à droite Woody le (riche)futur marié
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Critique publiée par Obstiné le 17 mars 2012
Je n'avais pas regardé un film depuis deux semaines. Dans ces cas là, j'adore commencer par un petit Marx Brothers ou un Woody Allen, un film court et drôle, sans prise de tête. Cette fois, c'était Hellzapoppin, et j'en jubile encore.
Enfant, je suis sûr que vous en avez tous rêvé. Retranscrire dans un film la folie d'un Bugs Bunny ou d'un Tex Avery, les explosions, les éclairs qui traversent l'écran, les inventions loufoques. Et si vous n'en avez pas rêvé, je suis certain que m'a description vous a donné envie.(euh...) Ne cherchez plus, H. C. Potter l'a fait. Hellzapoppin, c'est du grand n'importe quoi, une vaste parodie, un accident, une aventure géniale où l'on voit tous les prémisses, les inspirations de l'humour qui suivra.
En 1914, Ole Olsen et Chic Johnson sont d'abord deux musiciens de jazz. Petit à petit, ils montent sur scène en tant que comiques, mais des comiques assez négligeables dont le seul moyen de faire rire est d'utiliser — de voler — de très vieilles ficelles. À force de faire de la scène, un petit miracle se produit. Les deux clowns escrocs deviennent des génies du grotesque et du burlesque, des artisans du portnawak. Leur spectacle est alors fondé sur des explosions, des tirs d'armes à feu, des fruits, des légumes, des canards, des vaches.
En 1938, Ole et Chic font Hellzapoppin, une comédie musicale à Broadway. C'était l'exact concentré de leur personnalité : un spectacle complètement perché, où ils brisent allègrement le quatrième mur, des gags toutes les cinq secondes. Ils ouvrent alors le spectacle sur Hitler parlant avec l'accent yiddish. Et tous les soirs, quelque chose de nouveau. Je vous le dis, mais c'est bien parce que c'est vous : ça a duré 1404 soirs.
En 1941, Universal a enfin la bonne idée de faire d'Hellzapoppin un film. Les deux comédiens montrent encore leur capacité à innover. Le film raconte l'histoire... quelle histoire, d'abord ? On sait qu'il y a un tournage, qu'Ole et Chic font un film, qu'il faut rajouter une histoire d'amour pour satisfaire le réalisateur. On sait que Jeff aime Kitty mais que Woody est riche. On sait que Betty aime le Prince Pepi (Mischa Auer est grand) un réel comte russe qui se fait passer pour un faux. On sait que Quimby, un détective privé aux capacités de camouflages hors du commun, rôde pour aiguiller le spectateur (ou l'embrouiller, c'est selon).
Je n'ai pas envie de lister les gags,(ouf!) et de vous gâcher le plaisir. Il faut juste savoir que comme la comédie musicale de laquelle il est adapté, Hellzapoppin est bourré d'innovations, qui même si elles ont déjà été faites avant (je pense au personnage qui s'adresse directement à la caméra) sont poussées plus loin, toujours plus loin. Encore aujourd'hui, il y a dans le film une modernité jouissive des jeux de caméras et de point de vue, des effets spéciaux, des objets du décor qui sont des mines d'inspiration.
Et évidemment, on rit. Tous les genres d'humour sont représentés, le running-gag, le comique de situation, les références(« Je pensais qu'ils avaient brûlé ça »), lesdialogues absurdes : tout est là. Et même la partie comédie musicale est réussie (voir ce petit bout de génie : http://www.youtube.com/watch?v=R0BHxhUnokU ).Quel dommage que le petit Stinky Miller n'ait pas pu voir la fin.