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 CINEMA :Les blessures narcissiques d'une vie par procuration
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CINEMA :Les blessures narcissiques d'une vie par procuration

VIP-Blog de tellurikwaves
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  • Créé le : 10/09/2011 19:04
    Modifié : 09/08/2023 17:55

    Garçon (73 ans)
    Origine : 75 Paris
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    ©-DR-CAMILLE CLAUDEL fin

    25/01/2015 15:25

    ©-DR-CAMILLE CLAUDEL   fin


     

    Camille aime sculpter. C'est même son unique préoccupation. Qu'il pleuve ou vente, elle parcourt les carrières de Paris à la recherche de terre glaise, matériau essentiel à son art. Seul son père semble la comprendre. Elle a du talent, et elle le sait. Aussi décide-t-elle de travailler dans un atelier qu'elle loue avec son amie Jessie. Les deux jeunes femmes ont un rêve : travailler avec Rodin, le plus grand sculpteur contemporain, qui débordé de commandes, a besoin d'assistants. Elle vont solliciter un entretien avec le Maître et voudraient ses conseils.

    Nous sommes en 1883. Camille présente un pied en marbre, admirable, tellement que Rodin le signe comme s'il était de lui-même...Ils commencent à sculpter ensemble. Ou plutôt, elle sculpte pour lui nombre de chefs-d'oeuvre qu'il paufine à peine, avant d'apposer son nom. L'art de Camille est volé, mais elle aime, et accepte. Elle lui sert de modèle : plus qu'une égérie, elle est l'Inspiration. Une passion dévorante les transcende tous les deux. Mais Camille voudrait se consacrer à sa propre sculpture, avoir du temps, de la matière, un espace à elle. Rodin loue une maison à Meudon la Forêt, où Camille s'installe, mais où lui, partagé entre elle et la mère de son fils, Rose Beuret, n'est là que par grande intermittence.

    Camille, seule, crée des oeuvres déchirantes et sublimes, mais le milieu artistique, peu habitué aux femmes sculpteurs, la dédaigne. On l'accuse de plagier Rodin, alors que dès l'enfance son style était déjà aussi élaboré que déterminé. Peu de personnes la soutiennent, hormis son ami Debussy. Quant à sa famille, elle est en conflit permanent avec elle, y compris Paul à qui elle voue pourtant un amour sans limites. Mais de toutes façons, il voyage tant qu'elle ne le voit guère. Elle voudrait un enfant, mais fait une fausse couche la laissant dans un état de faiblesse extrême. Son désespoir et sa solitude de plus en plus profonds l'entraînent peu à peu dans la folie.

    Accablée de dettes, car le bronze coûte une fortune, seule, car Rodin l'a abandonnée en 1898 alors qu'elle a 34 ans, méprisée par la critique au Salon des Indépendants, Camille se laisse progressivement couler. En décembre 1905 aura lieu sa dernière grande exposition chez Blot, puis en 1906, elle casse une grande partie de ses sculptures, comme elle commence à se détruire elle-même. En 1913, Camille a 48 ans lorsque son père meurt, et plus rien n'empêche le reste de sa famille de la faire arrêter et interner...Elle restera 30 ans à l'asile avant d'y finir sa vie.

     






    ©-DR-LA REINE MARGOT de Patrice Chéreau (1994)

    26/01/2015 03:15

    ©-DR-LA REINE MARGOT de Patrice Chéreau (1994)


    La Reine Margot

    est un film français réalisé par Patrice Chéreau en 1994 d’après le roman du même nom d'Alexandre Dumas père. Le film a reçu deux prix au Festival de Cannes 1994 et cinq Césars en 1995.

     

     

    La vie à la Cour et à Paris, entre les « Noces vermeilles » et
    *
    Résumé
    Août 1572. Paris est en ébullition. Le protestant Henri de Navarre, futur Henri IV (Daniel Auteuil), s'apprête à épouser Marguerite de Valois (Isabelle Adjani), dite Margot. Catholique, fille de France, elle est surtout la fille de Catherine de Médicis (Virna Lisi) et la sœur de l'instable roi Charles IX (Jean-Hugues Anglade) et des ambitieux princes Henri (Pascal Greggory) et François (Julien Rassam). Les deux époux ne s'aiment pas.

