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© DR - BLUEBERRY de Jan Kounen (2004) p6
14/01/2012 05:02
Commentaire
Le film s'inspire des albums La Mine de l'Allemand perdu et Le Spectre aux balles d'or (tomes 11 et 12). Cependant, le cinéaste s'est octroyé d'extrêmes libertés, en ne gardant qu'une très faible portion de la trame de ces récits, en modifiant la biographie du personnage-titre (qui devient un acadien de Louisiane, justifiant ainsi l'emploi d'un acteur français) Jean Giraud a toujours apporté son soutien au projet de Jan Kounen et apparait même en caméo dans le film.
Giraud : "Ce que j'aime dans le travail effectué par Jan Kounen, c'est l'esprit dans lequel il a envisagé l'adaptation. Il s'est senti libre de s'emparer du récit pour en faire quelque chose qui lui tienne vraiment à cœur.Tout en étant très amoureux et respectueux de l'œuvre originale, il ne s'est pas laissé emprisonner par elle". Les héritiers de Jean-Michel Charlier n'ont pas été du même avis puisqu'ils ont demandé aux producteurs de retirer le nom de Charlier du générique.
Du côté des avis positifs, la qualité visuelle du film ainsi que son approche inédite des sciences occultes et du chamanisme ont été mises en avant. Le film a notamment trouvé un écho favorable parmi les amateurs des dites sciences ou de plantes psychotropes.
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© DR - BLUEBERRY de Jan Kounen (2004) p7
14/01/2012 05:07
SENS CRITIQUE
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Critique publiée par el_blasio le 28 février 2013
Quel beau film ! Le côté expérimental peut en rebuter plus d'un, mais si on prend ce film comme il est, on passe vraiment un bon moment. Les paysages sont magnifiques, la musique envoutante à souhait, les acteurs jouent bien (surtout Michael Madsen). Le fait que la deuxième partie du film soit imprégnée de ce côté "chamanique" le rend d'autant plus intéressant. C'est vrai que ca n'a plus grand chose à voir avec la bd, mais une fois ce postulat admis, on peut ce laisser porter par cette magnifique expérience. Si seulement le cinéma à gros budget faisait plus souvent preuve d'autant d'audace que Blueberry...
Critique publiée par Gaylord Gauvrit le 1 novembre 2012
Plongez dans un univers bien connu, à l’époque des indiens et des cowboys, époque où l’or fait tourner plus d’un esprit; où les femmes sont sources de désirs et de convoitise. Bienvenue dans l’univers du Marshall, joué par un Vincent Cassel époustouflant de charisme, vous allez suivre une aventure faite d’action, d’amour, de défonce au paillotte et de course effrénée à la recherche d’un trésor inestimable.
Rare a été une ambiance aussi travaillé et prenante. La photographie sublime chaque instant, chaque scène, chaque regard, donnant ainsi au film une chaleur intense digne d’un western aride. L’ambiance sonore oscille entre des musiques folkloriques de western et des chants indiens enivrants. Pour finir en beauté, les nombreuses scènes de défonce sont sans aucun doute les plus flippantes jamais réalisées, créant à elles seuls un univers parallèle, entrant dans la pensée du Marshall, mettant en scène ses démons les plus enfouis, elles vous emportent avec lui dans cet univers.
Blueberry c’est un savant mélange de western désertique, laissant de coté le folklore pour ne garder que l’aspect le plus sombre et viril, Blueberry parvient à se positionner comme le plus beau et le plus psychique western jamais tourné. Jan Kounen signe ici une véritable déclaration d’amour au western en nous proposant un univers somptueux et plein de grâce. Ajoutez-y un pointe de délire mystique, vous obtenez une œuvre d’art où Vincent Cassel parvient à développer toute sa folie intérieure.
