C’est donc avec brio que Darling clôt la trilogie anglaise. Non seulement il constitue un épilogue thématique aux deux précédents films, en explorant un milieu social très différent et en montrant que les promesses dont il est porteur sont illusoires, mais il apporte également, via le personnage de Diana - époustouflante Julie Christie, à fleur de peau, justement oscarisée pour le rôle - une certaine nuance à l’approche quelque peu déterministe qui oeuvrait dans les précédents volets.
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Cette nuance, on l’a vu, est toute relative : si Diana croit échapper au conformisme nauséeux de la haute société anglaise avec tous ses travers (racisme latent, entre autres), c’est avant tout parce que son affranchissement est une image, un rôle qu’elle prend plaisir à jouer. Néanmoins, à travers le choix d’un récit en voix off, et donc d’une certaine distance, Schlesinger met en avant, au-delà des failles sociales et des blessures de coeur, le mystère d’un individu que rien n’est susceptible d’affranchir, et dont la vie est une percée en avant déchirante, un cri d’espoir lancé à la morne inertie des conventions.
Jean-Patrick Géraud