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© DR - L'ANNEE DERNIERE à MARIENBAD de Alain Resnais (1961) p12
11/01/2013 05:23
Analyse du film (suite 6)
De même que chaque point de vue provoque un effet différent, de même chaque point temporel sur lequel on se positionne entraîne la constitution d’un autre univers. La mise en scène de Resnais consiste à explorer ces différents univers, qui sont autant de possibilités de déroulement des événements, et des places des personnages.
Cet homme qui la regarde, la surveille, avec l’homme qui tente de l’emmener, est-il son mari, son amant, un ami ? Le problème apparent de la chronologie des événements et de l’apparent statut des personnages, disparaît donc si l’on considère qu’il ne s’agit pas de faits qui sont à leur mauvaise place temporelle, mais des faits parallèles, des hypothèses, des possibilités.
La narration et la compréhension temporelle du film sont totalement bouleversées. Resnais nous contraint donc à laisser de côté tous nos repères temporels pour pouvoir entrer dans le film, et avoir une chance de l’apprécier.Pourtant, si le temps classique n’est pas la trame du film, celui-ci n’a qu’un seul temps : celui de la pensée, qui dérive entre passé et présent.
Certes, le montage, basculant sans ménage entre rapidité des mouvements et lenteur de l’immobilisme, ne semble pas créer de réelle logique. On verra beaucoup de personnages, coupés dans leurs discussions sans début et sans fin, coupés dans leurs mouvements, ni reconnaissables, ni vraiment visibles, simplement oubliables, tout comme l’esprit humain oublie.
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© DR - L'ANNEE DERNIERE à MARIENBAD de Alain Resnais (1961) p13
11/01/2013 05:31
Delphine Seyrig :"A", la femme
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Confusion des temps et onirisme *
Rapidement, nous ne savons plus quand les événements se sont produits, ni même s’ils se sont produits. Ce doute est encore renforcé par la mise en scène de Resnais, qui opère une confusion au sein même des temporalités. Le récit entremêle le temps présent, et ce qui s’est passé un an auparavant.
Mais lorsque le narrateur se met à raconter, au temps présent, mais dans le décor du passé, des faits passés, le spectateur perd le sens du temps et de l’espace. Tout simplement parce que ce n’est pas l’importance du film : celui-ci se fonde sur une mosaïque de rêves, de faits reconstruits, remémorés ou inventés.
* (onanisme intellectuel je dirai)
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© DR - L'ANNEE DERNIERE à MARIENBAD de Alain Resnais (1961) p14
11/01/2013 05:40
Photo du bas :le réalisateur Alain Resnais
Analyse du film (suite 8)
Les brusques et inexpliqués changements de décor, de positions et de vêtements peuvent donc s’expliquer par la difficulté qu’a le narrateur à retrouver le bon souvenir.La confusion des temps se double d’un doute sur la nature des faits.Ce que raconte le narrateur a-t-il vraiment eu lieu ? Les faits sont-ils réels ou imaginés?.
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Nous avons évoqué l’hypothèse des univers parallèles. L’un de ces univers pourrait être le rêve. Quoi qu’il en soit, la mise en scène de Resnais entretient le doute sur la temporalité et la nature des faits racontés.
L’onirisme du film tient essentiellement à ce doute permanent des personnages comme du spectateur, mais il entre parfaitement dans le tableau pointilliste de Resnais. C’est la touche des sons,des mouvements,des paroles ou des images qui font ce film, qui constitue l’histoire.
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© DR - L'ANNEE DERNIERE à MARIENBAD de Alain Resnais (1961) fin
11/01/2013 05:59
Analyse du film fin)
L’Année dernière à Marienbad est incontestablement l’un des plus beaux exemples cinématographiques de l’abolition de la structure temporelle narrative classique. En nous soumettant un récit apparemment décousu et incohérent, Resnais et Robbe-Grillet nous mettent à l’épreuve, bien sûr, mais font aussi une expérience artistique ayant pour principal matériau le temps.
