute un charme terrible au film. On reconnait toute l'innocence dans les yeux des 6 nains et de Blanche Neige, et toute la méchanceté dans le regard des autres personnages.
Ce film, ayant juste pour fond le conte des frères Grimm, nous rappelle quand même notre enfance, le soir où nos parents nous lisaient ces fameux contes. Ce remaniement marche du tonnerre, et la poésie touchera tous les spectateurs. Le film vaut le détour au moins pour le jeu d'actrice de Maribel Verdú. Bien qu'il ne fut retranscrit dans peu de salle, il n'en reste pas moins un excellent film, pouvant redonner goût à certains, pour les projections en noir et blanc muet. Ainsi je recommande ce film, qui m'a particulièrement touché et ému de bout en bout.Espérons que Pablo Berger n'en reste pas là et continue sa carrière cinématographique.
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©-DR-BIANCANIEVES de Pablo Berger (2012) p30
01/11/2015 07:28
Critique publiée par magyalmar le 31 décembre 2013 Une adaptation qui n'en est pas vraiment une, particulièrement habile à détourner les thématiques du conte originel pour les intégrer dans un contexte social semi-réaliste, avec un ton macabre et un refus du happy end étonnants. Ce qui en fait pour moi la meilleure déclinaison de Blanche-Neige.
Artistiquement c'est un vrai choc. Alternant panoramiques étourdissants et plans à l'épaule vertigineux, Pablo Berger ne se contente pas d'un simple exercice de style formel (ce vers quoi penche The Artist), mais impose au contraire un style viscéral, passionné, sensible, qui happe le spectateur dans un tourbillon de sensations. Le noir et blanc décuple la force lyrique et évocatrice des images.
La BO ne démérite pas non plus. Bien au contraire, on tient là le chef-d'oeuvre de l'année. Parfaitement pensée et intégrée à l'image, elle en est le complément idéal. Si vous aviez toujours rêvé de voir un film muet projeté avec un orchestre live, vous pouvez remercier le blu-ray est sa piste 5.1, immersive comme rarement. L'émotion à son comble !
Montage, lumière, costumes, tout atteint un niveau d'exception, rassurant sur la vivacité d'un cinéma espagnol asphyxié par les coupes sur les subventions. Enfin le film ne serait pas grand chose sans ses incroyables visages de cinéma, qui fournissent une interprétation en tous points magistrale, de Maribel Verdu en infirmière vaniteuse aux deux actrices incarnant Carmen, en passant par les plus infimes rôles secondaires.
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©-DR-BIANCANIEVES de Pablo Berger (2012) p31
01/11/2015 16:42
Critique publiée par Jean-MaxenceGra le 3 mars 2013 « Arènes sanglantes » revu par les Frères Grimm, « Mort dans l’après midi » version Charles Perrault, « Blancanieves » transpose avec fraicheur et gravité le fonds légendaire germanique, celui de « Blanche-Neige et les 7 nains », mais aussi de « Cendrillon », de « La Belle au bois dormant » ou du «Chaperon Rouge », dans l’Espagne sévillane et nous emmène avec tout le sérieux nécessaire, revisiter un conte pour (grands) enfants riche comme il se doit des symbolisations inconscientes les plus fortes.
On rêve donc en noir et blanc et en muet, la forme étant ici au service d’une grande expressivité poétique et rendant hommage à la fois à l’expressionisme allemand du Murnau de « Faust » par exemple mais aussi au « Freaks » de Tod Browning. Le film ne se résume pas, loin s'en faut, à un exercice citationnel ou à un « à la manière » de car il est porteur tout aussi bien d’une grande modernité visuelle et d’un second degré qui ne vaut jamais cynisme. Chaque plan paraît nécessaire dans ce mélodrame qui associe à l’univers des contes, la mythologie tauromachique d’un Goya et celle des nains bouffons d’un Velasquez.
La distribution, en particulier féminine, est remarquable, avec Angelina Molina en grand-mère flamenca, Maribel Verdù en horrible marâtre SM, obsédée par la couverture des magazines, Macarena Garcia en Blanche Neige, jeune matador pleine de grâce, et la petite Sofia Oria en Cosette mutine et délicieuse. Un film estocade et revigorant qui démontre, mieux encore que chez Hazanavicius ou Tarentino il y a peu, que le cinéma se réinvente en puisant à ses origines mais aussi aux légendes de nos enfances.
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©-DR-BIANCANIEVES de Pablo Berger (2012) p32
01/11/2015 16:45
Critique publiée par Krokodebil le 28 janvier 2013 (modifiée le 28 janvier 2013) Dans la série de films célébrant les pouvoirs et les beautés du cinéma muet d'antan, après les - pour ma part - très réussis The Artist et Tabou, l'Espagne propose avec Blancanieves une relecture du cinéma muet en même temps qu'une relecture d'un (ou plusieurs) contes bien connus. Double mouvement donc, inscrit dans une double tendance : le revival muet d'une part, la mode des adaptations de Blanche Neige (après les piteuses tentatives américaines des de dernières années).
