Michael Angarano - L'otage
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Abus de Ciné
POUR: Niveau +4 – Sacré bout de femme
Dans un dinner d'une petite ville américaine, une jeune femme attend qu'on lui serve sa commande quand entre un homme imposant qu'elle semble reconnaître. Celui-ci s'assoit en face d'elle et lui indique qu'il est venu la chercher. Lorsqu'elle refuse de le suivre, une bagarre extrêmement violente éclate. Elle réussit à s'échapper, emmenant avec elle un otage...
Steven Soderbergh l'a dit lui-même lors de la conférence de presse au dernier Festival de Berlin : il aime alterner les projets dits « sérieux » et les produits plus fun qui ne donnent pas trop à réfléchir. Après "Contagion" présenté l'an dernier à Venise, le voici donc qui nous livre « Haywire », sorte de Jason Bourne au féminin, un film qui relève clairement de cette seconde catégorie.
Tourné entièrement en lumière naturelle, le film retrace le parcours d'une jeune femme, tentant de découvrir pourquoi on cherche à l'éliminer. Prise au piège dans un dinner américain par l'un des anciens agents avec lequel elle a travaillé à Barcelone (Channing Tatum), elle s'échappera grâce à ses talents dans le combat à mains nues. Le principe narratif est alors simple : ayant enlevé le jeune homme qui lui était venu en aide, elle lui racontera son histoire, dans les moindres détails. Le spectateur, lui, aura droit aux flash-back survitaminés qui permettront à l'héroïne d'expliquer sa version des faits, et tenter ainsi de sauver sa peau face à ceux qui veulent la diffamer.
Professionnelle en arts martiaux, Gina Carano n'a donc pas été choisie au hasard pour interpréter le rôle principal de « Haywire ». Il faut dire qu'il se dégage des nombreux affrontements dans lesquels elle devra s'impliquer, une tension extrême, doublée pour le spectateur de montées soudaines d'adrénaline, celui-ci souffrant pour des acteurs projetés sur des murs, des tables en verre, ou assommés à coups de vases et autres objets ! L'utilisation de la fameuse caméra RED dernière génération (qui permet de découper le cadre souhaité dans un plan en réalité beaucoup plus vaste) donne efficacement une impression d'urgence dans quasiment toutes les scènes de ce film, résolument tourné vers l'action.
Dans une belle histoire de machination, menée par un Ewan McGregor trouble et retord, « Piégée » (c'est le nouveau titre français) nous balade avec un plaisir indéniable de Barcelone aux USA, en passant par Dublin et le Nouveau Mexique. Mais, il nous mène aussi en bateau, déjouant toutes nos prévisions instinctives, grâce à la complexité d'un scénario plein de manigances de services secrets. Par la puissance des scènes de combat, on en ressort, à l'image de l'otage, lessivé, mais avec l'envie irrésistible de suivre à nouveau cette héroïne hors norme.
Olivier Bachelard