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© DR - STRELLA de Panos H.Koùtras (2009) p5
27/02/2013 11:19
Quelles nouvelles du cinéma grec, qui avait longtemps semblé disparaître à l'horizon infini des films de Theo Angelopoulos ? Strella, un film pour le moins roboratif.Panos H. Koutras, son auteur, n'est pas tout à fait inconnu : on lui doit, réalisé en 1999 et sorti en 2001 en France, L'Attaque de la moussaka géante, inénarrable film Z qui brassait parodie de film fantastique et apologie queer dans les rues d'Athènes.
Strella, troisième long métrage du réalisateur entièrement autoproduit, reste fidèle à cet esprit bravache, mais est néanmoins plus ambitieux. Il propose une adaptation débridée des fondements de la culture antique, notamment exprimés à travers le mythe et la tragédie.L'histoire est renversante, et ne recule devant à peu près rien qui ne puisse contribuer à gifler le goût des honnêtes gens.
Iorgos, un quinquagénaire laconique et inquiétant qui vient de passer quinze ans en prison, se met en quête de son fils, dont il a perdu la trace.Parallèlement, il fait la connaissance de Strella, un jeune prostitué transsexuel de belle prestance, qui le vampe dans les couloirs de l'hôtel minable où il a élu domicile.
Entre ces deux êtres, blessés, marginaux, tenus chacun par un inavouable secret, quelque chose comme un amour fou se déclare. Tandis que Iorgos est hébergé par Strella, le couple se met à rêver d'une installation pour ainsi dire bourgeoise.
Littérature oraculaire
Mais le destin veille, avec la découverte par Iorgos de la véritable identité de son fils et la révélation faite au spectateur du crime sanglant qui l'a conduit en prison.Ces péripéties, il faut bien avouer qu'on se frotte parfois les yeux pour croire que le cinéaste a osé les imaginer, les figurer. D'autant que le récit qui les délivre relève d'une mise en scène paradoxalement plus attendue que son propos.
Reste un film dont la liberté de ton, le respect pour ses personnages, les ruptures inattendues de style et de registre (entre la piquante alacrité d'un Pedro Almodovar et le lyrisme opératique d'un Werner Schroeter) valent le détour.Le film reste en revanche fidèle au canon de la littérature oraculaire et à sa cruelle ironie, qui consiste à faire accomplir au héros son destin par le geste même qu'il prétendait éviter.
Jacques Mandelbaum
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© DR - STRELLA de Panos H.Koùtras (2009) p6
27/02/2013 11:35
Critique de Tootpadu
Parmi les pays européens qui disposent d'une production nationale régulière, la Grèce est probablement celui dont les films sortent sur nos écrans avec la plus grande parcimonie.
Cette frilosité de la part des distributeurs français, pourtant assez téméraires pour acquérir toutes sortes de films asiatiques ou latino-américains, peut expliquer partiellement l'attrait exotique que le troisième film de Panos H. Koutras a exercé sur nous. Nous sommes en fait si peu familiers avec la cinématographie grecque que nous n'avons pas de souvenir précis quant au dernier film venant de ce pays que nous aurions vu.
Heureusement, cette lacune sérieuse sera rattrapée et par Strella, et par Canine de Yorgos Lanthimos, qui sortira quinze jours plus tard.Après cette réserve préalable, nous tenterons néanmoins d'analyser ce film curieux et fascinant pour ce qu'il est, en dehors des terres filmiques inconnues qu'il nous fait découvrir.
Le ton curieux qu'il adopte d'emblée n'est sans doute pas spécifiquement grec, mais le moyen d'expression artistique d'un réalisateur, qui sait laisser les choses en suspens. Panos H. Koutras évite avec une adresse notable les deux écueils contre lesquels son film aurait pu s'écraser successivement : le côté sordide d'une affaire de sexe entre un ex-taulard et un transsexuel au début, et le poids de la culpabilité après le revirement majeur de la suite, qui offrait un potentiel tragique écrasant.
Plutôt que de peindre la vie en rose, le scénario applique un pragmatisme optimiste, qui ne ferme point les yeux face à la situation délicate dans laquelle Yiorgos et Strella se trouvent, et qui ne propose pas non plus de solution miracle à leur dilemme.
Strella n'évolue pas sous la même grâce formelle que certains films de Pedro Almodovar, dont il s'inspire au moins indirectement. Mais sa vision de la marginalité en Grèce est loin d'être fataliste. Bien que son hédonisme réaliste dépasse parfois les bornes, notamment lors des courtes séquences oniriques avec ou sans écureuil, c'est un film plutôt courageux qui nous propose des personnages en chair et en os.
Cette authenticité d'une intrigue, qui n'aurait pu être qu'une énième transposition moderne des tragédies antiques, est rendu possible par une palette d'acteurs non-professionnels au talent naturel désarmant, la remarquable Mina Orfanou dans le rôle de Strella en tête ! *
Vu le 27 octobre 2009, au Club de l'Etoile, en VO
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*(Entièrement d'accord...Ils sont tous formidable de justesse de ton. A se demander si les cours en conservatoire ont une quelconque utilité à part peut-être d'uniformiser tout ce joli monde et produire ainsi un cinéma calibré,prévisible et mortellement ennuyeux :Le "nouveau" cinéma français en est un exemple flagrant .