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© DR - BLUEBERRY de Jan Kounen (2004) p8
14/01/2012 05:12
Le chaman et une disciple
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Critique publiée par Camden le 26 juillet 2010
Pari osé et à moitié gagné à condition qu'on évacue d'entrée les malentendus : ce Blueberry n'est en rien l'adaptation de l'excellente BD de Giraud. C'est bien dommage, mais c'est comme ça... De quoi s'agit-il alors ? D'un film deux en un, mi-western classique mi-trip chamanique. L'intérêt n'est donc pas à chercher du côté de l'action mais plutôt du côté sensoriel.
Pour la partie western, il y a pourtant du bon (le côté crasseux, l'évasion spectaculaire de la prison, Vincent Cassel sobre) mais il y a aussi du bien moins bon (la séquence de poursuite avec les Indiens longue et mal filmée, Michael Madsen et Juliette Lewis en roue libre).
Pour la partie fumage de moquette à base de visions chamaniques, je dois reconnaître que je me suis pris une petit claque et que j'étais cloué à mon fauteuil devant les splendides images qui défilaient à l'écran lors du combat mental final (alors que les autres spectateurs de la salle, eux, défilaient vers la sortie en soupirant). Un enchevêtrement d'animaux dorés sur un fond sonore dérangeant, on n'aime ou on n'aime pas.
C'est un peu le point de non retour du film, celui qui va diviser les spectateurs. Il y a aussi un twist final pendant cette séquence mais c'est à mon avis très accessoire, j'avais même oublié cet axe scénaristique.En tout cas, on ne voit pas ça tous les jours au cinéma et perso, je n'en demande pas beaucoup plus. Si les films lents et sensoriels ne vous rebutent pas et si vous n'êtes pas allergiques aux films de genre à la française, il y a de quoi vivre une "expérience secrète" sympathique.
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© DR - BLUEBERRY de Jan Kounen (2004) p9
14/01/2012 05:20
Critique publiée par nicktronik le 23 avril 2013
Blueberry de Jan Kounen est une prise de position. De fait, on va l'accepter tout ou partie, ou le refuser. Refuser de but en blanc ce film, on peut. Mais, il me semble que de fait c'est refuser tout le cinéma de Kounen dans ce cas.Petit détail qui a son importance: Ce film ne ressemble pas au désormais "culte" Doberman pour une poignée d’aficionados . Que ça soit dit une bonne fois pour toute.
Oui Kounen est barré en vrille certainement et oui, Doberman est probablement le film le plus normal qu'il ait fait (... je sais, ça fait bizarre de dire ça à première vu...). Le reste de sa filmographie étant résolument perché.Ici pas d'exception.Pour commencer, de ce film je dirais dans l'ordre donc:
- Que c'est film résolument visuel (attention: je ne parle pas des moments de trips à deux reprises dans le film). Un film qui se regarde avec les yeux grand ouverts. Des plans vraiment péchus, et un filmage moderne (on retrouve Kounen). Point ici de gros plans sur les éperons qui atterrissent sur le sol lorsque que le cowboy descend de son destrier (destrier qui fume également le cigare, sans doute). Pas d'harmonica non plus (le maitre Sergio Leone l'a trop bien fait pour avoir à y redire). Kounen prend son parti de faire comme il fait normalement. Un western... qui n'a de western que le lieu et l'époque. Il réinterprète le style un peu comme Jarmusch la fait avant lui (avec l'énorme Dead Man...) façon Kounen. En plus lumineux, en plus "travelingué", en plus contre-plongé.
Un film pour l'oeil je te dis! Des acteurs qui ont une gueule et dont l'image suffit à combler le silence (dont j'avoue, parfois on n'est pas sur de pouvoir décortiquer le sens).Selon moi, Kounen n'a jamais brillé comme ces cinéastes qui jouent avec toi à Inception, forts d'un message qui te va droit au cerveau et te change à jamais avant même que tu l'ais réalisé. Kounen est, ventre bleu, peut-être moins subtile que ça (et il le revendique probablement lorsque dans Doberman, il fait jouer à Romain Duris le rôle d'un malfrat qui s'essuie grossièrement avec des pages du Cahier du Cinéma, alors qu'il vient de chier dans la Seine), mais s'il fait du cinéma, nul doute qu'on sait pourquoi. C'est parce qu'il a envie, tel un gosse, de donner plein d'effets à la caméra, effet que l'oeil ne permet pas.
