Critiques
A la sortie du film
Ce film fut, à l'époque de sa sortie, un échec critique et financier, et solda la fin du duo artistique von Sternberg / Dietrich. Von Sternberg aura par la suite de plus en plus de mal à réaliser des films, et Marlene, si elle va encore tourner dans vingt-sept films, deviendra moins intéressée par le cinéma, et sera même qualifiée de "poison du boxe office" à la fin de la décennie 1930.
À la sortie du film, le critique du New York Journal American écrit que « l'intrigue est (...) absurde, (...) artificielle et fait abus des répétitions. »
En revanche, le New York Times trouve que « Depuis l'Ange Bleu, c'est la meilleure production du tandem Sternberg-Dietrich. » Il indique aussi que le spectateur sera comblé par « l'exquis raffinement dont témoigne la réalisation de Strenberg et par l'extraordinaire beauté des décors et de la prise de vue. »
Beaucoup de critiques de l'époque boudèrent ce film et n'en parlèrent même pas.
Depuis
Nombre de spécialistes estiment aujourd'hui que ce film donne la meilleur photographie de Dietrich qu'il soit, avec Shanghaï Express (1932), et qu'il est plus réussi qu'on ne l'a pensé à l'époque de sa sortie.
Pour Patrick Brion : « C'est la plus belle adaptation [du roman, et] Marlene Dietrich y est resplendissante. »
Pour Thierry de Navacelle, « La photographie est d'une beauté incroyable. Le film tourne autour de Dietrich, toujours plus ravissante, époustouflante de vie et d'insouciance. »
Pour Vincent Pinel, ce dernier film du duo von Sternberg / Dietrich est aussi celui « où le délire décoratif, poussé à l'extrême, aboutit à un cinéma proprement abstrait. »
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Pour Homer Dickens : « Les prise de vue de La Femme et le Pantin sont d'une extraordinaire qualité. »
Pour Jean Tulard, ce film est une « superbe adaptation de Pierre Louÿs et l'apogée du mythe de la femme fatale symbolisée par Marlene. » Déjà, en 1959, le critique Henri Agel évoquait « une adaptation onirique et funèbre du roman de Pierre Louÿs. »
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Dans son autobiographie, l'actrice écrit : « La Femme et le Pantin reste pour beaucoup un film tourné en couleurs. Ce ne fut bien sûr, pas le cas, mais les images qu'il [von Sternberg] créa sont tellement riches de lumières, d'ombres et de demi-teintes, qu'on le croit en couleur. » Le visionnage du film lui donne entièrement raison.
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Parlant du film, la fille de Dietrich explique : « Des livres ont été écrits, des conférences ont été données sur ce film (...) Toutes ces études si poussées ne montrent qu'une chose à mes yeux : c'est que le matériau est d'une telle richesse que, mis en pâture à des générations de critiques et d'analystes, les interprétations les plus contradictoires pourraient toujours être, tout à tour, tenues pour vraies. »