Simon Callow: Le révérend Beebe (vous le trouvez rassis vous?)
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ANALYSE ET CRITIQUE (suite)
La passion amoureuse constitue le principal vecteur de cette mutation d’une Lucy presque encore enfant en une jeune femme accomplie. Puisque Chambre avec vue s’attache pour l’essentiel à dépeindre les affres sentimentales d’une héroïne dont le cœur balance entre deux hommes. Le premier d’entre eux est George, un représentant de la middle class anglaise empreint d’un idéalisme généreux et à qui le blond Julian Sands confère une séduisante présence. Quant au second des prétendants de Lucy, il s’agit du brun Cecil, un grand bourgeois londonien aussi intellectuellement sophistiqué que socialement méprisant.
Le personnage est campé par un Daniel Day Lewis débutant mais au jeu déjà tout entier orienté vers la quête de la "performance"que l’on appréciera ou pas,selon que l’on y voit une composition réussie ou du pur cabotinage ! C’est donc entre ces deux personnages tout à fait antithétiques que Lucy doit arrêter son choix : l’un - George - lui ayant déclaré sa flamme en lui volant un baiser passionné dans la solaire campagne toscane ; l’autre - Cecil - l’ayant très formellement demandé en mariage dans la quiétude d’un jardin anglais.
Mais si le spectateur n’éprouve d’emblée aucun doute quant à l’inclination véritable de la jeune fille - Helena Bonham Carter fait sourdre du premier regard porté par Lucy sur George une attirance cruellement absente de ceux qu’elle accordera ensuite à Cecil - il faudra en revanche quelque temps au personnage pour prendre conscience de la réalité de son désir. Entre ce dernier et la jeune fille s’interpose en effet un ensemble de figures constituant autant d’empêchements à la compréhension par Lucy de ses propres aspirations.