ORGUEIL ET VACUITÉ , par Clément Graminiès (suite)
Misogyne et moraliste, John Schlesinger ? Le doute était permis dans Un amour pas comme les autres, son premier long-métrage, où il faisait vivre un véritable enfer matriarcal à un jeune homme inconscient de la lourdeur des stéréotypes familiaux. Ici, la question devient inévitable car il ne s’agit plus d’un arrière-plan mais de la colonne vertébrale du film. À l’instar d’un François Ozon quelques décennies plus tard, le réalisateur britannique malmène sa poupée Barbie avec une satisfaction manifeste en lui faisant progressivement payer un égoïsme qui l’a conduite à blesser les hommes ayant partagé sa vie.
Face à cette vacuité croissante qui envahit le quotidien de Diana, le réalisateur n’offre pas à son personnage la prise de hauteur attendue. Le recours démonstratif à une voix-off bien trop présente – alors qu’elle n’apporte pas vraiment d’autre éclairage que ce que les images nous montrent – vient à bout de toute l’empathie que l’on pourrait avoir pour ces questionnements existentiels. Comme si le mépris avait eu raison du projet de départ, la jeune femme finit même par perdre en consistance, s’effaçant devant une galerie d’acteurs anglais au diapason (Dirk Bogarde en tête).