Je dois avouer que le film m'intéressait énormément, et que la première partie m'a plutôt déçu. La photo est superbe, extrêmement léchée, et le film triche moins que The Artist (et évidemment que Tabou) avec le parti pris du cinéma muet. Le silence est absolu, on ne voit qu'une suite d'images, au format 1:33, avec des intertitres, des plans sur des journaux (non traduits, pas très pratique pour qui ne parle pas espagnol), le tout porté par une partition ma foi assez incroyable d'Alfonso Villalonga.
La musique passe d'un classicisme post-romantique typique du cinéma muet à des éléments un peu plus folkloriques avec une grande aisance, évoque volontiers un grand nom comme Manuel de Falla, joue sur tous les tableaux possibles de la musique de film des années 1920 : underscoring, mickeymousing... Petite surprise, le film se fait "parlant" ou plutôt "chantant" par la musique et le disque de flamenco qu'écoute la petite fille en souvenir de sa mère. Des effets que l'on pouvait trouver dans la fin du cinéma muet ou dans les films muets post-cinéma parlant (chez Chaplin par exemple).
Du coup, la reconstitution paraît très appliquée, presque scolaire pendant un bon bout de temps : jeu délibérément outré et expressionniste, et tous les moyens possibles et imaginables de l'époque. Le film se présente presque comme si on l'avait déterré, en copie neuve, d'une obscure cinémathèque. Or, l'installation de l'intrigue est assez longue. Certaines séquences sont merveilleuses, comme l'ouverture du film, la description de la cruauté de la marâtre ou des effets de montage absolument remarquables (séquence de flamenco), mais au milieu de ça, on a l'impression d'assister à un banal film muet comme ils'en faisait tant en 1925.
Et puis le film décolle. Après quelques mésaventures particulièrement cruelles et scabreuses - on pense souvent à Buñuel - Carmencita grandit et devient tout simplement magnifique, androgyne et femme. Elle survit à un nouvel outrage mais perd temporairement la mémoire, et c'est comme si le film, dès lors, perdait sa propre mémoire, celle de son projet de reconstitution aveugle et soignée. Les sentiments affleurent, des vrais personnages, profonds, émergent. Et, paradoxalement, le conte se fait plus présent et évident.
Ainsi Carmencita devient Blancanieves "comme dans le conte", décrètent les nains. Délicieux glissement sémantique d'une adaptation vers une mise en abyme de l'adaptation. Surtout, Blancanieves, à présent ignorant son passé et surtout qui était son père, devient une étoile de la tauromachie. De la tauromachie je voudrais dire quelques mots. Le conte est transposé dans l'Espagne de la fin des années 1920, la tauromachie est donc forcément un élément de sociabilité incontournable. Mais la représenter au cinéma pouvait poser problème aujourd'hui.
A titre personnel je trouve cette pratique exécrable et barbare - or, dans le film, elle en sort grandie, humaine et respectueuse. L'animal est montré comme un égal de son adversaire humain, il est craint et surtout respecté. Dans un premier temps il vainc l'homme. Une vachette vaincra le nain, sous les rires du public amusé, mais Blancanieves, ayant vaincu la bête, l'épargnera au terme d'un duel d'une force émotionnelle rare. C'est là encore le montage du film qu'il faut saluer, entre moments de bravoure épileptiques qui évoquent l'école soviétique et inserts subliminaux qui agissent comme des flashes de la mémoire ou de l'inconscient, fournissant alors une courte mais passionnante réflexion sur l'image et ses régimes (persistance rétinienne, etc.), qui, on le sait, fut prégnante dans les années 1920 au sein des avant-garde et des mouvements dada ou surréalistes.
Autre réussite du film, et probablement sa plus grande, son formidable crescendo tragique final, où la cruauté du conte envahit la réalité et contamine l'innocente mise en abîme; Blancanieves redevient Blanche Neige dès lors qu'elle est démasquée par la marâtre. Recouvrant identité et mémoire, la mise en abîme (encore !! Ffff) ne tient plus et la logique du conte se déchaîne. Ironiquement, Encarna, la marâtre, désigne un des nains qu'elle croise par le sobriquet de Petit Poucet. Mais à l'issue fatale de leur rencontre, c'est à un autre conte que l'on pensera, celui de la Belle au bois dormant.
L'épilogue de Blancanieves déjoue toutes les attentes traditionnelles du spectateur et tord le cou à la résolution heureuse du conte, en lui substituant une visions profondément déchirante d'un amour impossible, à jamais perdu, et souillé par la violence de la nécrophilie. Dans son cercueil de plexiglas, au fin fond du cirque miteux des Freaks de Tod Browning, le nain amoureux qui toujours respecta sa princesse s'endort, près de celle qui jamais ne se réveillera.Et l'ultime image du film, absolument sublime, nous laisse sur un spleen d'un romantisme désespéré et définitif.
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