| Accueil | Créer un blog | Accès membres | Tous les blogs | Meetic 3 jours gratuit | Meetic Affinity 3 jours gratuit | Rainbow's Lips | Badoo |
newsletter de vip-blog.com S'inscrireSe désinscrire
http://tellurikwaves.vip-blog.com


 CINEMA :Les blessures narcissiques d'une vie par procuration
VIP Board
Blog express
Messages audio
Video Blog
Flux RSS

CINEMA :Les blessures narcissiques d'une vie par procuration

VIP-Blog de tellurikwaves
  • 12842 articles publiés
  • 103 commentaires postés
  • 1 visiteur aujourd'hui
  • Créé le : 10/09/2011 19:04
    Modifié : 09/08/2023 17:55

    Garçon (73 ans)
    Origine : 75 Paris
    Contact
    Favori
    Faire connaître ce blog
    Newsletter de ce blog

     Octobre  2025 
    Lun Mar Mer Jeu Ven Sam Dim
    29300102030405
    06070809101112
    13141516171819
    20212223242526
    272829300102

    ©-DR-LES ENFANTS TERRIBLES de J.P.Melville/J.Cocteau (1950) p4

    29/12/2014 04:14

    ©-DR-LES ENFANTS TERRIBLES de J.P.Melville/J.Cocteau (1950) p4


     

    LA CINEMATHEQUE FRANçAISE

    *

    « Cocteau l’avait refusé à Claude Autant-Lara et à John Ford », « c’est Jean-Pierre Melville qui a obtenu (…) la permission de porter à l’écran Les Enfants terribles » rappelle France Soir. Placé sous les meilleurs augures, le film divise la critique. « On aimait mieux les parents » peut-on lire dans Franc-tireur, qui s’irrite que Melville n’ait « pas cru devoir se borner à une optique théâtrale », contrairement à ce qui avait été fait pour l’adaptation des Parents terribles. Avec ce « mélodrame sans motifs », « nous courons au pire » s’insurge Jean Morienval dans L’Aube. Inversement, ce film « captivant, envoûtant », fidèle à « l’esprit » de l’œuvre original charme Hugues Robert de Combat. «Personnellement je suis pour » déclare Henry Magnan dans Le Monde : « La mise en scène de J.-P. Melville est habile ; elle rappelle en plus d’un point celle des Parents terribles. La musique d’accompagnement (…) sert admirablement les images ».

    « Jean Cocteau est mécontent de la critique des Enfants terribles » écrit France Soir. L’un des principaux griefs fais au film porte sur son atmosphère. Pour La Croix, « ces enfants par trop terribles obligent le spectateur à respirer l’odeur de renfermé d’une chambre mal tenue, où le linge sale doit traîner sous tous les meubles ». Et le journaliste de poursuivre : « Si Cocteau-Melville ont voulu nous faire lever le cœur, ils y ont réussi ». Pour Franc-tireur, l’œuvre a aussi pour défaut de dater « terriblement » avec « son esthétisme du fouillis, son ambiance qui tient par instants du cauchemar, elle ne peut renier son époque, qui est à la fois celle du surréalisme et de l’Exposition des Artsdécoratifs ».

    En outre, le commentaire de Jean Cocteau est diversement apprécié. Selon Jean Morienval de L’Aube, Melville « a commis une faute essentielle, en se laissant imposer un commentaire où la voix de Jean Cocteau, grinçante, insistante, avec de fausses fleurs de rhétorique, ajoute péniblement et inutilement à la vilenie de l’action ». Pour Franc-tireur, cette lecture « alourdit souvent l’action et, malgré sa sobriété, est presque toujours inutile. La voix de Cocteau elle-même a, par instants, des éclats métalliques qui glacent les images ». Cette narration gène Henry Magnan du Monde « parce qu’[elle] risque d’entacher de verbalisme lyrique l’exposé visuel et poétique en soi de l’intrigue ». Avis opposé dans La Croix pour qui « la voix de l’auteur aux reflets de glace et de velours, rétablit l’équilibre », ou encore pour La Métropole qui se délecte d’entendre cette « voix, curieuse,comme une voix blanche, intentionnellement neutre » qui « débite une de ces jongleries de mots où excelle cet acrobate du verbe ».

