(suite)
Toutefois, il y persiste un certain désordre, qui a de quoi séduire et dérouter à la fois, et qui voit donc Gabin être tout à fait lui-même et à la fois autre chose, c'est-à-dire assumer simultanément son autorité et ses faiblesses. Dans la deuxième moitié des années 50, Gabin vieillit, plus vite que son âge, et il devient un comédien-ogre, qui avale (qui « gabinise », pourrait-on dire) tout ce qu’on lui fait jouer : la manière dont il investit Maigret, en 1957, dans le Maigret tend un piège de Jean Delannoy, est assez symptomatique.
A tel point que sa seule présence physique contribue désormais à établir une sorte de profil psychologique de ses personnages. Si Valois n’apparaît donc qu’après 15 minutes de film, c’est donc évidemment pour dramatiser son arrivée, mais c’est aussi pour que le spectateur ait le temps d’assimiler des informations relatives au personnage (notamment son rapport au « jus de fruits ») avant que le corps de Gabin ne vienne faire le reste.