    Il s'agit d'un mariage politique, orchestré par Catherine de Médicis, destiné à ménager sur le plan diplomatique les susceptibilités du pape Grégoire XIII et de l'Espagne d'une part, des États protestants d'autre part, et surtout à apaiser les haines et les rivalités à l'intérieur du royaume entre le parti catholique du duc Henri de Guise (Miguel Bosé) et la faction protestante menée par l'Amiral Gaspard de Coligny (Jean-Claude Brialy).

    La peur, l'hostilité et la violence se ressentent jusque dans Notre-Dame, où le mariage est célébré. Les frères de Margot affichent une morgue sans retenue et ne cachent pas les relations ambiguës qu'ils entretiennent avec leur sœur. Margot est une princesse arrogante et volage. La reine Catherine ourdit un complot le jour même des noces de sa fille.

    Chacune des parties cherche à en découdre et la maladresse de la Reine mère, couplée avec les ambitions contraires des divers protagonistes, sans oublier la faiblesse du roi et le goût du pouvoir des princes, fera basculer le pays tout entier dans un terrible massacre, six jours seulement après le mariage. Ce sont ces sombres heures qui feront découvrir à Margot des notions qu'elle ignorait jusqu'alors : l'altruisme, l'amitié et l'amour.

    Fiche technique

    Cast

     

    Nominations

    Récompenses

    Lieux de tournage

    Le tournage a eu lieu du 10 mai au 3 décembre 1993.

    France

    • Aisne
      • Saint-Quentin ; le mariage d'Henri et de Marguerite a été tourné dans la basilique, les cathédrales Notre-Dame de Paris et Notre-Dame de Reims étant trop fréquentées.

    Portugal

    *

    Autour du film

    • Une précédente adaptation du roman de Dumas est sortie en 1954, réalisée par Jean Dréville d'après un scénario d'Abel Gance, avec Jeanne Moreau (voir : La Reine Margot).
    • Il est conseillé de ne pas attacher d'importance à la vraisemblance des acteurs : lors de leur mariage, Henri et Marguerite avaient 19 ans, donc moins de la moitié de l'âge de ceux-là.

    « Je me suis demandé où trouver un exemple moderne de féodalité, de vassalité, ou de dépendance. J'ai pensé à la Mafia. Dès lors j'ai substitué à ces mauvaises images celle du Parrain ou des Affranchis que Scorsese a eu la bonne idée de sortir alors que nous étions en train de travailler. [...]. Et j'ai bien retenu cette phrase de Visconti quand il préparait Les Damnés : « Raconter l'histoire d'une famille monstrueuse à l'intérieur de laquelle tous les crimes restent impunis. »

    — Patrice Chéreau, lors d'une interview par Serge Toubiana, dans Les Cahiers du cinéma,  479/ 480, mai 1994, . 479/ 480, mai 1994, .

     

     

    *

    Préparation

    Le film est une coproduction européenne qui engage la France, l'Italie et l'Allemagne[4]. Il est tourné entre la France et le Portugal sur plus de six mois en 1993 et nécessite un budget initial de 120 millions de francs qu'il dépasse de 20 millions[4]. Pour ce projet de longue date dont Claude Berri est le producteur principal et qui manque d'être abandonné à plusieurs reprises, Patrice Chéreau sollicite Danièle Thompson avec laquelle il coécrit le scénario sur plusieurs années[5],[4]. Durant l'écriture, plusieurs actualités (Première Guerre du Golfe, guerres ethniques d'ex-Yougoslavie...) viennent nourrir l'inspiration des deux auteurs[4].