C'est un parti pris, puisqu'après tout, filmer une scène, n'est-ce pas un peu pour la rendre moins réelle qu'elle ne l'est en réalité? Kounen reste un sale gosse ici donc. Puisqu'il sort complètement d'un filmage de western classique pour le transformer en réelle nouvelle expérience visuelle. On aime ou on n'aime pas. Perso, je trouve la gageure assez gonflée et visuellement relevée puisqu'on a des plans sublimes et un western résolument différent.
- On a également un propos très différents du synopsis de base de blueberry, il est vrai, mais si mes souvenirs sont bons (je lisais parfois les Blueberry dans les hebdomadaires quand j'étais jeune), Kounen ici décide d'exacerber très clairement une ambiance qui était déjà présente dans la BD des années quatre-vingt.
Le côté à l'ouest du personnage, non pas par idiotie, mais bien par maîtrise d'une sagesse inspirée par le savoir chamanique - on a d'ailleurs deux scènes cherchant visiblement à illustrer cette recherche spirituelle dans lesquelles la prise de cactus hallucinogènes des effets spéciaux dont le truchement ne servent pas tellement l'histoire à mon goût (c'est le point négatif essentiel de ce film malheureusement: les acteurs et les plans auraient probablement suffit à donner un peu d'ésotérisme au film). On sort donc clairement des pas de la BD pour prendre les chemins de travers du personnage.
Ce Blueberry est peut-être une très belle excuse de Kounen pour nous présenter un western d'un genre nouveau, mais personnellement, j'ai bien aimé l'angle avec lequel il a appréhendé le personnage. LES personnages, d'ailleurs, puisque le grand méchant du film se trouve être un méchant, lui aussi bien au delà de ses revolvers, puisqu'il s'est vu mourir et qu'il n'a plus peur de la mort, dit-il à un moment, avant de montrer son ventre couvert de cicatrices causées par les flammes.
Il y a une sorte de conviction dans les personnages, une conviction belle et puissante, que l'on doit malheureusement admettre sans réserve, sans justification, si l'on veut correctement profiter du film (puisque Kounen n'a pas eu l'air de vouloir se poser la question de "Pourquoi les protagonistes ont-ils tous une véritable gueule?". Manquement peut-être un peu regrettable, ou pas). Une conviction et une beauté que certains pourront jugé sans profondeur.Moi quand je regarde ce film, c'est pour voir CE film. Et en ce sens, Blueberry de Kounen est en partie bien réussi.
Parce que même si on a une brochette d'acteurs qui n'en sont pas à leur premiers films (et qui ont pour la plupart déjà gagner leur place au paradis du cinéma), on est bien ici devant un film contemplatif. Dans lequel tous auraient baissé d'un ton pour laisser l'ambiance du film prendre le dessus sur tout le reste.ça peut sembler facile d'inclure dans un film la prise de psychotropes et une poignée d'indiens qui chantent des incantations, dans le but de rendre le film plus "profond". Mais ça l'est moins de faire un western visuellement beau sans passer par aucun des codes qu'on lui trouve d'habitude.
Un film extraterrestre donc. Un exercice de style auquel il faut s'attendre. Parce qu'on parle d'un film de Kounen.Encore une fois, donc, ce n'est pas un film d'une subtilité rare que nous donne Kounen, mais un film qui nous colle d'office derrière l’œilleton de la caméra. Une caméra à qui on aurait donné juste le temps d'un film le droit de s'éclater totalement.J'ai mis six étoiles parce que je regrette qu'il n'est pas poussé plus subtilement le visuel des deux scène de voyage mystique. Deux scènes qui voient leur intérêt s'étioler à cause des images de synthèse.
