Chaines conjugales constitue l'un des chefs-d'œuvre de Joseph L. Mankiewicz, aussi fin et nuancé que La maison des étrangers, aussi romantique que L'aventure de Mme Muir, et aussi élégant que Eve, pour ne prendre en considération que ces exemples-là. Si le film paraît un peu plus simple en comparaison de ces quelques titres, il nourrit en réalité maintes subtilités et qualités dans le regard qu'il tourne vers une Amérique sclérosée dans son schéma social. Dressant le portrait de trois femmes puissantes(mwouais...surtout deux en fait) mais en proie au doute, il renvoie dos à dos le progressisme de façade émergeant et la systémique d'une société qui n'offre que peu d'alternatives, dans le fond toujours occupée à peser sur le modèle commun hérité du phallocentrisme établit depuis des siècles. En d'autres termes, plus les choses semblent changer, et plus elles restent les mêmes. Ce qui n'empêche pas son auteur d'offrir au bout du compte un délicat compromis entre critique et optimisme, ne serait-ce que par amour pour ses personnages, féminins et masculins, qui le méritent tant.
Par Julien Léonard - le 10 juillet 2014 (Bravo ! c'est ce que j'appelle une vraie critique)