Le contexte (part2)
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Les films appartenant à ce qu'on a nommé le « réalisme poétique » se veulent un portrait juste et honnête des modes de vie d'une certaine population (pour la majeure partie d'entre eux, le petit peuple). Le thème de la fatalité est récurrent dans ces films. Fatalité de la destinée humaine, pessimisme social inexorable. Si la poésie apporte une véritable beauté au petit peuple, vu dans tout son humour, sa diversité, son individualité, elle est à son tour nuancée par la nécessité du réalisme : les rues noires et brumeuses des villes, les univers confinés (l'Hôtel du Nord, les ports du Quai des brumes ou de Remorques dressés comme des barrières face à l'immensité de la mer) sont autant de frontières infranchissables pour ceux dont on tait le vécu mais dont on sent la volonté tragique d'en sortir. L'individu est bon, mais la foule fait peur : capable de lyncher un homme sans raison, comme dans Drôle de drame ou dans Le Jour se lève, elle est le versant négatif d'une culture populaire déraisonnable (voire irraisonnée).