L'analyse de DVD Classik

Avec cette œuvre onirique et personnelle, Fellini raconte sa Rome à travers une succession de tableaux, de rêveries, de souvenirs et d’allers retours entre le passé et le présent. Laissant libre cours à sa sensibilité baroque, il fait de « Roma » un film audacieux d’une grande richesse picturale, d’une fantaisie délirante, d’une constante inventivité.Les scènes s’enchaînent, tour à tour truculentes et poétiques, satiriques et mélancoliques, Fellini offrant ainsi un portrait composite de sa ville, posant sur elle un regard fait d’affection et de dégoût, de fascination et de dépit.

Il se remémore son arrivée alors que, jeune homme fraîchement  débarqué de Rimini, il découvre la cité en 1938. Autant de séquences qui sont pour le cinéaste l'occasion de régler ses comptes avec l'enseignement  catholique et fasciste qu'il a connu enfant : une pièce ridicule sur le meurtre de César donnée dans un théâtre de province, un professeur répétant  solennellement les mots de César en faisant franchir un petit Rubicon à ses élèves, une séance de diapositives mettant en avant la grandeur de l'ancienne  Rome, un péplum... toute une imagerie colportée par le pouvoir fasciste, véritable déformation de l'histoire à des fins de manipulation que Fellini dénonce par  l'humour.

Il se met ensuite en scène en 1971, alors qu'il tourne ce film sur Rome que nous sommes en train de découvrir, séquences contemporaines qui se raccordent bientôt au passé antique de Rome. On retrouve ainsi, comme dans « Satyricon », son goût pour le mystère entourant l'histoire passée.Fellini aime l'idée que le temps a effacé les traces, a nimbé ces périodes lointaines d'un voile de mystère, a transformé une réalité en un monde secret, indéchiffrable et magique... un rêve en somme.

Dvd Classik (4)

C'est ainsi qu'il faut comprendre cette très belle séquence où sont découverts lors de travaux dans le métro une magnifique fresque antique qui disparaît sous nos yeux au contact de l'air. Ce n'est pas un drame, c'est un instant magique.Fellini s'intéresse à la façon dont le souvenir de l’Antiquité perdure au cœur de la cité, montre comment une approche fantasmée du passé conditionne la société italienne contemporaine et fonde sa culture.

Mais si son portrait de la cité passe par la résurgence du passé, par les traces de son histoire et par une description de ce qu'elle est aujourd'hui, comme c'est avant tout SA Rome qu'il met en scène ses souvenirs, ses divagations, ses fantasmes ont autant d'importance que la réalité passée et présente de la ville.