Critique par Start Fernie (U.K)
Nikita – un retour au noir
http://www.stuartfernie.org/bessonfr.htm
Avec "Nikita" Besson retourne en territoire familier, mettant en doute la nature de la société et la moralité, la place de l'individu dans cette société et le potentiel pour la croissance personnelle et le développement.De nouveau on nous ramène aux "bas-fonds". Nikita est formée dans un établissement souterrain et elle doit certainement traiter avec le Milieu, un monde que la plupart d'entre nous n'a pas la possibilité de voir, mais qui forme, pourtant, une base pour le monde dans lequel nous vivons.
Nikita est recrutée à servir dans les services secrets de la France. Il est suggéré qu'ils se servent de types criminels pour protéger les intérêts de l'État. Ceux dans l'autorité sont dépeints comme impitoyables, mais devoués à leur tâche. Ils ont la foi complète et aveugle en la sainteté de leur mission, protéger l'État à tout prix. Clairement la moralité a peu de place dans ce monde comme ils font ce qu'ils estiment qu'ils doivent faire pour défendre les intérêts des citoyens de la France.
Pour les aider à réaliser leur but, ils doivent employer les gens qui sont prêts à tuer ou au moins dont la conscience ne va probablement pas les déranger. Il paraît que Nikita va dans cette catégorie comme elle était responsable de la mort d'un policier dans un cambriolage à l'âge de 19 ans. Il est supposé qu'elle est psychologiquement appropriée pour le travail nécessaire et elle est formée avec du succès considérable après un début décidément faible après lequel elle menacée de la mort.
Nous ressentons beaucoup de compassion envers Nikita et la situation dans laquelle elle se trouve. Jetée sur les rues à un âge tendre par une mère insouciante, Nikita a appris à survivre dans la jungle urbaine, mais elle s’est mêlée d’un groupe de camés qui n'arrêteront à rien pour alimenter leur habitude. Quand elle tue le policier elle est clairement sous l'influence d'une substance étrangère et est donc moins responsable de ses actions, quoique nous ne voulions pas certainement pardonner ses actions - nous ressentons un degré de compassion.
Les représentants de l’État offrent une seconde chance à Nikita – à servir l'État. D'abord elle est peu coopérante, mais elle apprend la discipline pour la première fois de sa vie et apprend comment s'apprendre et développer. Il vaut la peine de noter que l'État est responsable de son développement. Bien sûr les autorités veulent employer ses talents à leur propre but, mais néanmoins l'État fournit l'éducation et la direction qui lui ont manqué et dont elle a gravement besoin.
Cependant, il paraît que l'État a gravement sous-estimé Nikita et ses capacités. Elle accepte sa position d'abord, accomplissant une variété de missions pour l'avantage de l'État, y compris des assassinats. Il y a le sens du devoir et peut-être plus important, le sens de la dette. Elle doit payer sa dette à la société - et pour la mort du policier et sa seconde chance. Malheureusement pour l'État elle se développe en quelque chose de plus que l'outil de psychopathe ils pensaient qu'ils créaient. Elle se développe en une jeune femme indépendante qui se respecte et qui a développé un sens plus grand de moralité que ses maîtres. Elle désire exécuter les tâches qu’on lui donne, mais à sa façon, et sans violence.
Finalement elle gagne la liberté des services secrets en employant des techniques mêmes dans lesquelles ils l'ont formée, mais à un prix - elle doit perdre son fiancé, Marco, et son supérieur immédiat, Bob, pour qui elle avait des sentiments profonds. Une fois de plus on voit l'amour comme incontrôlable et peut-être impossible. Nikita entre dans une relation heureuse et stable avec Marco, mais à la fin du film nous découvrons que son coeur appartient à Bob. Elle est consciente qu'un rapport avec Bob serait dangereux et sans doute nuisible pour tous les deux, donc elle évite un rapport physique.
Cependant, elle ne peut rien faire pour empêcher ses sentiments et les émotions en elle et elle révèle ses sentiments dans une lettre destinée à Bob. Fred a perdu sa vie suite à la poursuite de sa nature et son amour pour Héléna. Jacques a abandonné son amour pour Johana pour poursuivre sa nature. Maintenant Nikita a appris à contenir ses sentiments et poursuit son avenir comme une femme indépendante prenant le contrôle de sa vie en reconnaissant ses sentiments, mais refusant d’y céder.
Il semblerait y avoir quelque chose d'une progression dans ces personnages, allant de suivre aveuglément sa nature à faire un choix conscient, à la prise du contrôle et l'exercice de la maturité. Les personnages principaux partagent certains traits, mais montrent une façon de plus en plus mûre de traiter ce que la vie leur jette."Nikita" est peut-être autant un film sur le développement personnel que sur la place de l'individu par rapport à l'État, ou la nature d'amour. Nikita se développe plus que Fred ou Jacques au cours du film - elle va d' une créature perdue, pareil à animal qui fait ce qui est nécessaire pour la survie, à un individu mûr, discipliné et pensif qui a appris de son expérience et qui s'est développé au-delà du niveau de ses maîtres hypocrites mais décidés.
Il est intéressant de noter que Bob, le représentant de l'État contrôle aussi ses sentiments pour Nikita, quoiqu'il ne se développe pas dans une autre direction. Il reste le même professionnel froid qu’il était au début du film, sa foi en l’État et ses activités complètement intacte.Il est aussi digne d'attention que de même que les personnages principaux semblent développer et grandir, les sociétés dans lesquelles ils se développent semblent se détériorer et délabrer (moralement parlant).
Dans la société "Subway", on la voit comme un endroit moralement gris, où tout le monde fait ce qu’il doit faire pour survivre, mais avec une délinéation assez claire entre "les bons" et "les méchants". Dans "Nikita", cependant, les choses sont devenues décidément plus sombres, avec les autorités employant la même tactique que leurs ennemis pour prendre le dessus, bien qu’ils accomplissent leurs missions pour protéger le public. Tandis que dans "Leon", les activités de police sont renversées pour convenir aux buts du mauvais policier Stansfield - les forces "de bon" étant employées pour avancer des activités criminelles, Leon, un tueur professionnel, devient le protecteur des innocents.
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