DVD Classik
Or, Mankiewicz fait le choix de l'équilibre, il redonne à ses personnages du souffle et une indépendance psychologique, tout en témoignant d'une très belle compréhension des enjeux à la fois personnels et maritaux. Il libère les personnages de leurs chaines conjugales pour mieux leur redonner foi en une édification par le couple. Celui-ci n'emprisonne pas, n'entrave pas et ne nie pas.
Il doit être le propulseur d'une vie, l'affirmation de sa propre personnalité par le biais de l'autre, la transcendance de son statut d'indépendance par l'interdépendance, la liberté morale par la confiance l'un en l'autre. Confiance qui doit par ailleurs également nécessairement passer par la confiance en soi. Une assurance à retrouver. L'amour pour l'autre et l'amour propre ne sont pas des antagonistes, ce sont au contraire les complices d'un crime, celui de l'indépendance dans une société qui souhaiterait pouvoir tout contrôler, absolument tout, jusqu'à nos idées les plus établies sur ce que doit soi-disant être une vie réussie.
Réussite sociale, encore et toujours, et qui oppresse les personnages féminins du récit. Le féminisme intervient en ces lieux de façon astucieuse, non pas pour atteindre un but social (une situation professionnelle, un salaire, un niveau de vie, un équilibre de façade en regard des hommes), mais de fait dans l'étreinte d'une liberté morale individuelle qui voit enfin le jour dans la dernière partie du film. Qu'importe le degré de la réussite d'un point de vue occidental traditionaliste, et mieux vaut rechercher son propre bonheur, donner une chance à ses aspirations, celles simples comme celles plus complexes.
Mankiewicz exalte le soi et rejette la conformité à un modèle, tout en responsabilisant les hommes vis-à-vis de ce statut hybride et difficile qu'affrontent leurs femmes. Si le mariage est célébré, institution effectivement traditionaliste, c'est pour mieux révéler ce qui en constitue la saveur et ses pôles de liberté. Les trois couples sont là pour en témoigner.