    Le casting est éclectique et internationale[4]. En plus de grandes stars françaises (Isabelle Adjani, Daniel Auteuil et Jean-Claude Brialy), Chéreau engage certains de ses acteurs fétiches comme Jean-Hugues Anglade, Dominique Blanc et Pascal Greggory et ses anciens élèves du Théâtre des Amandiers de Nanterre comme Vincent Pérez, Bruno Todeschini et Jean-Philippe Écoffey[4]. Parmi les interprètes internationaux, on retrouve les Italiens Virna Lisi, Asia Argento et Claudio Amendola, l'Espagnol Miguel Bosé ou encore l'Allemand Thomas Kretschmann[4].Réalisateur de quatre films précédemment, Chéreau déclare : « C’est avec La Reine Margot que j’ai appris à faire du cinéma. »[5].

    D'une ambition esthétique manifeste, l'œuvre est jugée par son auteur plus « élisabéthaine » que « shakesparienne » et proche de Christopher Marlowe pour l'idée d'une violence sourde, prête à jaillir à chaque instant[4]. Chéreau avait d'ailleurs mis en scène, en 1972 au TNP de Villeurbanne, Le Massacre de Paris de Marlowe, consacré à la nuit de la Saint-Barthélémy[6].

    Si le film puise autant son inspiration dans le théâtre et la littérature que la peinture (Francisco de Goya, Théodore Géricault, Eugène Delacroix, Francis Bacon), il cherche également à s'inscrire dans la lignée d'un cinéma d'auteur de prestige mêlant famille, pouvoir, folie, décadence, sexe et barbarie à l'instar de L'Impératrice rouge de Josef von Sternberg, Ivan le Terrible de Sergueï Eisenstein, Macbeth d'Orson Welles, Hamlet de Laurence Olivier, Les Damnés de Luchino Visconti ou encore Aguirre, la colère de Dieu de Werner Herzog[5],[4],[7].

    Le film est exploité sur deux versions : l'une française de 2 heures 40 et l'autre internationale, raccourcie de vingt minutes[4].

    En effet, les distributeurs américains de Miramax, Robert et Harvey Weinstein, exigent que l'œuvre soit légèrement remontée afin de réduire la durée et de mettre plus l'accent sur la relation entre La Môle et Margot[4]. Une scène de serment d'amour est donc réinsérée et réjouit Isabelle Adjani qui, en pleine promotion du film aux États-Unis en décembre 1994, juge qu'elle donne à l'ensemble plus de romantisme, d'émotion et de profondeur[8].

    Accueil critique et public

    « Étrange sentiment, en voyant cette Reine Margot, d'un film qui aurait des veines, un pouls, des vrais battements de cœur. Sang d'amour et sang de haine, mêlés. Et ces battements de cœur seraient dictés, rythmés par la violence, toujours, qui irrigue le film de Patrice Chéreau. C'est ce sang, c'est cette inouïe violence, ce sont ces battements de cœur qui en font une vraie, une grande réussite : La Reine Margot évite les pièges d'un cinéma qu'on feuilletterait comme un livre d'images. »

    — Serge Toubiana, dans Les Cahiers du cinéma,  479/ 480, mai 1994, . 479/ 480, mai 1994, .

    La Reine Margot reçoit un accueil critique mitigé lors de sa sortie qui coïncide avec sa présentation au 47e Festival de Cannes, certains lui reprochant son emphase et sa théâtralité[5],[4]. Il reste néanmoins le succès public le plus important de Chéreau et rassemble plus de deux millions de spectateurs en salles[4],[9].

    À propos de la critique, le réalisateur déclare :

    « On peut ne pas aimer La Reine Margot, mais il y a un cinéaste dans ce film, il y a de vrais, de longs moments de cinéma, je le sais. Je n’ai peut-être pas réussi à faire un film complet qui serait un événement de cinéma total. Un jour ou l’autre, on finira bien par me considérer comme un metteur en scène qui fait les deux. Ça ne se fait plus, alors que tous les exemples que j’ai, comme Welles ou Visconti, Bergman ou Kazan auxquels je ne me compare pas, ont fait les deux. Le cinéma mène un mauvais débat avec le théâtre : il est obsédé par l’idée de ne surtout pas être théâtral, alors qu’il y a de très grands films très théâtraux et que le cinéma est né du théâtre. Je revendique cette filiation et je revendiquerai toujours le passage de l’un à l’autre. Je ne ressens pas un manque de reconnaissance, pas depuis La Reine Margot en tout cas[7]. »

    Le succès du film vaut par la suite à Chéreau des propositions de la part d'Hollywood qu'il décline, préférant travailler en France[10].






