ANALYSE ET CRITIQUE DVD Classik (suite)
Trahissant en cela une psyché encore immature, l’héroïne de Chambre avec vue se montre d’abord servilement soumise à la volonté de ceux que la norme sociale lui désigne comme de légitimes inspirateurs. Il en va ainsi de ses aînées - sa vieille cousine Charlotte, sa mère ou bien encore des amies plus âgées telles Miss Lavish ou les sœurs Alan - à qui la jeune femme abandonne régulièrement le soin de parler ou d’agir en son nom.
On pense notamment à cette scène florentine durant laquelle Lucy - alors sur le point d’évoquer avec George le baiser qu’il vient de lui arracher - renonce finalement à se confronter au jeune homme,s’effaçant devant Charlotte-à la fois sa cousine et son chaperon que James Ivory fait soudainement apparaître dans le cadre par un habile jeu de portes. S’intercalant spatialement entre Lucy et son amant, Charlotte fait physiquement obstacle à la parole de sa protégée, la réduisant au silence telle une enfant désobéissante.
Demeurée seule avec George, Charlotte aura alors toute latitude de mettre un terme à une relation naissante qu’elle désapprouve. Et c’est avec la même passivité que Lucy se pliera dans un premier temps au mâle socialement dominant qu’est Cecil ; elle laisse par exemple celui-ci - lors de scènes d’une discrète cruauté - se moquer sourdement des maladresses de goût de ces bourgeois provinciaux que sont, aux yeux de ce dandy du West End, la mère et le frère de Lucy.