    La presse concentre son attention sur une interprétation « incertaine » (L’Aube) et « inégale » (La Dernière heure). Le jeune acteur Bernard Dhermitte s’attire les foudres de la critique : il « fera peut-être des progrès si on lui en donne encore l’occasion » ironise Hugues Robert dans Combat. Il « s’obstine à nous montrer comment il ne faut pas jouer du Cocteau » écrit La Croix. Le « nouveau protégé de Jean Cocteau (…) ne sait absolument pas jouer la comédie » note La Dernière heure. Et tout aussi sévère, Henry Magnan estime dans Le Monde qu’il « ne sait visiblement rien du métier de comédien ». A contrario, les deux premiers rôles féminins reçoivent l’approbation de la critique.

    « Renée Cosima est étrange, attachante », selon Combat ; « excellente sous les traits de Dargelos et d’Agathe » pour Le Monde ; elle « montre une personnalité intéressante » écrit La Métropole. « Mais la grande triomphatrice du film c’est Nicole Stéphane (…). En plus de son extraordinaire regard, cette jeune comédienne possède une autorité et une étendue de registre peu ordinaires pour son âge » admire Franc-tireur ; elle « est absolument parfaite : intelligence, volonté, lucidité, sobriété. Elle emplit l’écran, elle hypnotise pour reprendre son propre terme » nous dit Combat ; enfin, dans Témoignage chrétien, Michel de Saint-Pierre « n’oubliera pas facilement les yeux clairs ni le petit visage tourmenté» de cette comédienne « extraordinaire ».

     

    L’Aube

    « Il serait inutile de chercher à une semblable histoire quelque profondeur et retentissement. Misère morale d’une jeunesse de bohème bourgeoise, que ne retient plus rien quand s’est brisé le corset des préjugés ? Peut-être, si on l’exposait avec moins de hargne, de caprice, de dédain de la véritable nature. Tout ce que le cinéma peut ajouter ne fait ici qu’accroître la hideur des faits et des gestes, et le dégoût. »

    Jean Morienval, 14.04.1950

     

    Combat

    « Je suis persuadé qu’il se trouvera de nombreux spectateurs pour déplorer que le roman n’ait pas été transcrit page par page, ligne par ligne, mot par mot. Quelle importance ?(…) Jean-Pierre Melville (…) a mis le film en scène avec beaucoup d’amour et, qui mieux est, de compréhension. »

    Hugues Robert, 30.03.1950

     

     La Croix

    « Le nouveau film de Cocteau surpasse de beaucoup Les Parents terribles en qualité. Melville y est pour beaucoup. Sa virtuosité de prise de vues est indéniable et enlève un peu à ce film équivoque de sa perversité. »

     [S. N.], 08.04.1950

     

    La Dernière heure (Bruxelles)

     « Jean-Pierre Melville (…) n’a pas réussi à traduire en images le fond-même du caractère des héros anormaux qu’il nous montre. Dans le roman, cette analyse était fort bien faite. Dans le film, on voit agir ces détraqués, on suit leurs inquiétantes machinations, on ne comprend qu’in fine, les mobiles qui les poussent ; et encore faut-il les deviner. »

    R. P., 05.05.1950

     

    France Soir

    « Comment ne remercierai-je pas Melville des salles qui éclatent de rire, se taisent de crainte jusqu’à l’applaudissement final, de ces salles qui jugent nos juges et les condamnent ? (…) Ce film, pour ceux qui ont des yeux et des oreilles, est l’ensemble-type du réalisme réel auquel le cinématographe doit prétendre. »

    Jean Cocteau, 04.05.1950

     

    Franc-tireur

    « Cette sorte d’amateurisme qui marque tout le film est évidemment assez sympathique. Il ne se justifie pourtant pas par la nouveauté ou l’originalité du sujet et est très difficile à défendre aujourd’hui, où le moindre film est d’une technique moins audacieuse peut-être, mais d’une moyenne plus élevée. »

    [S. N.], 01.04.1950

     

    La Métropole

    « Jean-Pierre Melville (…) s’est tiré avec beaucoup d’adresse d’une tâche des plus difficiles. Et il faut inscrire quelques réussites à son actif, les scènes finales par exemple. »

     [S. N.], 13.10.1950

     

    Le Monde

    « Ce film est passionnant. Il contient tout ce qui peut nous émouvoir le plus valablement dans l’univers de Cocteau. Et cette fois le sang circule à travers les formes qu’il a dessinées. Certes vous reconnaitrez au passage tout l’appareil hideux du surréalisme, les statues à moustache, les fleurs artificielles et les objets tarabiscotés chers à l’inventeur du Sang d’un poète. Mais le décor ici n’est planté que pour catalyser l’insolite Il n’est qu’un moyen et nullement une fin en soi, au lieu qu’en d’autres cas Cocteau trop souvent lui attribua le pas sur les personnages. »