Resnais a dit de son film :"Je rêvais d’un film dont on ne saurait laquelle est la première bobine." Il prouvait donc déjà avec son second film qu’il était un cinéaste de la fragmentation, de l’éclatement - du temps, des codes traditionnels de la narration - prêt à faire des expérimentations et à faire de son film une véritable expérience pour le spectateur, invité à prendre une part active dans la construction du récit et de l’homme dans le vaste décor du monde.
Il raye en cela le réalisme traditionnel qui veut un début, un déroulement, une fin, dans des conditions sociales et dramatiques définies. « C’est un drôle d’endroit pour être libre. » dit un des personnages. Resnais, bien libre lui, filme des êtres immobiles, voire absents dans un monde clos.Cœurs,son dernier film, est sans doute une belle courbe pour relancer sa réflexion.
Ariane Beauvillard & Audrey Jeamart*
(* Félicitations et remerciements pour ce texte intelligent,sans le moindre mot pompeux et superflu...
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Autour du film
L'actrice Françoise Spira avait filmé le tournage du film avec une caméra 8mm. Volker Schlöndorff a repris ses images pour en faire un documentaire intitulé Souvenirs d’une année à Marienbad. Le film a été mis en ligne sur le site de la revue La Règle du jeu en février 2010.
Bibliographie
-Alain Robbe-Grillet, L'année dernière à Marienbad : ciné-roman, éditions de Minuit, 1961,1re éd., 175 p. (ISBN 978-2707303110)
-(en) Neal Oxenhandler, « Marienbad Revisited », dans Film Quarterly, University of California Press, vol. 17, no 1, automne 1963, p. 30-35 [texte intégral, lien DOI]
-Doris McGinty Davis, « Le Voyeur et L'Année dernière à Marienbad », dans The French Review, vol. 38, no 4, février 1965, p. 477-484 [texte intégral (page consultée le 17 avril 2012)
-(en) Richard Blumenerg, « Ten Years after Marienbad », dans Cinema Journal, University of Texas Press, vol. 10, no 2, printemps 1971, p. 40-43 [texte intégral (page consultée le 17 avril 2012)
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© DR - © DR - Cinéma 7e Art
11/01/2013 17:33
Anna May Wong
est une actrice sino-américaine, née Wong Liu Tsong
le 3 janvier 1905 à Los Angeles (Californie),
morte décédée le 2 février 1961
à Santa Monica (Californie)
Née à Los Angeles d'une seconde génération d'immigrants chinois, Wong débuta sa carrière cinématographique en 1922 avec le film The Toll of the Sea (1922), suivi de Le Voleur de Bagdad) en 1924 avec Douglas Fairbanks.
Frustrée par les rôles stéréotypés qu'on lui offrait à Hollywood, elle prit le chemin de l'Europe à la fin des années 20, où elle joua dans plusieurs productions notables et imposa une image d'icône internationale de la mode. Elle revint périodiquement en Amérique au début des années 30 pour divers films comme Daughter of the Dragon (1931) ou Shanghaï Express de Josef von Sternberg (1932), avec Marlene Dietrich, et plus tard La Fille de Shanghai (Daughter of Shanghai) (1937)
En 1935 Wong connut la plus grande déception de sa carrière, quand la Metro-Goldwyn-Mayer rejeta sa candidature pour le rôle principal dans une adaptation de The Good Earth (Visages d'Orient) de Pearl S. Buck en raison du code de l'industrie cinématographique, interdisant les gestes intimes entre les diverses races.* L'acteur principal masculin étant de race blanche (Paul Muni), les producteurs considéraient impossibles de lui donner une partenaire de race jaune et choisirent plutôt l'actrice Luise Rainer que l'on maquilla pour lui donner l'apparence orientale.
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* Pauvres débiles !!
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