LE REVE DU CINEMA
" Entre deux aventures amoureuses de « Darling », la caméra de John Schlesinger interroge les gens de la rue. Une pincée de cinéma-vérité au milieu d'une histoire romancée. Face au micro et à la caméra de l'enquêteur, les badauds hésitent, suggèrent et extrapolent. Réponses hétéroclites et inattendues, mais toujours révélatrices. L'un d'eux met d'ailleurs en cause l'homosexualité, à laquelle, dit-il avec candeur, « on finit par s'habituer ».
Et, de l'autre côté de la barrière sociale, voici les hauts dignitaires de cette société folle. Cette fois, la caméra n'interroge plus, elle observe, remarque, se laisse aller volontiers à la caricature. John Schlesinger nous introduit dans ces réceptions dérisoires où l'hypocrisie spécifiquement britannique oublie son masque. La Charité... Chichis et minauderies de dames endimanchées. On organise, on se montre, on se fait voir.
On boit à la santé de ceux qui ont faim. Le pauvre ou le sous-développé deviennent une abstraction qui permet le spectacle public des bonnes consciences. Regard critique qui recherche souvent l'image explosive. Imaginez Sa Très Gracieuse Majesté figée dans un salut au passage d'un homosexuel qui convoite un négrillon décoratif. ..