    ©-DR-Interview d'Isabelle Adjani

    26/01/2015 04:09

    ©-DR-Interview d'Isabelle Adjani


     

    Interview LIBERATION : Isabelle Adjani

     

    Au cours de l’entretien, on est surpris par sa franchise et une certaine férocité aussi dans la formulation. Evasive lorsqu’on cherche à savoir ce qu’elle fabrique de ses journées quand elle ne tourne pas -

     «Je ne sais, je ne peux pas vous expliquer, ce n’est pas compréhensible pour les autres» -,

    elle est en revanche très précise quand il s’agit de faire le point sur sa carrière à la fois fulgurante et pleine de trous d’air, l’exposition médiatique, le star-system à l’heure d’Internet. Ce soir-là, elle parle pendant deux heures et demie, en sortie de scène, de toute évidence pas spécialement fatiguée. Il lui a fallu jouer après avoir lu les premiers papiers assassins sur la pièce parus dans la presse, d’où la première question.

    Q-Les mauvaises critiques continuent-elles de vous heurter ?

    Non, j’ai fait le travail thérapeutique adéquat. En revanche, j’ai toujours été stupéfaite par les traitements sadiques de ceux qui décident de vous corriger comme on dégueule son affect, comme si on n’avait pas été assez battu par son père, il faut se coltiner d’éternelles marâtres pour vous balancer le bouillon à la figure. La mise au supplice, c’est devenu un classique entre une certaine presse parisianiste et moi. Ils me font danser la même valse, il y en a toujours un ou une pour me dire : «Mais tu n’as pas mis les bons chaussons, ma petite, il faut que tu te mettes sur des pointes, tes pieds ne sont pas assez en sang.» Et puis, avec la bulle en expansion des réseaux sociaux, ces critiques prennent un plaisir hystérique à retweeter des articles injurieux. Règne en cette époque un esprit de propagande délatrice que je trouve horrible.

    Q-Vous n’avez pas de profil Twitter ou Facebook ?

    Non, ça me terrifie totalement quand je vois mon jeune fils là-dessus. C’est se livrer délibérément en pâture à un système qui va, à coup sûr un jour ou l’autre, vous victimiser, abuser d’un égarement dans le règlement tel qu’il a été instauré. Je crois que les gens vont le payer très cher. C’est Big Brother - et consenti qui plus est -, un œil qui vous observe, ne serait-ce qu’à travers la puissance du hacking policier qui permet de savoir qui vous êtes, ce que vous faites ou achetez à chaque seconde. Il n’y a pas de sécurité virtuelle dans le virtuel : c’est une traque permanente. Je ne serai jamais une geek.

    Et je m’accroche au papier parce que ça reste quelque chose qui me garde paradoxalement contestataire. Mais j’ai bien compris aussi qu’il faut désormais être sa propre petite agence d’automarketing : ne pas s’y plier est risqué sur le marché de la notoriété fluctuante. Impossible de ne pas voir, par exemple, que les actrices qui font la couverture des magazines sont désormais peu ou prou toutes liées aux annonceurs ; elles ont un contrat publicitaire avec un grand groupe, chose qui était considérée il y a quelques années comme un faux pas, une faute de goût… Oui, pour exister, il faut aussi être un produit. Tout s’est modifié.

    Quand je faisais Adèle H avec François Truffaut, je n’avais aucune proposition de contrat publicitaire de ce type, c’est venu bien plus tard. Or, pour une jeune actrice aujourd’hui, c’est la condition sine qua non de son existence : «Montre ta valeur et fabrique un désir de consommation qui est aussi le plus sûr moyen de provoquer le désir des producteurs et des cinéastes.» Des propositions de ce genre me sont arrivées, bien entendu, bien plus tard dans ma carrière, et j’ai été sous contrat pendant deux ans. Je ne le suis plus désormais, mais il y a toujours un sac à main qui porte mon nom !

