Mais la dimension littéraire ne transparaît pas seulement à travers la voix-off. La mise en scène de Truffaut offre bien plus qu’une simple illustration du texte d’Henri-Pierre Roché. Les livres peuplent les bibliothèques, les personnages se livrent une correspondance nourrie, vont au théâtre, citent des grands auteurs comme Oscar Wilde, et multiplient les allusions à la littérature pour décrypter leurs relations avec les autres. Car l’existence est faite de symboles qu’il s’agit d’interpréter.
Pour tenter de percer à jour Catherine, Jim lui cite un passage qu’elle a souligné dans un roman et qui se révèle représentatif de sa personnalité. De la sorte, l’intertexte est lourd de signification car il délivre des clés d’interprétation. Les objets manipulés par Catherine revêtent également un sens nouveau : la cigarette, érotisée lorsqu’un homme l’allume pour une femme, se métamorphose en cigare entre ses dents. Comme lors de son plongeon dans la Seine, elle se débarrasse de ses atours féminins pour mieux dominer la société des hommes qui l’entourent.
De même, qu’il s’agisse des Affinités électives de Goethe ou d’un pyjama blanc, elle use avec liberté des objets les plus inattendus pour triompher de ses amants. Manipulatrice, Catherine est une « femme fatale » - expression au cœur de la chanson Le Tourbillon de la vie - qui profite de l’aveuglement des hommes. Et cet aveuglement est caractéristique des héros tragiques qui se débattent dans les mains des dieux. A la fin, ce manque de discernement s’avère fatal pour Jim.