CHRONIQUES DE CLIFFHANGER
La critique de Fabrice Sayag (5)
Lajjo subit quant à elle quotidiennement les violences de son mari qui la rend par ailleurs responsable du fait qu’ils n’arrivent pas à avoir d’enfant. La stérilité d’un homme étant non seulement tabou mais inconcevable, Lajjo est persuadée qu’elle est stérile ce qui la culpabilise et la pousse presque à excuser son mari. Le soir après avoir fait la cuisine, elle travaille pour un petit atelier de broderie, fabriquant des étoffes qui sont revendues ensuite en ville. C’est le seul moment où elle peut trouver un espace de liberté pour s’accomplir en dehors de ce rôle d’épouse asservie.
Comme Rani avec une autre écriture, une autre mise en scène, ce personnage n’aurait pu n’être que douleur, qu’un archétype destiné à illustrer le propos engagé de son film. Or, comme Rani, Lajjo est lumineuse, son sourire irradie l’écran et leur amitié est extrêmement touchante. Ces deux femmes privées de douceur et de tendresse s’apportent du réconfort, ne s’apitoient pas sur leur sort et illuminent le film par leur courage et ce qui paraît au départ impensable, par leur joie de vivre.