    Q-Vous avez su maintenir un certain mystère sur votre personne, quelque chose qui est resté insaisissable, entre périodes d’absence et come-back…

    J’ai toujours eu un énorme problème avec le fait de s’exposer, de parler, puisque c’était contraire à mon apprentissage, à mes origines. Enfant, adolescente, culturellement, ce qui m’avait été inculqué, c’est «ne te fais pas remarquer, ne raconte rien !» On se tait, on n’ouvre pas la porte et quand on entend quelqu’un marcher dehors, on s’arrête et on écoute, à l’affût du danger.

    Actrice était d’évidence la pire profession que je pouvais embrasser parce que en rupture avec ce que j’étais, ma structuration identitaire. Au début, communiquer était comme rompre une forme d’autisme qui me protégeait des agressions extérieures. A 18 ans déjà, les journalistes me supportaient difficilement alors que je disais juste la vérité. Face à vos questions, à ces agressions orchestrées, je peux pas, j’y arrive pas, je veux pas…

    Ça me dérange. Il m’a fallu un temps fou avant de supporter, peut-être, ce que j’avais vécu depuis mon enfance, tout ce qui ne m’a pas permis de m’aimer, d’avoir l’estime et la confiance qui m’auraient été nécessaires pour faire face et supporter sans avoir sans cesse besoin de fuir. Quand je relis l’autobiographie d’Ingmar Bergman, où il raconte ses attaques de panique, je sais exactement de quoi il retourne. J’ai eu beaucoup de crises de panique dans ma vie d’actrice, paralysantes. Je pouvais tout laisser en plan, partir, sauter dans le premier avion. Combien de fois, par peur, j’ai déserté de cette façon ma vie et mes projets aux Etats-Unis avec cet irrépressible besoin de me réfugier chez moi ?

    Q-Pas seulement aux Etats-Unis. C’est aussi ce que vous avez fait en quittant brutalement Godard au début du tournage de Prénom : Carmen. Vous l’avez bien planté.

    Mon père était à l’hôpital en train de mourir. Pour moi, Godard fait partie de mon oxygène et Anna Karina de ma féminité, donc oui, ce film était une chose inouïe. Et pourtant, je ne pouvais me résoudre à être sur un plateau de cinéma alors que mon père agonisait, j’avais l’impression de l’abandonner. La vie m’a rattrapée tout le temps. La carrière, c’est vraiment une question d’organisation, de planification froide, d’un entourage qui est un peu à votre service et qui joue comme une agence conseil ou un garde-fou qui vous ramène dans le cadre quand vous en sortez.

    Mais j’ai toujours fonctionné à la fois comme un électron libre et un chef de famille. En cela je ne suis pas complètement une actrice, et il est désormais trop tard pour faire comme les autres. Je manque de pragmatisme, j’ai une grande difficulté à me placer dans l’ordre raisonné des choses, les calendriers, les horloges. Normalement, l’égoïsme intelligent c’est : «il y a un temps pour chaque chose», or, si on a besoin de moi, je pars en croisade. Alors là, non, j’ai pas le temps, j’ai pas le temps, j’ai pas le temps… Et puis, pardon, mais je n’ai planté personne, ça a donné sa chance à Maruschka Detmers et mon départ de Prénom : Carmen est aussi et/ou encore un geste godardien ! [Rire]

    Q-Vous êtes passée très jeune d’un univers prolétaire - votre père garagiste, l’appartement en cité HLM - à un star-system chromé. Ça monte au cerveau ce genre de choses, non ?

    Etre en présence de gens célèbres, franchement, je m’en foutais. Pendant longtemps, même, les rencontrer a été une épreuve. Lorsque j’ai vécu avec Warren Beatty, si Madonna venait dîner à la maison, je me cachais, je ne voulais pas la rencontrer. [Elle éclate de rire]

    Q-Quel a été le déclic dans votre histoire avec Warren Beatty ?

