Contexte historique
La fin des années cinquante marque un changement dans le cinéma français avec la naissance de la Nouvelle Vague, qui réunit de jeunes cinéastes nés dans les années trente, et issus de la critique des Cahiers du cinéma. Les réalisateurs plus anciens, comme Claude Autant-Lara, Jacques Becker, Jean Delannoy, Julien Duvivier, Robert Bresson et Henri-Georges Clouzot, poursuivent leur carrière parallèlement, privilégiant un cinéma d'intrigue et de dialogue, très écrit (parfois des adaptations de romans), réaliste et psychologique.
La Vérité, tourné en 1960, est le dixième long métrage de Clouzot, scénariste et réalisateur. Il a derrière lui une filmographie imposante qui débute en 1931 avec un court métrage burlesque. Il continue à travailler sous l'Occupation, réalisant ses célèbres films policiers, noirs et réalistes - L'assassin habite au 21, Le Corbeau. Il poursuit dans ce style réaliste psychologique et noir après la guerre en réalisant Quai des Orfèvres (1947), Les espions (1957), et Les Diaboliques (1955). En 1956, dans Le Mystère Picasso, son seul documentaire, il tente de montrer le processus de création de l'oeuvre.
Dans La Vérité, Clouzot utilise le "mythe Bardot" pour créer un portrait psychologique dramatique d'une jeune femme moderne accusée du meurtre de son amant. De nombreux réalisateurs de la "vieille garde classique" sont désormais obligés de faire appel aux comédiens célèbres pour pouvoir tourner, d'autant plus qu'ils réalisent des films à gros budgets, tournés en studio. Le prix moyen d'un film est alors de 90 millions de francs. Clouzot n'est ainsi pas le seul réalisateur à s'emparer du label "BB".
La fin des années 1950 amène une rupture dans la filmographie de Clouzot, qui perd son succès populaire antérieur : en effet, en 1957, Les Espions reçoit un accueil mitigé du public et de la critique et Clouzot perd de l'argent. Après cet échec, il espace ses films : c'est seulement huit ans après La Vérité qu'il réalise son dernier long métrage La Prisonnière, qui n'est pas non plus un succès.
Quant à Brigitte Bardot, alors âgée de 26 ans, elle est déjà en 1960 une icône populaire - celle de la femme- enfant, souvent naïve, parfois cruelle et toujours sensuelle. Révélée en 1956 dans le film de son premier mari Roger Vadim Et Dieu créa la femme, elle joue dans les films des jeunes cinéastes de la Nouvelle Vague au début des années soixante, et se retire du cinéma en 1973.
Carole Robert