Catherine Spaak (Le Fanfaron etc...)
L'Analyse de CRITIKAT
L’AVENTURE DE LA FRATERNITÉ, par Philippe Rocher
« Le trou », c’est la prison. L’espace, c’est une cellule de la Santé à Paris. Le projet des détenus qui l’occupent, unis par le hasard, c’est l’évasion, le retour à la liberté. «Le trou », c’est ce qu’ils creusent à partir de leur cellule. Tendus vers leur dessein, ils vivent, après la solitude, la solidarité et la confiance. L’amitié naît et grandit aussi. Comme suspendu, le temps qui est la clef de la réussite, grâce à la patience et l’effort, façonne cet univers d’hommes d’honneur en marge des règles du monde judiciaire. Mais comme dans toute aventure humaine, la liberté a un prix.
« Le trou », c’est la prison. Le film l’explique en ouverture, ce huis-clos carcéral, c’est l’adaptation d’une histoire réelle, celle d’un ancien prisonnier dont José Giovanni a fait la matière d’un roman éponyme. L’espace, c’est donc une cellule de la Santé à Paris. Le projet des détenus qui l’occupent, unis par le hasard, c’est l’évasion, le retour à la liberté. Le Trou raconte la tentative d’évasion de cinq détenus de la prison de la Santé à Paris. « Le trou », c’est aussi ce que creusent à partir de leur cellule des co-détenus si déterminés à s’échapper.
Grâce aux éléments « classiques » du « film d’évasion » – les détenus seront-ils pris ? réussiront-ils à s’échapper ? –, Le Trou entretient continuellement un suspense très efficace. La force du film réside d’abord dans des choix de mise en scène qui servent la description de l’univers carcéral et des différentes étapes du projet d’évasion. Le Trou est un chef-d’œuvre d’entomologie pénitentiaire basé sur un fait réel. Le film est quasiment documentaire et anthropologique par moments, riche en détails de toutes sortes sur le quotidien des prisonniers et sur leurs ruses pour déjouer l’attention de leurs geôliers.
Pour pouvoir s’échapper, il faut creuser un tunnel et cela réclame beaucoup d’efforts car la matière résiste au travail de l’homme. La surveillance des détenus est continuelle, interrompue seulement par la nuit. À tout moment, une décision de l’administration pénitentiaire peut séparer les hommes par un changement de cellule. Le « travail » des hommes risque aussi fréquemment d’être découvert à l’occasion de l’inspection régulière des cellules. De fait, les détenus manquent d’un temps « carcéral » très contrôlé et qui leur échappe.
Pour s’échapper, et revenir au Temps de l’Homme en regagnant l’humanité, ils doivent réapprendre à compter le temps. Merveille d’ingéniosité, la fabrication d’un sablier rudimentaire par l’un des détenus constitue l’astucieux moyen de se réapproprier le temps.