|
|
|
|
|
|
©-DR-LA BELLE ET LA BĘTE de Jean Cocteau (1946) p14
21/12/2014 03:39
| |
|
|
|
|
|
|
|
©-DR-LA BELLE ET LA BĘTE de Jean Cocteau (1946) p15
21/12/2014 03:42
La réalisation
Le tournage du film qui débute le 27 août 1945 a dû être interrompu car Cocteau est tombé malade, souffrant, entre autres maux, de maladies d'origine allergique (impétigo, eczéma généralisé, furonculose, urticaire géant, dermite, anthrax, lymphangite, phlegmon). L'état de Jean Marais laisse aussi à désirer : il souffre d'un furoncleà l'intérieur de la cuisse, son masque lui provoque un eczéma au visage.
Beaucoup de règles se sont vues brisées au cours de la réalisation de ce film, la musique d'Auric rompait les effets visuels plutôt qu'elle ne les soulignait. La cinématographie d'Alekan n'est pas conventionnelle, mais précise et claire - presque comme dans un documentaire. Le film a été tourné dans la campagne française, dans un environnement qui rend crédible non seulement la maison de la Belle et de sa famille, mais aussi le château de la Bête.
Dans son travail Cocteau a laissé jouer à la morale un rôle, un rôle soumis à la magie, au symbolisme, au surréalisme et à la psychanalyse. Le rôle de la Bête il l'a donné à un acteur qui était considéré alors comme l'homme le plus beau du monde, Jean Marais. Celui-ci interprète un rôle triple : la Bête, le soupirant de la Belle (Avenant) et le prince. En outre, il y a aussi dans le mur des bras d'homme qui en sortent et portent des chandeliers, ainsi que des cariatides dont les yeux bougent et une fumée qui s'exhale. Cocteau a placé aussi dans le film des talismans et des jardins enchantés.
Le film cherche à faire naître un sentiment de magie et d'ensorcellement. La technique cinématographique et les décors se réfèrent aux illustrations et aux gravures de Gustave Doré et, dans les scènes de ferme, aux tableaux de Johannes Vermeer6. L'utilisation des images par Cocteau a fait s'affronter les experts pour savoir si les significations cachées s'expliquaient par Jung ou par le surréalisme.
Le film dure environ 96 minutes, et il est le premier que Jean Cocteau a écrit et mis en scène depuis Le Sang d'un poète. Cocteau montre ici combien il est difficile de séparer le rêve de la réalité. Le générique lance un clin d’œil vers l'enfance puisqu'ici le générique avec les comédiens et les autres collaborateurs s'écrit sous nos yeux à la craie sur un tableau noir.
| |
|
|
|
|
|
|
|
©-DR-LA BELLE ET LA BĘTE de Jean Cocteau (1946) p16
21/12/2014 03:52
| |
|
|
|
|
|
|
|
©-DR-LA BELLE ET LA BĘTE de Jean Cocteau (1946) p17
21/12/2014 03:55
SENS CRITIQUE
Critique publiée par TotoroM le 12 octobre 2013 Quand tu découvres "La belle et la bête" de Jean Cocteau à l'âge de sept ans, devant la vieille télé en bleu et blanc du salon, sirotant ton Tang dans ton pyjama Cosmocats, forcément t'en reste légèrement perplexe. Si les scènes un poil barbantes du début t'ont permis d'avancer dans la résolution du Mickey Mystère de la semaine, le reste va te laisser avec une impression étrange. Celle d'avoir assisté à quelque chose de... différent, quelque chose de presque contre nature. Tu es intrigué par ses bras sortant des murs, tu es mal à l'aise devant ces visages mouvants incrustés dans la cheminée, tu trouves troublante la ressemblance entre la bête et ton chat Whiskas.
Tu en ferais presque des cauchemars, de toutes ces conneries. Puis viens l'adolescence et franchement, tu préfèrerais rouler un patin au vieux concierge réac du bahut que perdre une heure et demie de ta précieuse vie juvénile que de revoir ce film. L'âge adulte a fait de toi un cinéphile à part entière et tu te dis soudainement que se faire un Cocteau, ça doit forcément aider à culbuter de l'étudiante en cinéma, en grand pervers obsédé que tu es devenu.
Finalement, "La belle et la bête" de Jean Cocteau, c'est Orson Welles qui en parle le mieux, le qualifiant de "ruban de rêves". On ne pourrait mieux résumer ce concentré de poésie et d'imagination, instant de grâce d'un cinéaste poète hors du temps, hors des modes, hors de tout, s'inspirant des toiles de Vermeer et des illustrations de Gustave Doré (la belle ressemble à la jeune fille à la perle et la bête est la parfaite illustration du Chat Botté vu par Doré) afin de donner vie au célèbre conte de Madame Leprince de Beaumont.
Tel un George Méliès, Jean Cocteau innove, expérimente, donnant lieu à des trucages incroyables et à une mise en scène d'une imagination qui force le respect, créant des plans aptes à vous marquer la rétine pendant toute une vie, que ce soit l'atmosphère à la fois merveilleuse et inquiétante d'un vieux château doué de vie, le passage de la gracieuse Josette Day à travers le temps et l'espace, ou encore une bête incroyablement attirante et émouvante, superbement incarnée par Jean Marais. Comme nous le demande Cocteau en début de métrage, il nous faut accepter cette part de naïveté en nous afin d'apprécier pleinement une oeuvre magnifique et intemporelle, superbe livre illustré confectionné dans la même matière que les rêves, dont le gardien sacré a pour nom Jean Cocteau.
| |
|
|
|
|
|
|
|
©-DR-LA BELLE ET LA BĘTE de Jean Cocteau (1946) p18
21/12/2014 04:04
| |
|
|
|
|