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©-DR-JULES ET JIM de François Truffaut (1962) p15
28/10/2014 09:39
Mais la dimension littéraire ne transparaît pas seulement à travers la voix-off. La mise en scène de Truffaut offre bien plus qu’une simple illustration du texte d’Henri-Pierre Roché. Les livres peuplent les bibliothèques, les personnages se livrent une correspondance nourrie, vont au théâtre, citent des grands auteurs comme Oscar Wilde, et multiplient les allusions à la littérature pour décrypter leurs relations avec les autres. Car l’existence est faite de symboles qu’il s’agit d’interpréter.
Pour tenter de percer à jour Catherine, Jim lui cite un passage qu’elle a souligné dans un roman et qui se révèle représentatif de sa personnalité. De la sorte, l’intertexte est lourd de signification car il délivre des clés d’interprétation. Les objets manipulés par Catherine revêtent également un sens nouveau : la cigarette, érotisée lorsqu’un homme l’allume pour une femme, se métamorphose en cigare entre ses dents. Comme lors de son plongeon dans la Seine, elle se débarrasse de ses atours féminins pour mieux dominer la société des hommes qui l’entourent.
De même, qu’il s’agisse des Affinités électives de Goethe ou d’un pyjama blanc, elle use avec liberté des objets les plus inattendus pour triompher de ses amants. Manipulatrice, Catherine est une « femme fatale » - expression au cœur de la chanson Le Tourbillon de la vie - qui profite de l’aveuglement des hommes. Et cet aveuglement est caractéristique des héros tragiques qui se débattent dans les mains des dieux. A la fin, ce manque de discernement s’avère fatal pour Jim.
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©-DR-JULES ET JIM de François Truffaut (1962) p16
28/10/2014 09:51
External Reviews
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©-DR-JULES ET JIM de François Truffaut (1962) p17
28/10/2014 09:54
Avant l’apparition de Catherine et la naissance du triangle amoureux qui s’ensuit, l’amitié de Jules et Jim se nourrissait d’activités intellectuelles. « Chacun enseignait à l’autre jusque tard dans la nuit sa langue et sa littérature, ils se montraient leurs poèmes et les traduisaient ensemble. » Jim est le double fictif d’Henri-Pierre Roché. Il écrit lui-même un roman autobiographique relatant son amitié avec Jules.Cette mise en abime (aaaarrrgh!)pousse les personnages à se représenter comme des héros de papier, aussi romanesques que "Don Quichotte et Sancho Pança ".
Il ne faut pas les appeler Jim et Jules, mais Jules et Jim, en prenant garde à prononcer Jim à l’anglaise. En s’immisçant dans ce couple, Catherine vient perturber un modèle qui a fait ses preuves aussi bien en littérature avec Bouvard et Pécuchet qu’au cinéma comique avec Laurel et Hardy. Jules et Jim n’est d’ailleurs pas dénué d’un certain humour visuel propre au cinéma muet : l’attente de Jim dans le café ou la locomotive à vapeur de Thérèse sont autant de saynètes qui peuvent prêter à sourire.
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©-DR-JULES ET JIM de François Truffaut (1962) p18
28/10/2014 11:58
Plus qu’un personnage de papier, Catherine s’impose comme une véritable héroïne de cinéma. Interprétée par Jeanne Moreau, elle écrase de sa stature de vedette les autres acteurs du film. Pour Jules, elle est une « reine », une icône devant laquelle on s’incline. Catherine est une femme en constante représentation, qui aime être vue et entendue. (elle finit d'aileurs par être épuisante)Elle se travestit en homme, chante, saute dans la Seine : cet électron libre échappe aux règles machistes qu’énonce Jules après la pièce de théâtre, et n’est satisfaite que lorsque les hommes se soumettent à ses désirs.(pas bien loin du tyran koä)
Consciente de son pouvoir, elle vient interférer avec la voie littéraire que le film emprunte. Lorsque Jim fait le récit de la guerre assis dans l’herbe entre Albert et Jules, Catherine interrompt ce pur instant de littérature filmée. Sa voix vient briser le statisme du plan fixe, et la caméra retrouve peu à peu sa mobilité. Elle est "une force de la nature", sans cesse en mouvement, toujours en tête à la course à pied ou en promenade à bicyclette.
A l’image de sa chanson, elle est un véritable "tourbillon" qui remue tout sur son passage. La mise en scène de François Truffaut fait du motif du tourbillon un élément esthétique structurel.D’abord emblématique d’une insouciante légèreté, ce leitmotiv (pénible) se fait porteur de menaces sourdes, à l’image des virages intempestifs de la voiture de Catherine sur la place vide, avertissant Jim du sort fatidique qui l’attend.
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©-DR-JULES ET JIM de François Truffaut (1962) p19
28/10/2014 12:21
Menés à la baguette comme des enfants, Jules et Jim accourent au moindre de ses ordres, applaudissent chacune de ses décisions et sont privés de toute prise d’initiative. (faut y kisoicons !) Ne supportant pas d’être ignorée, elle donne une gifle à Jules suite à une impertinence de sa part. Sa vision machiste de la femme se retourne déjà violemment contre lui. « Ce qui est important dans un couple c’est la fidélité de la femme, celle de l’homme est secondaire », affirme-t-il bien naïvement au début de son aventure avec Catherine.
Sans cesse trompé par son épouse, Jules se retrouve dépossédé de son rôle de mari et d’amant, se complaisant dans une position de confident. Figure transgressive, Catherine renverse systéma tique-
ment les conventions. Cependant, François Truffaut n’avait point d’ambitions féministes avec ce film. Bien au contraire, c’est même une vision assez conservatrice de la femme qui triomphe : si le lien entre Catherine et Jim se rompt, c’est parce qu’elle n’a pas réussi à avoir des enfants avec lui.(et p'tet qu'elle commençait à lui casser les c...... aussi) Il préfère alors se marier avec Gilberte.
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