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©-DR- UN TAXI POUR TOBROUK de Denys de La Pattellière (1961) p2
26/11/2015 01:57
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©-DR- UN TAXI POUR TOBROUK de Denys de La Pattellière (1961) p3
26/11/2015 02:03
Extrait d'entretien avec Denys de La Pattellière
Q-C'est sur " Un Taxi pour Tobrouk " que vous confiez pour la première fois la musique à Georges Garvarentz…
DDLP-Oui c'est exact. Sur mes précédents films, Maurice Thiriet avait signé la musique. Georges était le beau-frère de Charles Aznavour et, à partir de ce film, une grande amitié est née entre nous, jusqu'à sa disparition. Malheureusement il est mort trop jeune du diabète. Il m'a été présenté par Aznavour que je voulais comme acteur pour mon film.
- Est-il exact que vous souhaitiez tourner en Libye ?
- Oui je l'envisageais. Mais mon producteur était très embêté car il y avait à cette époque des événements en Afrique du Nord où je voulais tourner. Il m'a dit "si vous tournez là-bas, les assureurs n'assureront pas le film. Et je ne peux pas produire un film non assuré." Il m'a donc laissé carte blanche pour trouver les extérieurs qui me conviennent, à la condition qu'ils se trouvent en Europe. Je me suis rendu dans le sud de l'Espagne. A Almeria, j'ai observé qu'il y avait une grande plage mais que, à un certain moment, on ne voyait plus du tout la mer. Le site était au bord de la Méditerranée, près d'une ville et nous allions tourner une co-production franco- espagnole. Pour toutes ces raisons, nous avons choisi Almeria.
- Le tournage a t-il été facile ?
- Pas vraiment. Les producteurs espagnols n'ont fourni aucun des éléments qu'ils devaient fournir. Par exemple, j'avais besoin de quelques blindés. Les producteurs m'en avaient promis quelques uns qui avaient servi dans l'Afrika Korps. Tous les jours, je demandais "alors ? Ces blindés ?", ce à quoi on me répondait "ils arrivent demain", mais ils ne sont jamais arrivés. Ce n'est pas très important car ils ne devaient figurer que dans quelques plans, mais pour tout ce que les Espagnols n'ont pas apporté sur ce film, on peut dire que le tournage n'a pas été évident.
- Il s'agit de votre première collaboration avec Lino Ventura. Quels souvenirs gardez-vous de lui ?
- Lino est le seul acteur pour lequel je n'ai pas les mêmes positions par rapport aux autres. Je ne peux pas dire que je l'ai beaucoup apprécié. Son numéro était assez curieux. Il disait ne pas vouloir embrasser une actrice au cinéma par respect envers sa vraie femme. Quand on connaissait le personnage, cela faisait sourire, car il était cavaleur. Il donnait l'image d'un homme droit qu'il n'était pas toujours.
- "Tobrouk" est probablement votre film le plus abouti. Peut-être son succès est-il simplement dû à sa qualité ?
- C'est en tout cas le film auquel je tiens le plus. Je l'ai écrit pour montrer la connerie de la guerre, au cours de laquelle j'ai perdu deux frères. Mon sujet ne plaisait pas au producteur Poiré qui était très cocardier.
- Vos films, à commencer par "Un taxi pour Tobrouk", mettent en évidence les acteurs, dont les personnages sont souvent de fortes personnalités, récitant des dialogues sur mesure. Apporter une profondeur, une densité et une chaleur humaine à vos personnages était l'un de vos objectifs ?
- Oui bien sûr, c'était l'un des éléments qui m'intéressaient le plus dans ce métier. Je discutais beaucoup avec les comédiens.
