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 CINEMA :Les blessures narcissiques d'une vie par procuration
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CINEMA :Les blessures narcissiques d'une vie par procuration

VIP-Blog de tellurikwaves
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  • Créé le : 10/09/2011 19:04
    Modifié : 09/08/2023 17:55

    Garçon (73 ans)
    Origine : 75 Paris
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    © DR - LES ENFANTS DU PARADIS p4

    31/10/2012 08:48

    © DR - LES ENFANTS DU PARADIS  p4


    Une fois le film décidé, l'équipe de Carné se met au travail au prieuré de Valette près de Tourrettes-sur-Loup (dans le Midi) alors que la France est totalement occupée par les Nazis. Jacques Prévert écrit le scénario, Alexandre Trauner esquisse certains décors dans la clandestinité dont le Boulevard du Crime tandis que Léon Barsacq relève le défi de concevoir les autres (la loge de Baptiste aux Funambules par exemple) et d'assurer toute la réalisation et la construction de ces décors.
    *
     Egalement dans la clandestinité, Joseph Kosma compose un ballet pour les pantomimes, Pierrot Le Galant, pantomimes qui seront signé par son prête-nom sous l'occupation : Georges Mouqué. Et c'est de nouveau Maurice Thiriet, qui avait signé la musique des Visiteurs du soir l'année précédente, qui s'occupe du reste de la musique en prenant bien soin de mêler les deux compositions avec brio. Pendant ce temps, Carné supervise le tout et revient régulièrement de Paris avec des montagnes de documentations empruntées, entre autres, au musée Carnavalet.
    Les Enfants du Paradis est dès le début de l'écriture une aventure collective, peut-être plus encore que pour d’autres films de Marcel Carné, une des explications d’une telle réussite.Très vite l’idée d’une distribution exceptionnelle est lancée, facilitée par le succès des Visiteurs du soir. Outre Jean-Louis Barrault (qui a failli être remplacé pour une question d'emploi du temps par un inconnu à l'époque nommé Jacques Tati, que Carné avait repéré dans un music-hall) pour le rôle de Baptiste Debureau, on retrouve dans le rôle de Frédérick Lemaître, Pierre Brasseur, l'ancien copain d'enfance des Batignolles du cinéaste déjà aperçu dans Le Quai des brumes.





    © DR - LES ENFANTS DU PARADIS p5

    31/10/2012 08:56

    © DR - LES ENFANTS DU PARADIS  p5


    Maria Casarès

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    Marcel Herrand, qui vient de jouer dans Les Visiteurs du soir, sera Lacenaire. Maria Casarès, qui faisait partie de la troupe de théâtre de Marcel Herrand au Théâtre des Mathurins, trouve ici son premier rôle à l'écran avec le personnage de Nathalie. Au générique figure également Pierre Renoir, le frère aîné de Jean Renoir, qui joue Jericho et remplace au pied levé Robert Le Vigan qui doit abandonner le tournage suite à la débâcle vichyssoise (ce collaborateur et antisémite notoire doit fuir avec Céline pour rejoindre le Maréchal Pétain à Sigmaringen en Allemagne).
    On note dans les seconds rôles Étienne Ducroux, ancien professeur de mime de Barrault avec qui celui-ci s'était brouillé, élément biographique exploité dans le film par Prévert, Ducroux jouant Anselme Debureau, le père désespéré de Barrault-Baptiste ; Fabien Loris, ami de Prévert depuis le groupe Octobre, qui joue Avril (il était également le premier mari de la dernière femme de Prévert, Janine) ; Jane (ou Jeanne) Marken, l'une des seconds rôles les plus réguliers de Marcel Carné, qui joue dans tous les films du réalisateur,
    de Hôtel du Nord à La Marie du port (en dehors du Jour se lève et des Visiteurs du soir) ; et le meilleur pour la fin, Arletty l'actrice préférée de Carné et de Prévert qui joua dans cinq des plus grands films du cinéaste. Prévert invente le personnage de Garance pour elle et lui offre ainsi le plus beau rôle de sa carrière comme le confie Arletty sur l'un des bonus du DVD français.
     