    Henry Magnan, 01.04.1950

     

    Témoignage chrétien

    « Observation des petites réalités puériles et vision élargie des chimères éternelles : ce contrepoint faisait vibrer les pages du livre. Il donne encore au film de Melville et au très beau texte de Jean Cocteau qui l’accompagne, leur force d’incantation (…). La mise en scène de Melville (…) m’a semblé de tout premier ordre, suivant dans ses méandres touffus la pensée astrale de Cocteau. »

    Michel de Saint-Pierre, 07.04.1950






    ©-DR-LES ENFANTS TERRIBLES de J.P.Melville/J.Cocteau (1950) p5

    29/12/2014 04:39

    ©-DR-LES ENFANTS TERRIBLES de J.P.Melville/J.Cocteau (1950) p5







    ©-DR-LES ENFANTS TERRIBLES de J.P.Melville/J.Cocteau (1950) p6

    29/12/2014 04:53

    ©-DR-LES ENFANTS TERRIBLES de J.P.Melville/J.Cocteau (1950) p6


     

    DVD Classik Analyse et critique

     

    Les amateurs du cinéma de Jean-Pierre Melville risquent fort d’être déstabilisés à la vision de ce film étrange qui doit autant, sinon plus, à Jean Cocteau qu’au réalisateur du Samouraï. Il serait donc judicieux de mettre un temps de côté les films policier de Melville, qui ont fait sa renommée, avant de se pencher sur ces Enfants terribles et de se livrer à des comparaisons farfelues. C’est Jean Cocteau, pris par la préparation de son Orphée et admiratif du Silence de la mer (1948), premier film de Melville, qui fit appel à ce dernier pour adapter à l’écran son propre roman paru en 1929.

    Cette collaboration ne se passa pas sans heurts, comme semble le démontrer le résultat mitigé de ce travail en commun. Cela dit, l’honnêteté m’enjoint à avouer d’entrée ma déception relative devant ce film, pourtant intéressant à plus d’un titre, d’autant plus que Jean-Pierre Melville reste l’un des mes cinéastes favoris (de même que l’œuvre de Cocteau est chère à mes yeux, notamment son chef-d’œuvre La Belle et la Bête).

    Les relations furent donc plutôt tendues entre Jean Cocteau et Jean-Pierre Melville. Par exemple, l’écrivain imposa l’acteur principal au réalisateur qui le trouvait trop âgé et physiquement inadapté pour le rôle de Paul. De même, Melville dut se battre contre l’avis de Cocteau pour confier le rôle de Elisabeth à Nicole Stéphane. La musique fut aussi un point d’achoppement, et Melville eut le dernier mot en optant pour deux compositions classiques (les concertos de Bach et Vivaldi),un choix qui se révéla d’abord fort judicieux pour souligner le caractère obsessionnel du récit, et surtout précurseur en la matière.

    Le tournage lui-même fut également mouvementé.Il est probable que l’une des conséquences malheureuses de ce conflit larvé soit le jeu passablement figé et légèrement caricatural des comédiens en général. Les dialogues très écrits et un rien sentencieux de Cocteau entrent également en ligne de compte et risquent aujourd’hui de faire sortir plus d’un spectateur du film. Car il faut aimer la voix et le phrasé de Cocteau (c’est bien lui qui interprète la voix off) et l’emphase qui la caractérise souvent pour goûter à la poésie de l’écrivain.

    « Le meilleur roman de Jean Cocteau est devenu le meilleur film de Jean-Pierre Melville. » Cette citation de François Truffaut a beaucoup fait pour la reconnaissance critique des Enfants terribles. Melville fut justement célébré par les jeunes trublions de la Nouvelle Vague qui en firent avec raison l’une de leurs influences majeures. Mais il est permis de ne pas être d’accord avec Truffaut, même si l’on comprend bien la résonance qu’a pu avoir ce film pour l’auteur des 400 coups. A ce titre, l’utilisation de la musique classique, couplée à la voix off élégante et révélatrice des sentiments intérieurs des personnages, a du fortement marquer son esprit puisqu’on la retrouvera plus tard dans ses propres œuvres.