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©-DR- UN TAXI POUR TOBROUK de Denys de La Pattellière (1961) p4
27/11/2015 05:09
Maurice Biraud,Charles Aznavour
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©-DR- UN TAXI POUR TOBROUK de Denys de La Pattellière (1961) p5
28/11/2015 10:19
SENS CRITIQUE
Critique publiée par SanFelice le 27 décembre 2013 Je n'aime pas les films de guerre. ça m'ennuie profond, les films de guerre. Mais là, c'est pas pareil. D'abord, Un taxi pour Tobrouk, c'est une histoire familiale. Mon père adore ce film et m'en a transmis le virus. Depuis tout petit, je baigne dans cette ambiance douce-amère, avec cette musique qui reprend Les Anges dans nos campagnes, version marche militaire. Dès les premières notes et cette introduction qui présente chaque personnage, je suis dans mon élément. Comme si je rentrais chez moi, au chaud. * Ensuite, Un taxi pour Tobrouk, ce n'est pas vraiment un vrai film de vraie guerre. Oh, bien sûr, on nous parle de Tobrouk et d'El-Alamein, de Rommel et de son Afrikakorps, bien sûr il y a des bombardements et des coups de mitraillettes, des explosions et des fusillades, des chars et des avions dont on ne sait plus vraiment s'ils sont alliés ou ennemis... Mais l'important n'est pas là. * L'important, c'est que dans un véhicule allemand, on retrouve quatre soldats français et leur "prisonnier" germanique qui font des aller-retours entre Tobrouk et El-Alamein, qui se perdent, qui s'enlisent, qui se font peur, qui boivent, qui font le plein, qui hésitent ou qui prennent des décisions contestables, etc. un taxi pour Tobrouk est un film de personnages. Et ces personnages, on les aime. Pourtant, le scénario ne nous cache pas leurs défauts. * Mais ils sont beaux, parfois dérisoires, drôles, tragiques, énervants...Les dialogues d'Audiard nous aident beaucoup, sur ce coup-là. Le dialoguiste se fait un peu discret mais réussit à la perfection son travail, avec des citations remarquables : * "Je crois, docteur, que l'homme de Néanderthal est en train de nous le mettre dans l'os. Deux intellectuels assis vont moins loin qu'une brute qui marche." * " Mon cher Ludwig, vous connaissez mal les français. Nous avons le complexe de la liberté, ça date de 89. Nous avons égorgé la moitié de l'Europe au nom de ce principe. Depuis que Napoléon a écrasé la Pologne, nous ne supportons pas que quiconque le fasse à notre place. Nous aurions l'impression d'être frustrés." * " C'est mon papa, moi, que je vais retrouver. Actuellement, il est à Vichy mon cher père. Ah ! c'est un homme qui a la légalité dans le sang. Si les Chinois débarquaient, il se ferait mandarin. Si les nègres prenaient le pouvoir, il se mettrait un os dans le nez. Si les Grecs... oui enfin, passons !" * Et puis, quels acteurs ! Lino, Aznavour (vous avez remarqué comment, certains acteurs, on a envie de les appeler par leur prénom, comme une impression d'être familiers avec eux...), et surtout Maurice Biraud, pour qui j'ai toujours eu une grande admiration, et qui est ici excellent (une fois de plus) en personnage cynique, revenu de tout et n'attendant plus rien. * Au total, c'est vraiment un film très sympa, présentant forcément la guerre comme une boucherie mais sans trop en faire, sans insister sur un message à délivrer, simplement en montrant la tentative de survie de cinq personnages en plein désert. Avec un gros paradoxe : dans le paysage désertique ouvert à l'infini, mais toujours identique,le cinéaste parvient à faire un huis-clos.Et nos personnages sont placés sous une menace permanente celle de la guerre bien sûr, mais aussi du climat relativement peu clément dans ce territoire. Un peu comme si on leur donnait le choix entre mourir du fusil ou de la soif. * La menace guerrière est d'autant plus embêtante qu'elle peut venir de n'importe quel bord : quatre Français et un Allemand dans un véhicule allemand, ça constitue une cible pour tout le monde.La courte durée du film (1h30) permet de maintenir une tension constante. c'est réalisé sans génie inventif mais avec une solide compétence (exactement à l'opposé de cette Nouvelle-Vague qui apparaissait alors, qui voulait tout balayer sur son passage et qui cumulait déjà les conneries). Du très bon cinéma des familles.
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©-DR- UN TAXI POUR TOBROUK de Denys de La Pattellière (1961) p6
29/11/2015 12:50
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