     






    © DR - LES ENFANTS DU PARADIS p6

    31/10/2012 09:02

    © DR - LES ENFANTS DU PARADIS  p6


    Pierre Brasseur

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    Le tournage débute au milieu de l'été 1943 à Nice, aux Studios de la Victorine dont le producteur Paulvé était copropriétaire. On imagine aisément la difficulté de tourner en pleine occupation une fresque comme celle-ci, qui nécessite une débauche d'énergie et de courage sans pareil. Margot Capelier, l'assistante de Prévert sur l'écriture, raconte : « Ce film a été un miracle, on manquait de tout... Il y a eu un ensemble d'énergies motivées autour des Enfants du Paradis en réaction aussi contre l'ambiance de ce temps-là. » Elle raconte le perfectionnisme enragé de Carné sur ce tournage. Les frasques du metteur en scène sont célèbres.
    Ayant les moyens de ses ambitions, Carné demande le maximum de ses comédiens, véritable tyran avec Maria Casarès par exemple. Marcel Herrand confie pour sa part que son plus mauvais souvenir de cinéma était « Marcel Carné sur Les Enfants du Paradis ! » Mais les collaborateurs de Marcel Carné ne sont pas en reste. On raconte qu'il s'étonna lors d'une scène que les musiciens fassent semblant de jouer (ils sont simples figurants) et qu'il provoqua un scandale pour qu'on aille trouver de vrais musiciens pour un plan dont au final on ne verra que le chef d'orchestre!Léon Barsacq:"Carné est charmant mais complètement hypnotisé par son film, rien d'autre ne compte pour lui et c'est tout juste s'il ne trouve pas que les gens continuent à faire la guerre spécialement pour l'emmerder!"





    © DR - LES ENFANTS DU PARADIS p7

    31/10/2012 09:10

    © DR - LES ENFANTS DU PARADIS  p7


    Décor signé Alexandre Trauner

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    Bien sûr il a été de bon ton de critiquer Carné pour cette ambiance de tournage, tout comme le coût d’un tel film (« Je dépense donc je suis » dira Henri Jeanson) ; mais quand on voit le résultat éblouissant à l'image, on ne peut s'empêcher de penser que Carné avait "sans doute raison". La pression qu'il se mettait sur ses épaules, il devait la rejeter sur les autres, d'autant plus que le réalisateur a toujours été complexé par sa petite taille. On ne peut pas réaliser un tel chef-d'oeuvre en temps de guerre sans demander le maximum, et plus, à tout le monde. Que l'on s'imagine : les matériaux de construction sont rares, la pellicule est rationnée, l'électricité intermittente, sans compter tous les problèmes liés à un tournage qui s'étale sur plus d'un an.
    *
     Celui-ci, à peine entamé, est arrêté trois mois à cause du débarquement Allié en Sicile. A ce moment-là, les autorités allemandes interdisent au producteur Paulvé d'exercer son métier (à cause d'un lointain ancêtre juif) et le film manque d'être interrompu avant que Pathé n’accepte de le reprendre. Le décor du Boulevard du Temple est gravement endommagé par une tempête, ce qui entraîne des dépenses supplémentaires (un million de francs alors que l'interruption en avait coûté dix sur un budget total de cinquante-huit millions de francs... en pleine guerre !).

