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Critique publiée par gallu le 13 septembre 2012 (modifiée le 14 septembre 2012)
On croit souvent que l’adoration de la jeunesse française pour la culture américaine date des années 50/60 : Johnny Hallyday, le Golf-Drouot, Salut les copains... Hors, dans les années 40, et notamment sous l’occupation, la jeunesse bourgeoise-bohême de Paris était déjà gangrénée par le « hip » que décrivait Norman Mailer dans Le Nègre blanc. Tout comme chez les jeunes hipsters américains, il existait en France des groupes de jeunes branchés qui vibraient aux sons de la musique noire américaine et improvisait des bœufs de jazz dans des caves (la génération Boris Vian). C’est dans cet univers que nous immerge Jacques Becker dans Rendez-vous en juillet, l'univers de ceux que l’on appelait les « zazous ».
Les zazous, c’est la première tribu de jeunes français à avoir intégré la contre-culture américaine, en portant des vêtements trop amples, en cultivant une gestuelle et un mode de vie bohême et clownesque, et se laissant pousser une tignasse précurseur des futures « bananes », et en swinguant acrobatiquement dans des caves. Une chronique de l’ère pré-beatnik, ça a l’air intéressant. Mais voilà : les jeunes que filme Becker n’ont rien de fondamentalement attachant. Ce sont pour la plupart des jouisseurs égocentrés : les filles minaudent, les garçons braillent. On se croirait dans un cour de récréation de lycée et le niveau des conversations juvéniles ne dépasse pas le niveau des productions AB.
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Critique publiée par Sergent Pepper le 11 mars 2014
La scène d’ouverture de Rendez-vous de juillet est une fausse piste intéressante : diner compassé dans la bourgeoisie parisienne, il semble reprendre l’esthétique du panoramique familial exploité dans Goupi Mains Rouges et le transposer dans une nouvelle classe sociale. Mais c’est le mouton noir qui intéresse ici : non pas un fils de retour, comme pour le film précédent, mais bien celui qui s’en ira, le plus loin possible.
Avoir 20 ans en 1949 : tel est le programme auquel nous invite ici Jacques Becker. La France bouillonne et sa jeunesse la propulse dans une nouvelle ère, fraichement influencée par les libérateurs américains : le jazz est partout, et rythme ces danses aussi frénétiques que les rêves qui les accompagne. On joue du théâtre, on prévoit des voyages, on s’initie à l’amour.
D’un mouvement continu, le film joue dans sa longue exposition sur sa construction chorale, notamment par le téléphone assurant la liaison entre les différents camarades, qui investissent ensuite un espace totalement conquis : le véhicule amphibie, probable récupération de l’armée américaine, symbolise cette fluidité insolente, sur la Seine comme dans les rues.
Certes, les désillusions jalonnent aussi le parcours, comme les répits accordés à l’improvisation musicale : c’est la fragilité d’un couple, la rencontre de deux continents (celui, intime, de l’amour ou du rêve d’expédition en Afrique, contre le plus vaste du monde du théâtre ou de l’Administration française) et les choix nécessaires.
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Mais la jeunesse ne s’embarrasse pas de tragique : c’est l’âge des possibles que donne à voir Becker, à travers tous ces escaliers qu’on gravit et ces compagnons qu’on galvanise ; l’envol final de la joyeuse troupe, même s’il laisse quelques larmes au sol, confirme cette valse habitée, des caves de St Germain aux cieux de l’aéroport.
Ça aurait pu être un film intéressant tout de même : le cinéma français a souvent su se moquer de divers stéréotypes nationaux : le paysan, l’épicier, la matrone, le coureur... Pourquoi pas le bobo ? Eh bien non : Becker porte sur ses personnages un regard mou et attendri. Il filme leur bêtise avec gout.