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© DR - ET VOGUE LE NAVIRE de F. Fellini (1983) p6
20/12/2012 05:24
Analyse du film par Olivier Bitoune /DVDClassik © DR - (suite)
Mais Fellini restant Fellini, l'art de la caricature n'exclue jamais l'empathie pour l'être humain et c'est dans une fascination pour les arts (et les techniques du cinéma) que le Maestro nous offre une représentation factice et affichée comme telle d'un microcosme décadent saisi dans un mélange de solennité et de bonhommie qui nous les rend parfois attachant .La "pause" dans la cuisine avec le petit concerto des verres de cristal donné par les professeurs de musique constitue un petit moment naïf et enchanteur comme sait si bien ménager le cinéaste). Fellini montre avec E la nave va la déliquescence d'une société mondaine, confite de préjugés et engoncée dans son prétendu savoir.
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© DR - ET VOGUE LE NAVIRE de F. Fellini (1983) p7
20/12/2012 05:35
Analyse du film par Olivier Bitoune /DVDClassik © DR - (suite)
Si ces hommes et femmes de la haute sont insupportables de suffisance, de bêtise, d'égocentrisme et de mégalomanie, il provient pourtant d’eux cet art sublime qui touche à une forme de sacré. Il y a toujours chez Fellini une fascination à ne voir que les plus belles choses;ce qui élève,ce qui transcende l'humanité est le fruit de l'homme et non d'un Dieu (d'où le recours régulier à la machinerie qui se cache derrière le décor,l'homme avec son imaginaire sans bornes est le vrai créateur.)
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© DR - ET VOGUE LE NAVIRE de F. Fellini (1983) p8
20/12/2012 05:41
Analyse du film par Olivier Bitoune /DVDClassik © DR - (suite)
Avec ce film, Fellini et son coscénariste Tonino Guerra (qui a déjà collaboré avec lui sur Amarcord) essaient de percer ce mystère qui fait que d'un océan de bêtise,de la lourdeur des corps puisse malgré tout naître la beauté. Le film est ainsi percé d'éclats magiques qui ponctuent la farce cruelle à laquelle les deux auteurs se livrent.
Fellini observe l'aristocratie et le sous-prolétariat se regarder en chiens de faïence, il décrit les tentatives aussi belles que futiles de discussions entre ces deux mondes antagonistes (une cantatrice s'en allant chanter dans les soutes du paquebot, bientôt rejointe dans le même mouvement par d'autres chanteurs qui rivalisent de puissance vocale pour flatter leur égo), se demandant ce que devient l’art lorsque les artistes sont coupés du réel, lorsqu’ils s’imaginent être absous d’un quelconque engagement envers la marche du monde. La réponse semble être que l’art existe toujours mais qu’il ne s’adresse plus alors qu’au néant.
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© DR - ET VOGUE LE NAVIRE de F. Fellini (1983) p9
20/12/2012 08:14
Analyse du film par Olivier Bitoune /DVDClassik © DR
Fellini pose un regard amer mais aussi plein de tendresse sur ces bouffons, si sûrs de leur légitimité à diriger le monde ou à imposer des doxa artistiques. Cette tendresse vient du fait que le Gloria N est un navire fantôme et qu'à son bord s'agite une caste qui refuse de voir qu'elle n'existe déjà plus.
Ce ne sont plus que des ombres peuplant un mirage, des acteurs qui jouent une dernière fois leurs rôles, qui singent leur grandeur passée, qui se livrent à des rites dénués de sens. Fellini, du coup, ne souhaite pas les accabler et leur offre un tombeau, un film cérémonial au rythme lent et voluptueux.
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© DR - ET VOGUE LE NAVIRE de F. Fellini (1983) p10
20/12/2012 08:21
Analyse du film par Olivier Bitoune /DVDClassik © DR - (suite)
Guerra et Fellini construisent le film sur une succession de saynètes et multiplient les situations ou les histoires à priori incongrues et inexplicables. Le Gloria N* est divisé entre le monde du dessous, ces entrailles du navire où vit le prolétariat, et le monde du dessus où se pavane la haute société.
Mais en établissant un va-et-vient constant entre ces deux mondes, en mettant sur un même plan les anecdotes futiles et les grandes allégories, en associent la beauté et la vulgarité, le grotesque et la grâce, Fellini et Guerra montrent que le trivial et le sublime n’ont pas à être séparés,cloisonnés,qu’ils coexistent au sein de l’humanité.
*Sur Wikipédia ils disent "l'orchestre du Titanic..." j'déconne pas

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