Décor signé Alexandre Trauner
*
*
*
Bien sûr il a été de bon ton de critiquer Carné pour cette ambiance de tournage, tout comme le coût d’un tel film (« Je dépense donc je suis » dira Henri Jeanson) ; mais quand on voit le résultat éblouissant à l'image, on ne peut s'empêcher de penser que Carné avait "sans doute raison". La pression qu'il se mettait sur ses épaules, il devait la rejeter sur les autres, d'autant plus que le réalisateur a toujours été complexé par sa petite taille. On ne peut pas réaliser un tel chef-d'oeuvre en temps de guerre sans demander le maximum, et plus, à tout le monde. Que l'on s'imagine : les matériaux de construction sont rares, la pellicule est rationnée, l'électricité intermittente, sans compter tous les problèmes liés à un tournage qui s'étale sur plus d'un an.
*
Celui-ci, à peine entamé, est arrêté trois mois à cause du débarquement Allié en Sicile. A ce moment-là, les autorités allemandes interdisent au producteur Paulvé d'exercer son métier (à cause d'un lointain ancêtre juif) et le film manque d'être interrompu avant que Pathé n’accepte de le reprendre. Le décor du Boulevard du Temple est gravement endommagé par une tempête, ce qui entraîne des dépenses supplémentaires (un million de francs alors que l'interruption en avait coûté dix sur un budget total de cinquante-huit millions de francs... en pleine guerre !).