    L’homme qui m’intéressait, ce n’était pas la star qui avait explosé dans Bonnie and Clyde, mais le réalisateur et producteur de Reds[sur John Reed, journaliste communiste couvrant la révolution russe en 1917, ndlr]. Sans ce film, il n’y aurait jamais eu d’idylle. J’étais à Los Angeles pour présenter un film, il était habillé tout en blanc, au bord d’une piscine, avec une dégaine à la Gatsby. Il était très désespéré à cause d’une rupture avec Diane Keaton. Et j’ai regardé ce personnage désemparé. A cette période, il préparait un film sur Howard Hughes. Mais il a décidé d’abandonner le projet parce qu’il est rentré dans LA peur phobique que ce serait son film testamentaire : s’il le faisait, il en mourrait.

    Les êtres vers lesquels j’avais envie d’aller n’étaient pas ceux qui avaient le coefficient de notoriété le plus élevé. Je préférais traîner avec André Téchiné et Roland Barthes quand j’avais 19 ans. J’adorais Barthes, tellement douloureux et doux. Je pense aussi à Anne-Marie Rassam [épouse de Claude Berri, elle s’est défenestrée en 1997 de l’appartement de la mère d’Isabelle Adjani] et son frère, le producteur Jean-Pierre Rassam [qui a notamment produit la Grande Bouffe, il s’est suicidé en 1985 en avalant médicaments et somnifères] : ils ont été ma nouvelle famille à mes débuts, ils voulaient vraiment s’occuper de moi, que je travaille avec les plus grands cinéastes. Ça les amusait beaucoup de me voir indifférente à tout le tohu-bohu de folie autour de ma jeune personne. Si Jean-Pierre Rassam avait dirigé la Gaumont et ne se l’était pas fait piquer par Toscan du Plantier, le chemin que j’ai suivi aurait été tout autre.

    Q-Vous aviez des relations compliquées avec Toscan ?

    A l’époque, des cinéastes vous appelaient et vous faisaient passer des scripts, et finalement, le rôle vous était retiré ! En revanche, Isabelle Huppert, compagne de Toscan, écrasait la concurrence. Je suis la première à chanter ses louanges - elle a fait une carrière remarquable - mais la suprématie d’Isabelle Huppert a, dans ces années-là, polarisé le secteur de façon assez mémorable. C’était drôle, je recevais des coups de fil d’autres comédiennes : «Ah, toi aussi, il t’arrive la même chose ?!»

    Q-Oui, et en même temps vous avez refusé à Pialat de jouer Loulou et Huppert l’a fait à votre place.

    Et tant mieux, elle a marqué ce film d’une empreinte sans pareille. Ce cher Maurice s’est vengé quelques années plus tard. Quand j’ai eu un césar pour l’Eté meurtrier, le césar du meilleur espoir a été attribué à Sandrine Bonnaire pour A nos amours, et Pialat avait déclaré, en parlant de moi : «Elle joue comme un cochon !»[Elle éclate de rire] Ça avait fait un gros titre dans un quotidien. C’est des moments qui me manquent, même les coups bas étaient marrants. Il y avait une façon émouvante de se payer la tête de l’autre, ça n’a rien à voir avec le côté dégueulasse d’aujourd’hui. C’étaient des gens que j’aimais… inspirés, cultivés, authentiquement fous, au risque d’y perdre la vie d’ailleurs.

    Q-Vous avez eu avec Bruno Nuytten le rêve du couple artistique et amoureux sur le modèle John Cassavetes-Gena Rowlands mais ça n’a pas duré. Pourquoi ?

    Je ne m’en consolerai jamais. Dans l’après-Camille Claudel, on avait le projet de plusieurs portraits de femmes, on voulait faire un film par an. Mais Bruno, immensissime chef opérateur [il a fait l’image notamment des Valseuses de Blier, d’India Song de Duras et du Détective de Godard], ne s’est mis à la réalisation que parce qu’à l’époque, en 1987, la rumeur est entrain de m’enterrer vivante [le 18 janvier 1987, Isabelle Adjani est au 20 heures de TF1 pour faire taire une rumeur selon laquelle, malade du sida, elle serait mourante ou morte] et il a écrit et porté le film pour me sauver comme femme et actrice.

