Critique : LES INROCKS (part1)
Un film grec qui débute comme du Melville, continue comme du Fassbinder et se termine comme du Disney, ce n’est pas si courant sur nos écrans. Le réalisateur Panos H. Koutras s’était fait connaître il y a quelques années avec un film hommage aux séries Z, L’Attaque de la moussaka géante. Avec Strella, il monte en série B, puis A.Au début du film, on cueille Yorgos à sa sortie de prison et l’on revisite sans déplaisir les motifs habituels de ce cinéma de genre :masculinité solitaire,hôtels pourris,marges urbaines rencontre avec une pute, coups de fil mystérieux (à un ami, un truand, un membre de la famille ?).
L’acteur Yannis Kokiasmenos impressionne par sa présence physique, et le seul élément qui déplace notre regard (ou plutôt notre ouïe), par rapport aux habituels polars ou films de prison, est la langue grecque, pour le coup inhabituelle.On s’aperçoit rapidement que Yorgos est à la recherche de son fils, qu’il n’a manifestement pas vu depuis son incarcération,et qu’il y a de la casse filiale à réparer le scénario ménagera d’autres surprises mais on ne va non plus tout “spoiler”). Pourtant, le film change de registre avec le développement du personnage de la prostituée:Strella est transsexuelle, et avec elle on découvre la communauté gay et trans d’Athènes.
Personnages hauts en couleur, décors d’appartements baroques, dialogues poivrés, théâtralité : dans ces séquences tragicomiques, Koutras balance vraiment entre Moussakalmodóvar et François Ouzo, avec le grand Rainer en saint patron.Si Koutras nous propose ainsi un tableau très contemporain de la métropole athénienne, qui nous confirme un certain universalisme des marges sociales, son film est également puissamment ancré dans les fondamentaux immémoriaux de la culture grecque, elle aussi devenue universelle.