    La bataille de boules de neige se déroulant au lycée, scène qui ouvre Les Enfants terribles, et son traitement (musique et montage) ont également, et sans aucun doute, influencé François Truffaut. Mais avec le recul, et au vu de la carrière de Jean-Pierre Melville, on peut se demander en quoi ce film serait supérieur au Deuxième souffle (1966), au Samouraï (1967), à L’Armée des ombres (1969) ou au Cercle rouge (1970). Jean-Pierre Melville restera avant tout comme un créateur de formes, secret et méticuleux, dont l’art touche finement à l’abstraction, et dont la mise en scène révolutionna totalement le traitement du film policier et ses personnages.

    Il n’en reste pas moins que Les Enfants terribles apporte son lot de surprises et de richesses. Cocteau et Melville livrent une œuvre hallucinatoire, mettant en opposition deux êtres qui se livrent à des jeux obsessionnels et pervers, et parviennent à établir par ce biais une relation d’amour/haine. Une relation étrange et licencieuse qui, progressivement, contamine tous les personnages qui gravitent autour d’eux. Jusqu’à un final destructeur dont on ressent l’inéluctabilité dès lors qu’on commence à entrevoir les ressorts psychologiques de ces deux êtres. Melville met en scène un dérangeant spectacle de l’intimité, par moment sulfureux, dans la chambre à coucher qui sert de repaire pour Elisabeth et Paul, en ayant souvent recours à des cadrages rendant compte de l’isolement et de la promiscuité entre le frère et la sœur. Un spectacle souligné aussi par la voix off déclamatoire, compassée et un brin tautologique de Jean Cocteau.

     Les deux personnages que sont Gérard et Agathe, dès qu’ils pénètrent dans cet antre maudit, sont à la merci des du couple et deviennent la proie de leur petits manèges. Pour Paul et surtout Elisabeth, tout se réduit à un jeu. Ils jouent avec les conventions familiales et sociales, mais dans un pur souci de gratuité, et se livrent ainsi à un simulacre de vie qui inscrit l’œuvre dans la tragédie.La réalisation de Jean-Pierre Melville a recours a des angles parfois insolites, des recadrages signifiants et quelques mouvements de caméra portée insidieux pour mettre en évidence l’intimité froide et pathologique entre ces deux jeunes adultes, ainsi que l’atmosphère glaciale qui baigne les décors.

    La lumière de Henri Decae, un directeur de la photographie qui joua un grand rôle dans les innovations amenées par la Nouvelle Vague, participe de cette étrangeté visuelle en jouant sur l’équilibre entre les clairs-obscurs et la dureté de l’éclairage, et sur la perspective des décors intérieurs. Le revers de la médaille de ce système figé dans cette description cauchemardesque d’une réalité faussée par ses principaux protagonistes est une certaine théâtralité qui peut devenir pesante quand tous ses principaux éléments caractéristiques (voix off, dialogues, interprétation) fonctionnent à plein régime. Le travail de Jean Cocteau est certainement à l’origine de ce sentiment, mais on retrouve parfois la grâce et la fantaisie qui dépeignent son œuvre comme lors de la séquence du rêve d'Elisabeth, ou celle des dialogues s’effectuant par le truchement de la pensée qui témoignent du lien étroit et quasi "fusionnel" entre le frère et la sœur.

    Enfin, a blondeur lumineuse des deux personnages ne laissent aucun doute sur la paternité réelle des Enfants terribles.Les accusations d’inceste proférées par l’Eglise catholique lors de la sortie du film démontrent que le spectacle proposé reste d’une audace sans pareille pour l’époque. Le désordre psychique mis à l’œuvre dans cette tragi-comédie aux accents baroques et le jeu intense et parfois déstabilisant de Nicole Stéphane finissent par emporter le morceau malgré les réserves qu’on peut émettre devant l’artificialité de ce spectacle à la fois tourmenté et empesé, audacieux et monocorde.

    Par Ronny Chester - le 9 février 2007

     






    ©-DR-LES ENFANTS TERRIBLES de J.P.Melville/J.Cocteau (1950) p7

    29/12/2014 05:11

    ©-DR-LES ENFANTS TERRIBLES de J.P.Melville/J.Cocteau (1950) p7


    Jean Cocteau & Jean Pierre Melville






    ©-DR-LES ENFANTS TERRIBLES de J.P.Melville/J.Cocteau (1950) p8

    29/12/2014 05:15

    ©-DR-LES ENFANTS TERRIBLES de J.P.Melville/J.Cocteau (1950) p8


     

    La critique de NIGHTSWIMING

     

     Les enfants terribles est vraiment un étrange film, qui peut dérouter aujourd'hui de la même façon qu'il le fit en 1950. Tout d'abord, faute de connaître (Quand tu liras cette lettre,1953) ou d'avoir revu récemment (Le silence de la mer, 1947) les œuvres qui, avec celle-ci, constituent la première manière du cinéaste, il m'est difficile de faire la part des choses. Dans ce travail à deux, il est en effet plus aisé de repérer les éléments personnels venant du scénariste-adaptateur de son propre roman, Jean Cocteau, que ceux apportés par le réalisateur-producteur, Jean-Pierre Melville, et cela jusque dans le traitement de l'image.

