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©-DR-MIELE de Valéria Golino (2013) p14
21/02/2015 03:47
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©-DR-MIELE de Valéria Golino (2013) p15
21/02/2015 04:01
SENS CRITIQUE
Critique publiée par Patrick Braganti le 27 septembre 2013
Pour son premier long-métrage en tant que réalisatrice, la comédienne italienne Valeria Golino, qu’on a pu voir notamment dans Respiro, Actrices ou Les Beaux Gosses, n’a pas choisi la facilité – au moins, accordons-lui cette ambition. En effet, elle dresse le portrait d’Irène, une jeune fille plutôt solitaire, que son entourage imagine étudiante, alors que, sous un nom d’emprunt, Miele, elle aide des personnes en phase terminale à mourir dans la dignité à l’aide de produits vétérinaires qu’elle se procure sans ordonnances lors de ses séjours réguliers au Mexique.
Au sein d’une organisation clandestine, au sujet de laquelle la réalisatrice reste dans le flou, Miele assure avec tact et distance ses missions jusqu’au jour où son nouveau ‘client’, un certain Monsieur Grimaldi, a recours à ses services, non pour motif de maladie incurable ou dégradante, mais parce qu’il est à ce point dégoûté de l’existence qu’il préfère mettre fin à ses jours mais ne trouve pas lui-même le courage de se suicider.
Paradoxalement, Miele souffre de l’évolution volontariste du scénario qui conduit d’une part à la prise de conscience de la jeune fille sur son étrange activité (pas tant son bien-fondé que son rejaillissement sur sa propre vie) et d’autre part à l’ébranlement de l’homme désireux d’en finir dans ses certitudes, les deux se rapprochant dans une amitié intime, sinon équivoque et paternaliste.
On préfère davantage le film lorsqu’il montre Miele dans l’accomplissement de ses missions, l’organisation de ses voyages et la complexité de ses rapports aux autres (père, amant, rares amis) biaisés par la falsification. Habitant une petite maison au bord de la mer, Miele éprouve le besoin viscéral de s’y plonger dans une intention de purification et, peut-être, d’oubli.
Le film ne porte aucun jugement sur la pratique illégale (et très controversée en Italie, comme le montrait en avril dernier La Belle Endormie de Marco Bellocchio) de l’euthanasie, mais s’intéresse aux répercussions psychologiques sur Miele. Le ton est souvent inattendu, privilégie les ruptures à l’aune d’une héroïne fragmentée et perdue à laquelle la jolie Jasmine Trinca prête ses traits anguleux et androgynes.
Le film n’évite cependant pas quelques afféteries (utilisation de la musique, flous artistiques et images très léchées) et fonctionne sur la répétition (les déplacements outre-Atlantique et les ‘opérations’ toujours captées avec justesse, sans apitoiement lacrymal ni détachement cynique), c e qui, au final, circonscrit l’ensemble à un tableau qui, dans une dénaturation dommageable, perd sa singularité pour gagner en convention et normalisation. Comme si, en définitive, Valeria Golino avait craint d’aller jusqu’au bout de son sujet inhabituel et (faussement ?) dérangeant.
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©-DR-MIELE de Valéria Golino (2013) p16
21/02/2015 04:12
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©-DR-MIELE de Valéria Golino (2013) p17
21/02/2015 04:14
Critique publiée par C-L le 15 octobre 2013 Je veux bien t’aider à mourir…mais seulement si tu en as vraiment besoin. Je ne te tue pas, j’arrête tes souffrances. Tel est le discours que se répète Mielequi, au quotidien, traverse la frontière mexicaine pour acheter des barbituriques mortels destinés aux animaux.Les chiens, quand ils souffrent, on les pique. Pourquoi pas les hommes ?
Miele appartient à une organisation calibrée dirigée par un médecin italien d'un hôpital romain. Elle effectue son travail sérieusement et par étape: à l'issue du processus, seul le malade peut effectuer le geste fatal, personne d'autre n'en prend la responsabilité. De son côté, Miele veille à ce que ces derniers moments soient les plus paisibles possibles : un intermède musical choisi par le « client » accompagne son chemin mortuaire, des petits chocolats sont disposés sur le plateau, entre les anxiolytiques et le poison. Une fois la vie terminée, Miele prend son enveloppe et retourne dans sa cabane au bord de la plage. Cette partie de sa vie, personne ne la connaît. De toute façon, il n’y a pas grand monde: son père veuf, un peu seul, à qui elle vient rendre visite de temps en temps à Rome, son amant, un père de famille un peu dépassé et quelques amis.
Rien ne se passe vraiment dans la vie de cette jeune italienne ; rien ne semble l’atteindre. Son « travail de merde » comme lui fait constater la sœur d’un client, il lui convient très bien.Pourtant, le jour où elle découvre qu’un client à qui elle a remis des barbituriques n’est pas malade, elle ne le supporte pas. Elle veut bien contribuer à arrêter les souffrances physiques mais la fatigue mentale, la vie s’en accommode. On ne joue pas avec la mort.Miele a donc une morale, mais sa ligne de conduite est difficile à cerner. En entrant dans la vie de ce client, pour récupérer le produit qu’elle lui a donné, elle se trouve confronter à ses propres contradictions. Pourquoi la souffrance physique justifie t’elle davantage la fin de vie qu’une maladie mentale ? Pourquoi un client dépressif est-il moins convaincant qu’un tétraplégique ? Et qui faut-il convaincre?
La mort est toujours une épreuve, quel que soit ce qui la provoque. Elle laisse des regrets à ceux qui restent et un voile d’appréhension sur le visage de celui qui part. On a peur de la mort, même si on l’attend un peu. Pour Miele, le visage de ses clients dans leurs derniers instants est toujours effrayé, comme si soudain, ils avaient changé d’avis.Face au cynisme de ce dernier client, Miele perd pied. On ne plaisante pas avec la mort, même quand on la commercialise.Pour son client au contraire, la mort est une formalité. Il la veut simple, sans spectacle. Un coup de feu, une défenestration, ce n’est pas assez intime, il va déranger tout le quartier! Se suicider proprement est une opération compliquée. Voilà pourquoi il préfère se faire aider.
Le film de Valeria Golino fait réfléchir mais ne va finalement pas très loin. On sort de la salle en se disant qu’effectivement, l’euthanasie est moralement compliquée et qu’il est difficile d’imposer à quelqu’un d’en prendre la responsabilité. Si quelqu’un souhaite mourir, la société préfère le suicide à la mort assistée. Le film se termine sur ce constat cynique et désabusé...ni pamphlétaire, ni spectaculaire, le message n'en reste pas moins dérangeant...
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©-DR-MIELE de Valéria Golino (2013) p18
21/02/2015 08:49
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