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©-DR-LE ROUGE EST MIS de Gilles Grangier (1956) p4
19/06/2015 17:26
SENS CRITIQUE
Critique publiée par Zogarok le 16 janvier 2015 Gilles Grangier est un des cinéastes français les plus influents des années 1940-1960. Il a dirigés régulièrement les acteurs les plus importants de son temps, comme Bourvil, Fernandel, Arletty ou Jean Marais ; et surtout Jean Gabin, au casting de douze de ses films (Les vieux de la vieille, L'âge ingrat, La cave se rebiffe, etc). C'est la vedette du Rouge est mis, adaptation du roman épo du mm nom d'Auguste Lecomte par Michel Audiard. Une équipe typique complétée par la présence de Lino Ventura, dans un rôle paraissant secondaire, ce qu'il n'est pas dans la hiérarchie du film (même si ses propriétés sont plus étriquées que pour ses camarades).
La faute en revient au meilleur atout du Rouge, dont le tort est le mérite : occuper tout l'espace et la contaminer avec sa morale. Gabin campe un personnage particulièrement dur, bien plus sec que celui de La Traversée de Paris (un an avant) et quasiment dépourvu d'humour. Sinon lui, Le rouge est mis manque de singularité et se voit forcément comme un de ces polars crus de l'époque, sans se détacher foncièrement du lot. Il ne manque pourtant pas de caractère et déploie une aigreur extrême.
Rarement ce fatalisme sans idéal, pas loin du nihilisme civilisé dans la forme, a été si saillant et unilatéral, à la limite de la bestialité propre, dans les polars crus de l'époque. Toutefois si cette aigreur est répandue ouvertement, c'est sans profondeur particulière. La vision exprimée est très cynique sur l'ordre social et les raisons animant les hommes ; et dans ce monde-là, le tort du frère de Louis Bertain, c'est de s'être fait choper pour un tout petit larcin. Quel misérable crétin, quelle honte.
Sinon il n'y a pas plus d'autorités morales qu'il n'y a d'ailleurs, sinon l'hypothèse d'une retraite à la campagne pour s'autoriser un peu de paix et se purifier.L'amertume est partout, jusque dans la repentance : « Faut croire qu'en vieillissant on cherche tous à se blanchir ». Pour le plaisir de voir Gabin superviser avec poigne sa galerie de salauds, de médiocres et de fantômes.
https://zogarok.wordpress.com/
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©-DR-LE ROUGE EST MIS de Gilles Grangier (1956) p5
20/06/2015 16:25
Annie Girardot : Hélène, manucure et amie de Pierre
Marcel Bozzuffi : Pierre Bertain, le frère de Louis
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©-DR-LE ROUGE EST MIS de Gilles Grangier (1956) p6
20/06/2015 16:29
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©-DR-LE ROUGE EST MIS de Gilles Grangier (1956) p7
20/06/2015 16:33
Critique publiée par Impétueux le 21 novembre 2012 Déjà, dans Touchez pas au grisbi, qui est d’une plus grande dimension, ou dans Razzia sur la chnouf, on pouvait s’amuser à reluquer le côté pantouflard des gangsters des années Cinquante, leur goût du miroton ou de la daube, leur aspiration à chausser dès le soir venu des charentaises confortables (et non pas à s’abîmer la santé avec des gourgandines qui vous font coucher à pas d’heure), mais là, on atteint le sommet du genre ! La pègre boursicote et achète du Napoléon pour ses vieux jours, investit dans du pont élévateur et de l’outillage pour garage bourgeois et compte les jours qui la séparent d’une retraite paisible conçue pour taquiner le gardon et le chevesne dans la vallée de Chevreuse.
Naturellement, je m’interdis de me livrer à une nouvelle glose sur la poésie rudimentaire du Milieu et l’esprit du dernier casse avant décrochage qu’on trouve partout dans le cinéma de ces années-là, avec Gabin (Mélodie en sous-sol) ou sans lui (Bob le flambeur) …Esprit du temps, le nombre de Tractions avant Citroën qui roulent dans Paris, l’Aronde Plein Ciel, la Dyna Panhard, le portrait, sur les murs du commissariat du Président René Coty, la dimension invraisemblable des billets de banque, les chaussures bien cirées de tous les malfrats, la fascination des femmes pour des fourrures aujourd’hui disparues (depuis combien d’années, au juste, n’ai-je pas vu un manteau d’astrakan, fourrure bouclée de jeune agneau karakul mort-né me souffle Wikipédia ?), les
apéritifs disparus (Mme Bertain (Gina Nicloz), mère de Louis (Gabin) et de Pierre (Bozzuffi), au café A la bonne santé, – qui n’existe plus – devant la prison éponyme – qui n’a aucune raison de disparaître – Mme Bertain, donc, prend un Malaga ; ça pourrait être un Byrrh ou un Claquesin… ; essayez d’en trouver aujourd’hui !), les pissotières louches de Pigalle, les clopes omniprésentes (sur le cadre des flippers, il y a des dispositifs en métal ondulé pour déposer la cigarette, pendant qu’on remue la babasse)…
Gabin gabine, Frankeur frankeurise, Annie Girardot demeure confinée dans les rôles de salope vénale (L’homme aux clés d’or, Le désert de Pigalle), malfrats (Berval ou Josselin) ont la gueule de l’emploi, en soi guère différente des policiers du Quai des Orfèvres (Albert Dinan ou Gabriel Gobin)… Mais c’est du solide, de la belle ouvrage ! Et si on peut citer à juste titre la baffe remarquable assénée par Gabin à Girardot au Bois de Boulogne, on ne peut pas ne pas évoquer la claque qu’il reçoit de sa propre mère pour avoir levé la main sur son frangin. Ça n’a pas dû lui arriver souvent à l’écran (ni ailleurs, sans doute)Tout un monde !
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©-DR-LE ROUGE EST MIS de Gilles Grangier (1956) p8
21/06/2015 04:54
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