DVD Classik (part 2)
En 1959, le statut de Ventura n'est pas le même. Depuis ses débuts sur grand écran, cinq ans plus tôt dans Touchez pas au Grisbi, il enchaîne des seconds rôles très souvent marquants mais qui ne lui permettent pas encore d'accéder à la tête d'affiche. Pourtant, son charisme et son talent sont déjà évidents et il se constitue une jolie filmographie, dominée par le style policier qui met a profit son impressionnante carrure. En 1958 il connait un premier véritable succès avec Le Gorille vous salue bien, film agréable mais sans grande ambition, qui lui donne un nouveau statut.
Il a désormais le choix des films dans lesquels il va tourner, et sa première ambition va être de s'extraire de l'archétype de la grosse brute dans lequel son succès risque de l'installer. Alors qu'on lui propose Un témoin dans la Ville, choix lui est donné entre deux personnages : celui d'Ancelin et celui de Lambert, le témoin. Il refuse le dernier, personnage plus mineur et dont le rôle implique une romance qu'il n'acceptera jamais de jouer à l'écran, pour choisir le rôle de l'assassin.
Un rôle a priori négatif, ce qui le gène car il craint de s'enfermer dans ce stéréotype, mais suffisamment humain pour lui plaire. Il s'identifie à ce personnage qui tue pour une raison acceptable : venger l'assassinat de sa femme. Ventura fait réécrire le personnage pour lui insuffler plus d'humanité et forger un caractère qui deviendra typique de sa filmographie, celui de l'homme seul face à l'adversité.
Mis en confiance par plusieurs des intervenants de la production, et notamment par les noms de Boileau et Narcejac qui constituent pour lui une référence artistique, Ventura se lance dans l'aventure qui lui donne son premier très grand rôle, l'interprétation quasi spectrale d'un homme qui vit sa descente aux enfers...