Raphaële Godin ou Coralie Revel 
(elles apparaissent ainsi l'une et l'autre et...euh...
dans cette tenue ch'ais plus qui est qui.)
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Cela dit j'aurai pu mettre la trogne de Jean Claude Brisseau
pour illustrer l'interview...faut voir
 
 
Interview (part1)
Objectif Cinéma : En voyant vos films, je pense à John Ford, lorsque vous inscrivez vos personnages dans un mouvement de mélancolie lors d'un voyage. Il y a aussi la famille, lieux de tous les affects que Ford et vous-mêmes avez su transmettre au cinéma.
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Jean-Claude Brisseau : John Ford, je l'aimais bien quand j'avais dix ou douze ans alors que je ne savais même pas qu'il s'appelait John Ford ! Il y a un sentiment tragique de la vie que j'aime beaucoup chez lui, venant probablement de la nostalgie d'un monde définitivement perdu et d'un amour perdu aussi. Il y a souvent dans ces films, un héros amoureux d'une femme depuis plus de vingt ans et qu'elle ait vieillie ou non ne change rien. Cet amour est fidèle. La solitude et le déracinement sont aussi au cœur de Ford, qui tente de retrouver le pays ou la mère originelle dans le désert, symbole de la souffrance qu'elle soit amoureuse ou philosophique.
Objectif Cinéma : Je retrouve dans vos films ce sentiment de mélancolie et de perte qu'incarnent vos personnages au milieu d'un paysage. Le paysage est à l'unisson des états d'âmes et il devient charnel et métaphysique. Je pense notamment à Céline mais aussi à Les Savates du bon Dieu.
Jean-Claude Brisseau : John Ford utilise ces paysages de façon quasi mystique. A la limite du mystique et de la poésie et cela m'a guidé durant toute ma vie.
Objectif Cinéma : La représentation du désir féminin est aussi un enjeu dans tous vos films, avec parfois des effets de miroirs d'un film à l'autre. Notamment dans L'Ange Noir où Paul fait un rêve érotique. Il y a un travelling avant sur le corps de la femme et c'est exactement la même position dans Céline avec le mouvement de la main de l'homme, toujours dans un fantasme aussi dans De Bruit et de Fureur Et chaque femme a sa couleur : blanc et bleu pour la fée / sorcière De Bruit et de Fureur, l'or pour Céline, le rouge pour Sylvie Vartan l'ange noir.
Jean-Claude Brisseau : Je dois dire que c'est fait exprès dans la mesure où j'aime travailler sur des motifs. Pour mon premier film, Un jeu brutal, je voulais que la couleur soit celle de l'herbe jaunie par le soleil en septembre. Il s'agissait de dire qu'après toutes les brûlures de la passion qui sont en partie terminées, il ne reste plus que cette herbe brûlé et jaune. J'ai obtenu un film bleu, ce qui ne m'a pas beaucoup plu.
 N'exagérons pas, car il y cette couleur dans une séquence mais bon, je n'ai pas réussi totalement mon projet de couleur. Pour aller dans ce sens du féminin que vous remarquez, je me souviens que l'on m'avait demandé pour Noce Blanche avec la jeune Vanessa Paradis, si je n'avais pas pu écrire l'inverse, à savoir filmer l'histoire d'une femme de quarante ans environ, tombant amoureuse d'un jeune homme. 
Or je voulais que l'homme (Bruno Cremer) , qui a peur de cette toute jeune fille, lorsqu'il regarde soit saisi par cette vision, qu'il la reçoive comme un cadeau de Noël. Je travaille toujours ces scènes très minutieusement, car je dois moi aussi recevoir cette jeune femme comme un cadeau, raison pour laquelle je contrôle la lumière pour observer et étudier son corps, ses mouvements afin de savoir comment je vais la filmer et cela je ne peux pas le faire pour un homme ! (rires)
Objectif Cinéma : Il me semble que vous recherchez dans tous vos films à représenter ce féminin et j'aimerai savoir si vous avez envie de réaliser un film entièrement pris dans ce désir de représentation, d'aller au delà du miroir, je pense notamment à cette scène surréaliste dans Céline où Tchéky Karyo a une vision érotique dans le bureau de l'avocat.
Jean-Claude Brisseau : C'est ce que je veux faire depuis cinq ans et à chaque fois je ne peux pas. Le projet est toujours refusé ou du moins reporté, car tout le monde a la trouille.
Objectif Cinéma : Qui a peur ?
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Jean-Claude Brisseau : Je ne sais pas. J'ai raté quelque chose. Tout le monde me l'a dit ,et ça je ne m'en rendais pas compte, que j'avais eu une chance extraordinaire, une ascension fulgurante dans les années 89/90, que je pouvais tout me permettre dans le cinéma. Or j'ai déçu les attentes de tout le monde en faisant un "petit film" Céline, déconcertant certains qui pensaient que j'allais dans une certaine voix balisée du cinéma. Honnêtement, j'aurai aimé faire des "gros" films importants de tant en tant, et encore ça dépend desquels, mais surtout continuer l'expérimental, faire des tous petits films, explorer une voix du cinéma, comme avec Céline. 
A la même époque, j'avais aussi un projet de film La chose Secrète, une version féminine De bruit et de fureur. J'avais obtenu le fond de soutien et je voulais le payer moi-même. Je produis toujours mes films et pour l'anecdote, quinze jours avant le début du tournage de L'Ange Noir, Alain Sarde le producteur m'annonce qu'il n'a plus assez d'argent pour mon film. En fait, il préférait que ce soit moi qui mette l'argent, c'est tout. Tout comme Les Savates du Bon Dieu où les producteurs n'ont quasiment pas mis un centime. Je dois dire que ça m'emmerdait assez, car j'aurais bien aimé cet argent-là et financer seul La Chose secrète.
Objectif Cinéma : Qu'en est-il maintenant du film ?
Jean-Claude Brisseau : Le film doit pouvoir se monter actuellement et ce sera filmer l'érotisme.