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© DR - BLUEBERRY de Jan Kounen (2004) p10
14/01/2012 05:24
Critique publiée par Fortynine Days le 20 août 2014
Il faut être psychonaute et avoir fait l'expérience personnelle de ces mondes pour comprendre Blueberry.Dans notre monde physique, on a tendance à considérer comme la réalité ce qui a été observé par plus de deux individus. En physique quantique, cependant, un phénomène existe à partir du moment où il a été observé par une seule personne. Il est alors intéressant de se rappeler de la connexion entre la physique quantique et l'expérience spirituelle profonde. Car si cette dernière est entièrement personnelle, elle n'en demeure pas moins observable consciemment : alors elle existe.
Jan Kounen est un psychonaute expérimenté, comme il l'a brillamment prouvé dans son documentaires "D'autres mondes". Il a vu ces mondes, il les a laissés traverser son corps et son âme, il a rendu réel quelque chose qui ne l'était pas, et que personne d'autre ne pourra jamais observer.Il a aussi une connaissance intime des cultures amérindiennes (et a probablement lu Carlos Castaneda), notamment de l'animal-totem, l'idée que chaque humain est relié à un animal qui est son double et son jumeau (thème existant aussi bien dans les cultures sud-américaines qu'améridiennes).
Dans Blueberry, Wally s'identifie régulièrement à l'animal. Il confesse vouloir en devenir un, il joue avec une araignée, rend hommage à son cheval mort. Il est l'animal-totem, le double de Mike. La part animale qui sommeille en chaque être, qu'il faut tuer (comprenez "surmonter") pour libérer l'essence de ce qui fait notre humanité. A contrario, Mike montre des signes de fébrilité en présence de l'animal, lorsqu'il ne parvient pas à maîtriser l'aigle qui vient se poser sur son bras. Dès lors le film suivra sa quête vers l'apprivoisement de sa part animale. Le réalisateur explore l'essence de la culture amérindienne et tout ce qui fait sa beauté.
Le parcours "matériel" de Mike est la métaphore de son cheminement spirituel. D'abord jeune et inexpérimenté, il commettra une erreur qu'il préférera oublier. Il va ensuite entrevoir l'idée qu'il n'appréhendait la réalité que sous une seule perspective, un seul plan. Si l'on pouvait alors comparer Blueberry à Danse avec les Loups (ou Little Big Man), Jan Kounen présente le même thème sous une toute autre perspective : là où Kevin Costner (ou Arthur Penn) présente les améridiens du strict point de vue d'un Occidental, Mike est ici plongé corps et âme (littéralement) dans une autre perspective de la réalité.
La notion de civilisation est alors inversée : Mike attrape une assiette de nourriture comme une bête apeurée, pendant que la tribu indienne, tranquillement, l'observe avec curiosité. Le mythe de Tarzan n'est que l'illusion de supériorité de l'Occident sur les "primitifs", principalement parce qu'il n'a pas exploré ce qui fait leur essence et par conséquent ne peut les comprendre entièrement.
Il est compréhensible que Blueberry ait reçu un accueil si dur tant il s'adresse à un public expérimenté, et s'il peut apparaître comme un très mauvais Jan Kounen, il est fort probable que le réalisateur le considère comme son chef d'oeuvre ultime. C'est en tout cas son film le plus personnel, puisqu'elle relate l'histoire du cheminement le plus intime que l'on puisse imaginer.Libéré de toute limite physique, à l'instar de ses deux protagonistes à la recherche de la véritable richesse de ce monde -la connaissance de soi-, Jan Kounen parvient à filmer la réalité d'un univers introspectif aux sens infinis pour qui l'aura préalablement rencontré.
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