Jeanne Moreau
*
ça dépend des jours
LA CRITIQUE
*
Nikita, sorti au courant de l’année 1990, a créé la sensation aux Cesar puisque cette cérémonie a consacré Anne Parillaud et lui a permis d’avoir le César de la meilleure actrice pour son rôle dans ce film. En pleurs, tout comme Luc Besson qui n’a pas pu cacher son émotion, elle est venue le remercier pour tout ce qu’il avait fait pour elle à travers ce film.
Et il faut dire que Nikita est un vrai film de « girls power » avant l’heure, faisant la part belle à l’actrice principale, et qu’à travers une ambiance de polar, thriller, ce film a lancé la carrière du célèbre réalisateur sur le plan international, lui permettant de réaliser des films tel que Léon ou Le Cinquième élément. Il reste un solide polar, efficace et sensuel,malgré une ambiance assez noire. A cette époque, le réalisateur n’était pas coutumier d’un humour démesuré et faisait des histoires relativement soutenues.
Que reste-t-il de Nikita après toutes ses années? Des flingues, une ambiance proche du huis clos pendant toute une partie du film, la mise en scène de Besson si caractéristique, le rôle tenu par Jean-Luc Anglade qui tombe sous le charme de cette femme enfant tueuse, comme souvent chez Besson, qui fait toujours la part belle à ses actrices. Ou encore la musique d’Eric Serra, le compositeur attitré du réalisateur depuis des années.
L’entrainement de Nikita est autant intéressant que joli, emprunt d’une certaine poésie, malgré l’impact et le fait que cette dernière soit une tueuse de flic. C’est d’ailleurs ici, à travers ce film, que se caractérise le plus la mise en scène et le souci du montage de Besson, véritable faiseur d’images plus que d’histoire, qui tourne toujours autour de l’amour et de l’action et présentant des personnages souvent à la limite. la fin est d’ailleurs assez ouverte, permettant au spectateur de s’imaginer un fin probable, même si on la devine assez aisément.
Le braquage d’une pharmacie par une bande de junkies en manque de drogue tourne mal : une fusillade cause la mort de plusieurs personnes dont un policier, abbatu par la jeune Nikita (Anne Parillaud), complètement en manque. Condamnée à la prison à perpétuité, celle-ci fait bientôt la rencontre de Bob (Tchéky Karyo), un homme mystérieux qui contraint la jeune femme à travailler secrètement pour le gouvernement.
Après quelques rébellions lors d’un entraînement intensif de plusieurs années, Nikita devient un agent hautement qualifié des services secrets, capable désormais selon Bob d’évoluer seule à l’extérieur. Celui-ci espère d’ailleurs s’en assurer lors d’une terrible mise à l’épreuve, dans laquelle Nikita doit éliminer un pilier de la mafia asiatique au beau milieu d’un restaurant bondé, en même temps qu’elle fête son anniversaire…
Avec Nikita, Luc Besson réalisera un de ses plus jolis film et lancera la carrière, sur le plan international, de Jean Reno, ami de longue date du réalisateur, avec lequel il a tourné Le Dernier combat, Subway ou encore Le Grand bleu et qui incarne le rôle du nettoyeur, petit rôle, qui sera développé en 1993 à travers le film Léon. Anne Parillaud y trouvera l’un des ses plus beaux rôles, sanctionné par un Cesar de la meilleure actrice.
Nikita fera l’objet d’un remake, Nom de Code : Nina en 1993, réalisé par John Badham, avec Bridget Fonda et Gabriel Byrne, qui s’averera assez loupé, voire complètement. Dans ce dernier, elle sera condamnée à mort, à la différence de la version française. La volonté d’expliquer les choses, de manière plus grossies que l’œuvre principale, enlève tout le charme de cette histoire. Mais une série sera développée plus tard, en 1997, qui connaitra un certain succès aux Etats-Unis, intitulée La femme Nikita, remportera un plus large succès auprès du public américain.
A bien des égards, Nikita a ouvert la voie sur un nouveau genre de cinéma d’action, en mettant en avant des rôles féminins forts. Si aujourd’hui, cela peut paraître évident pour bon nombre de spectateurs, à l’orée des années 1990, c’était quelque chose de peu banal. C’est d’ailleurs en cela qu’il a été salué par la critique. Bon nombre de personnes, surtout les adolescentes, se retrouvant dans ce personnage, pour son coté décalé, rebelle, sur la corde, et en même temps, assez féminin (et symbolisé par toute la séquence avec Jeanne Moreau).