Les Chroniques de Cliffhanger & Co (fin)
La mécanique adolescente de leur relation, ce jeu permanent entre l’archétype du tombeur qui tombe sous le charme de celle qui lui résiste et l’archétype de la post ado qui en a assez des beaux parleurs et veut un homme, un vrai, tourne rapidement à vide et ne masque pas la faiblesse de la caractérisation des deux héros du film. Pour autant, il est clair que dans un film qui mise tout sur l’exploration d’un univers aussi riche, l’absence d’identification à ces deux personnages n’est pas forcément très problématique, l’essentiel étant qu’ils ne soient pas exaspérants, qu’ils ne gâchent pas l’expérience.
Besson n’a jamais été un grand scénariste, ni un grand dialoguiste mais dans un tel univers cette faiblesse n’entraîne pas le film vers des abysses dont il ne peut remonter. Dane DeHaan a certes l’air de sortir d’une très longue dépression et son interprétation est en deçà de ce qu’on attendrait dans ce rôle en terme d’énergie et de charisme, mais il est suffisamment bon acteur pour s’en sortir sans déshonneur et donner l’impression que Cara Delevingne est une bonne actrice, ce qui est un exploit.
Si le récit propose un bon équilibre entre l’exploration (toutefois plus présente dans sa première partie) et l’action (qui a la grande qualité d’être toujours très lisible), qu’il ne donne pas le sentiment présent dans d’autres blockbusters de traverser de longs tunnels entre chaque morceaux de bravoure, il souffre néanmoins réellement de ne pas avoir pu rester sous la barre des 2 heures. Si l’on sent que Luc Besson s’éclate de bout en bout à évoluer dans cet univers, il en vient à étirer à l’excès une intrigue décorative qui ne réserve guère de surprise et dans laquelle Valérian et Laureline finissent par ne plus vraiment faire illusion.
Si Valérian et la Cité des Mille Planètes a des défauts réels qui lui ont valu de se faire assez unanimement assassiner par la presse US, il a pour lui d’avoir un cœur et une sincérité qui font cruellement défaut à tant de films pour lesquels la même presse a une folle indulgence. Luc Besson n’est ni George Lucas, ni James Cameron mais il n’est pas non plus Roger Christian (Battlefield Earth) ou l’un des réalisateurs interchangeables auxquels les studios US confient les commandes de leurs blockbusters. A défaut de sortir plus intelligent de son seizième film, on en sort diverti et en emportant avec nous un peu des rêves de ce gamin qui refuse de grandir.