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© DR - STRELLA de Panos H.Koùtras (2009) p7
27/02/2013 11:58
Critique : LES INROCKS (part1)
Un film grec qui débute comme du Melville, continue comme du Fassbinder et se termine comme du Disney, ce n’est pas si courant sur nos écrans. Le réalisateur Panos H. Koutras s’était fait connaître il y a quelques années avec un film hommage aux séries Z, L’Attaque de la moussaka géante. Avec Strella, il monte en série B, puis A.Au début du film, on cueille Yorgos à sa sortie de prison et l’on revisite sans déplaisir les motifs habituels de ce cinéma de genre :masculinité solitaire,hôtels pourris,marges urbaines rencontre avec une pute, coups de fil mystérieux (à un ami, un truand, un membre de la famille ?).
L’acteur Yannis Kokiasmenos impressionne par sa présence physique, et le seul élément qui déplace notre regard (ou plutôt notre ouïe), par rapport aux habituels polars ou films de prison, est la langue grecque, pour le coup inhabituelle.On s’aperçoit rapidement que Yorgos est à la recherche de son fils, qu’il n’a manifestement pas vu depuis son incarcération,et qu’il y a de la casse filiale à réparer le scénario ménagera d’autres surprises mais on ne va non plus tout “spoiler”). Pourtant, le film change de registre avec le développement du personnage de la prostituée:Strella est transsexuelle, et avec elle on découvre la communauté gay et trans d’Athènes.
Personnages hauts en couleur, décors d’appartements baroques, dialogues poivrés, théâtralité : dans ces séquences tragicomiques, Koutras balance vraiment entre Moussakalmodóvar et François Ouzo, avec le grand Rainer en saint patron.Si Koutras nous propose ainsi un tableau très contemporain de la métropole athénienne, qui nous confirme un certain universalisme des marges sociales, son film est également puissamment ancré dans les fondamentaux immémoriaux de la culture grecque, elle aussi devenue universelle.
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© DR - STRELLA de Panos H.Koùtras (2009) p8
27/02/2013 12:02
Critique : LES INROCKS (fin)
Problématique œdipienne, théâtre cathartique, chœur des amis, sexualité dans tous ses états, c’est à une revisite contemporaine totale de la mythologie et de la tragédie grecques que nous convie le réalisateur.On pourra penser qu’il pousse parfois un peu le bouchon question circonvolutions du récit ou extraversion des affects, des gestes, des attitudes (et du jeu des acteurs), mais cette montée de volume et cette réactualisation de vieux mythes ne manque pas de panache. Si les films de Fassbinder se terminaient très mal, si ceux d’Almo ont souvent des codas piégées, Koutras conclut sur un étonnant happy end familial autour d’un arbre de Noël – famille recomposée à sa sauce très épicée, certes, mais quand même.Ceux qui vivent différemment ont droit aussi à l’indifférence, à leurs moments de bonheur et d’apaisement. Film bousculant les tabous, Strella nous laisse sur une scène construite sur ce qui rassemble les êtres et fonde leur humanité commune.
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© DR - STRELLA de Panos H.Koùtras (2009) p9
27/02/2013 12:07
Critique :AVOIR A LIRE
Belle histoire tragique qui évoque le malaise des transsexuels,
Strella séduit tout d’abord par son courageux témoignage
avant de se rétracter par un happy-end peu crédible.
L’argument : De nos jours à Athènes, Yiorgos retrouve la liberté après quatorze années passées en prison. Dans cette ville devenue étrangère, il se met en quête de son fils, dont il a totalement perdu la trace. Réfugié dans un hôtel interlope, il rencontre Strella, sa voisine de pallier, une chanteuse de cabaret qui arrondit ses fins de mois en se prostituant.Contre toute attente et au-delà des conventions - il se trouve que Strella est transsexuelle - une passion naît entre eux. Alors qu’ils n’aspirent qu’à une vie de couple apaisée, les fantômes du passé refont surface...
Notre avis :
Connu en France pour avoir signé L’attaque de la moussaka géante, gros film bis à l’univers fortement kitsch et bariolé, le cinéaste grec Panos H. Koutras revient avec son troisième long-métrage, toujours aussi gay, mais bien moins joyeux.Laissant de côté l’aspect délirant de son univers référentiel pour se concentrer sur le monde réel,l’auteur signe une œuvre naturaliste en plongeant ses caméras dans les bas-fonds d’Athènes On y croise d’anciens taulards, des putes et des souteneurs, ainsi que Strella, un transsexuel à la beauté troublante.
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Sa rencontre avec Yiorgos tient quasiment du conte de fées et permet au cinéaste de développer une relation touchante entre ces deux êtres à la dérive. En témoignent de nombreuses scènes à la tendresse enthousiasmante (celle avec les jeux de lumière est de toute beauté).
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