     






    © DR - LES ENFANTS DU PARADIS p8

    31/10/2012 09:16

    © DR - LES ENFANTS DU PARADIS  p8


    Le film se poursuit durant quelques semaines au printemps 1944 à Paris au Studio Pathé, rue Francoeur, puis à ceux de Joinville. Durant ces prises, le directeur de la photo Roger Hubert (qui pour Carné a fait les lumières remarquées de Jenny, Les Visiteurs du soir et Thérèse Raquin) est pris sur un autre film (de Serge de Poligny). Un autre grand directeur de la photo le remplace, Philippe Agostini, qui s'était déjà occupé de la photographie du Jour se lève. Il confie qu'il a dû étudier attentivement le style d'Hubert car « raccorder posait des problèmes. Il travaillait avec peu de lumière, en prenant des risques, dans une manière plus proche de Schüfftan (Le Quai des Brumes - NDLR) que la mienne... Je crois être parvenu à une bonne imitation. » Agostini tourne notamment la scène de la loge avec Brasseur et Arletty, lorsqu'elle revient admirer Baptiste en cachette, ainsi que la scène finale de la roulotte lorsque Arletty s’éloigne. Mais malheureusement pour lui, son nom ne sera jamais au générique des Enfants du Paradis.
    Un oubli qui ne l'empêchera pas d'éclairer par la suite pour Marcel Carné Les Portes de la nuit et Le Pays d'où je viens.Le film achevé, Carné fait tout pour qu'il soit le premier à sortir à la Libération.Comme l'écrit Edward Turk:"Le film aura été un contrepoison patriotique à la défaite militaire."Georges Sadoul, pour sa part, explique notamment que Les Enfants du Paradis « représentait en 1943-1944 un acte de foi prodigieux, une cathédrale élevée à la gloire de l'art français à l'heure la plus terrible. » Carné doit se battre avec les producteurs pour que son film soit projeté en intégralité dans deux salles en exclusivité (le Madeleine et le Colisée) au lieu d'une seule et avec un entracte (le film fait plus de trois heures). Il accepte pour cela de doubler les prix des places. Il a également l’idée pour la première fois de permettre aux spectateurs de réserver leurs places, chose si commune de nos jours. Dès sa sortie, le film est un immense succès. Il reste à l'affiche plus de cinquante-quatre semaines au Madeleine.
    Cependant un évènement vient ternir la joie de Carné. Lors de la première au Palais de Chaillot le 9 mars 1945, Marcel Carné a la tristesse d'entendre son mentor Jacques Feyder lui lancer un laconique "Oui, c'est pas mal."Ni Feyder, ni Rosay ne parleront de leur collaboration commune dans leurs mémoires respectives. Pardonnez-moi ce long préambule, mais il m'apparaît important de bien restituer dans son contexte un film tel que celui-ci et de marquer le fait qu'un tel chef-d'oeuvre n'arrive pas par hasard.Venons-en au film proprement dit. Tout a déjà écrit sur ce film classé comme "le meilleur film français de tous les temps" par plus de six cents professionnels du cinéma en 1995 et que beaucoup, de par le monde, considèrent comme le plus grand film de tous les temps. Si je n'irais pas jusqu'à un tel extrême, il faut bien reconnaître que ce film continue de nous captiver plus de soixante ans après sa sortie. Cette histoire d'amour entre le mime Baptiste et la femme libre Arletty nous fascine par sa poésie, sa grâce, son romantisme.
    La manière dont les personnages secondaires, et leurs histoires parallèles, se croisent durant les trois heures de ce film hors norme, éblouissent tout comme la reconstitution de ce quartier de Paris autour de 1840. Outre que le scénario est plus complexe qu'il n'y paraît, les dialogues montrent que Jacques Prévert a été transcendé par cette histoire et par l'équipe qui l'a rendue réelle. Comment résister à l'envie de vous en citer quelques extraits à commencer par cette réplique de Garance (Arletty) à Frédérick Lemaître (Pierre Brasseur) : « Paris est tout petit pour ceux qui s'aiment comme nous d'un aussi grand amour ! » Garance qui quelques années plus tard dira à Baptiste : « Vous m'avez aidée à vivre pendant des années, vous m'avez empêché de vieillir, de devenir bête, de m'abîmer... Je me disais : tu n'as pas le droit d'être triste, tu es tout de même heureuse puisque quelqu'un t'a aimée. »
     





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