OBJECTIF CINEMA (2)
Dans son autobiographie Things I Did and Things I Think I Did (Linden Press, 1984), le réalisateur Jean Negulesco (1900-1993) se souvient que Howard Hawks lui avait dit : «change le sexe des personnages, c’est la clé de tout. » Ball of Fire n’échappe pas à l’inversion des comportements sexuels si fréquente dans la filmographie de Hawks.
C’est la femme, Sugarpuss, la boule de feu du titre, qui fait les avances (attendues généralement du personnage masculin, du moins dans le cinéma de cette époque), tandis que Potts se retrouve à la place de la « vierge effarouchée », ignorant tout des choses de l’amour. Ce rapport est à rapprocher de celui qui liait l’entreprenante Feathers (Angie Dickinson) au Sheriff John T. Chance (John Wayne), perdant tous ses moyens lorsqu’il se retrouvait face à elle.
*
Comme dans The Lady Eve (Preston Sturges, 1941), la sensuelle Barbara Stanwyck (1907-1990) s’éprend d’un homme qu’elle prenait tout d’abord pour un idiot. Gary Cooper (1901-1961) est parfait dans le rôle de l’intellectuel coincé qui doit se confronter à un univers et des sentiments lui étant jusqu’alors étrangers.