    Il s’est littéralement sacrifié. Camille Claudel réalisé, et ni le film ni moi ne lui appartenant plus, il a vécu comme insultant et injuste d’être présenté comme l’exécutant du désir d’Adjani. C’était absolument faux évidemment, mais je ne suis jamais parvenue à le dissuader du contraire. L’échec de cette association magnifique, que je n’arrive toujours pas à comprendre, a scellé en un sens la nature de ma carrière durant les années suivantes.

    Q-La Reine Margot est réédité dans une version Blu-ray. Quel souvenir gardez-vous de Patrice Chéreau ?

    Patrice vibrait tout le temps, il était dans un état de sensibilité aiguë, il faisait de très nombreuses prises, et j’avais le sentiment qu’il voulait aller aux extrêmes limites de la fatigue pour atteindre une excitation particulière. Il aimait bien être impressionné de temps en temps, se dire : «C’est mon actrice et ce n’est pas n’importe laquelle.» Je me sentais très protégée par sa manière de diriger, il avait une technique très charnelle, très tactile d’organiser les scènes. C’était aussi un homme vulnérable : épris sur ce tournage, il voulait, par amour, offrir son film à celui qui comptait presque plus que le film lui-même : Pascal Greggory.

    Q-La disparition organisée à la Greta Garbo vous a-t-elle tentée ?

    J’ai toujours pensé, à 20 ans, que lorsque j’en aurais 40, je m’arrêterais. Je suis très emmerdée parce que j’éprouve un sentiment d’inaccompli, et aussi longtemps que je n’aurai pas atteint mon but, je suis coincée, je ne peux pas m’arrêter. Je ne suis pas contente, je ne suis pas satisfaite, je me suis prise au piège toute seule et je dois trouver la solution. Il va falloir être un peu créative. Ne pas non plus s’enfermer toujours dans le même cri. J’ai hâte.

    (1) Jusqu’au 31 décembre au Théâtre de Paris, 15, rue Blanche, Paris IXe. (2) «La Reine Margot», de Patrice Chéreau, édition Digibook Blu-ray, Pathé, 20 €.

    Didier PÉRON

     

     






    ©-DR-LA REINE MARGOT de Patrice Chéreau (1994) p2

    26/01/2015 09:43

    ©-DR-LA REINE MARGOT de Patrice Chéreau (1994)  p2


     

    bekindreview par Val

     

    J'étais un peu effrayé à l'idée de voir un film historique de 2h30 mis en scène par un cinéaste ayant la réputation, peut-être fausse, d'exceller dans le théâtre intello. Cela posé, on pourrait s'attendre à un vulgaire téléfilm de prestige, très carré mais sans saveur. Et le résultat est très loin de ces craintes pour atteindre le niveau de vrai chef- d’œuvre du cinéma français.Dès l'ouverture du film,la scène du mariage,la splendeur de la reconstitution  des décors et de la mise en scène de Chéreau nous saute aux yeux et tout le reste du film ne décevra pas, chaque plan est une merveille, un véritable tableau.

    Se déroulant pendant les événements dits du « massacre de la Saint Barthélémy », le film est construit comme une tragédie shakespearienne à base de complots,trahisons, haines familiales refoulées, rivalités, amours impossibles,... Pas la peine pour autant d'être un spécialiste de l'époque décrite, tant le scénario de Thompson et Chéreau ne perd jamais son public, les différentes intrigues étant très claires et le film est admirablement rythmé, l'ennui ne se faisant jamais sentir.