    Cette tragique histoire d'un couple frère-sœur dégage un romantisme adolescent vénéneux et fait preuve, à de nombreuses occasions, d'une étonnante cruauté. L'inceste y est absolu mais, bien que le film soit éminemment physique, il ne passe jamais par la sexualité. Il ne faut pas y voir ici de la pudibonderie mais une volonté délibérée des auteurs de se placer sur un autre plan. Il s'agit de tendre vers la folie, via la claustration, le repli.

    Quittant peu leur chambre commune sous le toit de leur mère mourante, le frère et la sœur auront rapidement, après avoir changé de territoire, l'idée de la reconstituer à l'identique. Cet éternel retour du décor n'est que l'un des nombreux signes d'irréalité qui déstabilisent, avec bonheur, ce récit. Comme il est dit, Elisabeth accepte les "miracles" sans s'interroger (entre autres ceux d'ordre financier permettant au couple de maintenir leur train de vie), mais c'est tout le monde s'agitant autour de ces deux enfants terribles qui semble hors de la réalité (ou de la normalité des comportements). Tous ceux qui gravitent autour de ce couple sont comme hypnotisés.

    Dans ce huis-clos quasi-permanent (les escapades à l'extérieur sont rares, bien qu'importantes), le décalage créé a bien sûr quelque chose à voir avec le théâtre et, de manière très stimulante, cette parenté est tantôt assumée (la scénographie, les entrées et sorties, le très net et très surprenant écho s'entendant lors des échanges dans la "dernière chambre" du château, qui donne une texture sonore directe totalement inattendue...), tantôt dépassée (le découpage vif, les cadrages audacieux, les échelles de plans variables...), de sorte que l'on a l'impression de tirer tous les bénéfices des deux arts. Voilà du théâtre intégrant de beaux morceaux de cinéma.

    Certains doivent énormément à Cocteau, en particulier ceux en appelant à l'illusion fantastique (tel ralenti inversé, tel décor en mouvement). Et dans ce film si original en comparaison des productions de l'époque, un autre lien existe, me semble-t-il, avec Orson Welles. Melville a en effet cherché à dynamiser visuellement ce récit en intérieurs en ayant recours à des contre-plongées accentuées, en chargeant ses cadres et en choisissant des angles de prises de vues improbables. Par ailleurs, nous pouvons voir Les enfants terribles en pensant précisément à Citizen Kane : la neige est là, Rosebud aussi, démultiplié (les trèsors conservés dans le tiroir), ainsi que Xanadu (la grande demeure où s'installe, dans la deuxième partie, la sœur puis, bientôt, son frère).

    Mais de manière plus étonnante encore, et pour se diriger dans l'autre sens, le film semble annoncer, par plusieurs détails, la Nouvelle Vague (dont les principaux artisans seront globalement bienveillants avec Cocteau et, au moins pour un temps, avec Melville) : la musique de Vivaldi n'est pas toujours utilisée de façon synchrone (elle semble dire autre chose que ce que montre les images), une voix off (celle de Cocteau lui-même) commente ou prolonge de façon détachée et littéraire ce qui se joue sur l'écran, les registres familiers et soutenus alternent dans les dialogues, les comportements de la jeunesse provoquent, et les regards, en deux ou trois occasions, visent le spectateur directement à travers la caméra...

    Certes, l'œuvre n'est pas sans défaut. Le jeu saccadé d'Edouard Dermit, interprétant Paul, gêne de temps à autre (celui de sa partenaire, Nicole Stéphane, est bien plus assuré et fluide) tandis que le texte récité par Cocteau est parfois redondant. Mais cela ne fait finalement qu'ajouter à l'étrangeté de la chose, qui est particulièrement forte et expressive.

     






    Début | Page précédente | 2072 2073 2074 2075 2076 2077 2078 2079 2080 2081 2082 2083 2084 2085 2086 2087 2088 2089 2090 | Page suivante | Fin
    [ Annuaire | VIP-Site | Charte | Admin | Contact tellurikwaves ]

    © VIP Blog - Signaler un abus