Plus qu’un personnage de papier, Catherine s’impose comme une véritable héroïne de cinéma. Interprétée par Jeanne Moreau, elle écrase de sa stature de vedette les autres acteurs du film. Pour Jules, elle est une « reine », une icône devant laquelle on s’incline. Catherine est une femme en constante représentation, qui aime être vue et entendue. (elle finit d'aileurs par être épuisante)Elle se travestit en homme, chante, saute dans la Seine : cet électron libre échappe aux règles machistes qu’énonce Jules après la pièce de théâtre, et n’est satisfaite que lorsque les hommes se soumettent à ses désirs.(pas bien loin du tyran koä)
Consciente de son pouvoir, elle vient interférer avec la voie littéraire que le film emprunte. Lorsque Jim fait le récit de la guerre assis dans l’herbe entre Albert et Jules, Catherine interrompt ce pur instant de littérature filmée. Sa voix vient briser le statisme du plan fixe, et la caméra retrouve peu à peu sa mobilité. Elle est "une force de la nature", sans cesse en mouvement, toujours en tête à la course à pied ou en promenade à bicyclette.
A l’image de sa chanson, elle est un véritable "tourbillon" qui remue tout sur son passage. La mise en scène de François Truffaut fait du motif du tourbillon un élément esthétique structurel.D’abord emblématique d’une insouciante légèreté, ce leitmotiv (pénible) se fait porteur de menaces sourdes, à l’image des virages intempestifs de la voiture de Catherine sur la place vide, avertissant Jim du sort fatidique qui l’attend.