    La mise en scène est donc une vraie merveille de tous les instants, la qualité de la reconstitution se situe au niveau d'un Barry Lyndon (je préfère même La Reine Margot au Kubrick) tout en mettant en valeur les acteurs. Les acteurs justement, tous excellents : Isabelle Adjani, magnifique, interprète la jeune mariée d'abord peu aimable et qui va progressivement découvrir à quel point son entourage la manipule à des fins politique ; Daniel Auteuil en roi de Navarre perdu et tiraillé livre une très bonne prestation,

    Virna Lisi impose son physique particulier pour camper une Cathérine de Médicis effrayante, Jean-Hugues Anglade en roi instable est également remarquable. Aussi, on pourrait parler de Jean-Claude Brialy, Vincent Perez, Dominique Blanc, Pascal Greggory.Tout le casting est parfait, chacun s’effaçant derrière son personnage,rendant celui-ci détestable(Greggory)ou attachant (Auteuil)Rythmé, magnifique, et excellemment interprété, La Reine Margot offre une vision certes romancée de l'Histoire de France mais absolument passionnante et s'érige facilement en chef-d’œuvre du cinéma français. 10/10

     






    ©-DR-LA REINE MARGOT de Patrice Chéreau (1994) p3

    26/01/2015 09:53

    ©-DR-LA REINE MARGOT de Patrice Chéreau (1994)  p3


     

    SENS CRITIQUE

     

     

     

    Critique publiée par Velvetman le 2 novembre 2014

    « La Reine Margot » est une œuvre outrageusement féroce. Dans le style si particulier et habituel de son réalisateur. Les premières minutes du film, le mariage de Marguerite de Valois et Henri de « Navarre » est une peinture esthétique imposante et impressionnante de méticulosité. Des décors aux costumes, de la voix molle de Daniel Auteuil au regard hautain et mortifère d’Isabelle Adjani, on décèle tout de suite ce marasme fantomatique qui va cloisonner le film dans toute sa splendeur. Patrice Chéreau a mis les plats dans les grands. On sent le tour de force, une émotion trouble à travers cette grandiloquence.

    « La Reine Margot » n’est pas un simple film historique, pas une modeste reconstitution documentée du massacre de Saint Barthélémy, mais devient une fresque romanesque habitée. La France, la ville de Paris est en guerre. Les catholiques contre les protestants. La famille royale se désagrège, où les retords des uns et des autres vocifèrent dans les limbes. C’est le cœur d’une œuvre où Patrice Chéreau créera quelque chose de colossale, un long métrage hanté par ses propres tourments qui marche dans la boue et qui parle avec le gout du sang sur le creux des lèvres. La mort s’écoute à chaque son de la voix de la divine Isabelle Adjani.

    « La Reine Margot » c’est avant tout, une femme, ses émotions pour le comte de la Mole, des tourments religieux envers la destruction de sa famille, une fureur outrée contre les manipulations, une actrice d’une beauté qui provient des cieux : Isabelle Adjani. Une peau au teint blanchâtre presque blafard, des yeux révoltés et langoureux, une présence qui sublime l’écran de toute son paradoxe : son exubérance dans l’intime. Dans « la Reine Margot », il n’y a pas la place pour les fanfreluches ou les errements oisifs de cette époque comme on le voit souvent dans le genre cinématographique.

    Dans son approche visuelle, Chéreau est beaucoup moins mobile avec sa caméra que dans des œuvres comme Intimité ou Ceux qui m’aiment prendront le train ; mais il a toujours cette volonté de mettre ses acteurs au centre de son cadre. La force marginale se trouve ici, dans sa direction d’acteurs irréprochable même si la personnalité narrative de Patrice Chéreau est toujours aussi outrancière et théâtralisée. Jean Hugues Anglade, en Charles IX, est avec son cabotinage aveugle le principal symbole de toute cette symphonie qui pourrait ressembler à un doux opéra baroque.

    « La Reine Margot » est un film ambitieux composé d’une noirceur sourde et à travers les vestiges d’une époque et le vertige d’une famille, Patrice Chéreau construit une mosaïque de fantômes qui n’ont de cesse de parcourir les couloirs étroits de beaux appartements, de sols jonchés de cadavres, de ruelles qui sentent le foutre et la dépravation, les forêts remplies de rancœur.






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