Le réalisateur Julio Medem
*
La critique de CINEMATOGRILL
Julio Medem est un réalisateur espagnol qui est très peu connu en France, mais c’est à mon sens l’un des cinéastes ibériques le plus intéressant. Ses œuvres allient à la fois, sexe et poésie. Je vous assure que c’est possible. Dans ses œuvres, rien n’est vulgaire, rien n’est sale, tout n’est qu’amour, plaisir, passion et onirisme. Room in Rome ne déroge pas à cette règle.
Décryptage
L’histoire : Une jeune femme espagnole homosexuelle rencontre une jeune femme russe hétérosexuelle dans les rues de Rome; la première invite la deuxième à passer la nuit dans sa chambre d’hôtel où va naître entre elles une passion qui, selon leur accord, ne doit durer qu’une seule nuit.Un beau huis clos passionnel
Le film est conçu presque comme une pièce de théâtre érotique, il répond à certaines règles du théâtre classique: unité de lieu, unité de temps, unité d’action. Medem réussit en utilisant ce procédé à capter l’essentiel c’est-à-dire la passion entre les deux jeunes femmes. Pour autant, le film est beaucoup plus intéressant que ce que l’on peut en déduire de son simple résumé (et de son condensé d’extraits de 12 min sur XHamster mais cela on y reviendra tout à l’heure).
Room in Rome me fait penser à un film français, assez intéressant, du début des années 90 qui était « Nuit d’été en ville » de Michel Deville.(ben pas moi !! je me suis hyper barbé durant ce film) Un film où la regrettée Marie Trintignant et le sous-exploité Jean Hugues Anglade incarnaient deux inconnus qui vivaient leur première nuit ensemble et en profitaient pour se livrer des éléments sur leur vie personnelle autour de l’amour. Ici, le film de Medem reprend le même concept mais là où le film de Deville pouvait passer pour un film assez répétitif et parfois chiant (n’ayons pas peur des mots) (nous sommes d'accord)celui de Medem est extrêmement intéressant.
Ce dernier utilise un jeu de rôles entre les deux protagonistes principaux,où chacune tente d’obtenir de l’autre un maximum d’informations sur l'autre tout en racontant de belles histoires teintées de mensonge pour ne pas se dévoiler .de plus il a l’habileté de laisser persister le suspense sur l’issue de leur nuit passée ensemble jusqu’à la dernière scène du film .
Un film alliant à la perfection sensibilité et érotisme
Room in Rome reste avant tout à l’image de tous les autres grands films de la filmographie de Julio Medem c’est-à-dire un drame érotique. Les deux actrices sont nues pendant 90% du film et il y a deux ou trois scènes de sexe lesbiennes assez réalistes; mais Medem impose sa patte et sa mise en scène assez sensible et bienveillante. L’effet est immédiat, passé la première demi-heure, la tension érotique s’estompe entre les scènes de sexe et on oublie même parfois que les actrices sont nues. (j'imagine qu'on finit par s'habituer)
Medem nous offre certains plans tout justes superbes extrêmement bien accentués par la B.O qui transforme ce huis clos érotique en un ballet amoureux sublime. À l'instar de son autre grand film « Lucia y el sexo », Medem livre avec Room in Rome, un joli poème érotique. Ce qui est frappant, c’est que ce film est sorti en direct to dvd en janvier 2012 soit plus d’un an avant « La vie d’Adèle » et je trouve le film de Medem mieux réussi que le film de Kechiche. Bien sûr Adele est un excellent film mais il manque cette sensibilité que l’on ne retrouve que dans le film de Medem ; déjà parce que les scènes de sexe ne ressemblent pas à un film « porno lesbien » comme c’est le cas dans « la vie d’Adèle »; puis contrairement au film de Medem, le film de Kechiche part dans l’expression d’une forme de violence : violence des sentiments, violence du conteste social, lutte des classes.
Je ne vois pas quoi vous dire de plus pour vous convaincre d’aller voir le film sauf que ce film confirme l’admiration que j’ai pour Medem et qu’il est pour moi, avec Pedro Almodovar, Alejandro Amenabar et Alex De la Iglesia, l’un des meilleurs réalisateurs espagnols encore en activité. Si vous voulez un moment de douceur et de beauté dans ce monde de brutes, alors je vous conseille ce film.
Willard